Ligue des champions - Le débat : Keylor Navas devient-il le grand gardien que le PSG cherchait tant ?
Navas est le verrou que Paris attendait, par Emilien Diaz
Seule satisfaction d’un Paris complètement étouffé mardi soir, Keylor Navas a sauvé les siens d’une bien triste bévue. Auteur de 10 arrêts – un record pour un gardien de but du PSG en C1 depuis 2003/2004 – le Costaricien a écœuré les attaquants madrilènes par son sens du timing et ses parades décisives. Sans lui, le score final aurait été bien différent, sans doute plus proche de la correction que du match nul miraculeux. Mais la dimension prise par Navas depuis son arrivée à Paris ne se résume pas à ce seul coup d’éclat. Avec seulement 5 buts encaissés en neuf matches de championnat, l’ancien portier madrilène est dans la continuité de ce qu’il faisait à Madrid, et répond pleinement aux espoirs placés en lui.
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Lassé de jouer les doublures d’un Thibaut Courtois qui ne tient aujourd’hui même plus la comparaison, le dernier rempart du PSG a choisi le bon club pour se relancer. Et pour cause. Voilà plus dix ans que le club de la capitale se cherche un gardien d’envergure capable de tenir la baraque sur la durée. Nombreux sont ceux à avoir postulé, ils sont autant à avoir échoué. Sirigu, Trapp, Areola… Aucun n’a réussi à devenir LE portier incontournable tant espéré, pas même le légendaire Gianluigi Buffon, bien vite rattrapé par son âge et son amour indéfectible pour l’Italie. Avec Keylor Navas, Paris tient peut-être l’un des gardiens les plus sous-cotés de ces cinq dernières années, en témoignent les maigres 15 millions d’euros déboursés pour son transfert. Véritable icone au Costa Rica et à Madrid – où il a encore été ovationné mardi soir – le portier de 32 ans n’est pas un choix par défaut. Il a été recruté pour apporter quelque chose en plus à Paris : une aura, une rigueur, une bonne étoile, qui sait ?
En plus de s’être montré décisif à plusieurs reprises, Navas a su s’adapter, et s’imposer très vite au sein du vestiaire parisien. Thiago Silva et Presnel Kimpebe ont une confiance aveugle en lui, quitte à parfois trop se reposer sur ses qualités. Il faut dire que l’ancien merengue sait rassurer grâce à une panoplie des plus complètes : au sol, dans les airs, de loin, à bout-portant, etc, Keylor Navas peut tout renvoyer. Il l’a bien démontré à Madrid, mitraillé toute la rencontre par les frappes des artilleurs Kroos, Casemiro et autres Benzema. « On a un gardien extraordinaire » a d’ailleurs reconnu Thomas Tuchel. Si un seul joueur ne peut faire gagner la C1 à lui seul, un grand gardien peut y contribuer, l’entraîneur allemand le sait. Et au vu de ses premiers mois à Paris, Navas est bien parti pour devenir essentiel, sinon indispensable à ce projet. Il a grandement contribué aux trois titres européens du Real, pourquoi ne pourrait-il pas refaire le coup dans sa nouvelle capitale ?
Navas est précieux mais Bernabeu ne change rien, par Loris Belin
Tout d’abord, ne nous trompons pas de débat. Celui qui avancerait que le Costaricien n’est pas un grand gardien est au mieux sévère, au pire aveugle. Keylor Navas fait partie de cette caste rare des joueurs qui peuvent tout changer dans un club sans attirer les louanges. Mais aussi fort soit-il, son match exceptionnel à Madrid ne change absolument rien à cette question du dernier rempart idoine pour le PSG.
Elle s’est déjà posée des dizaines de fois et à plus d’une reprise, on a cru le club de la capitale enfin tiré d’affaires dans son but. L’arrivée de Gianluigi Buffon et ses premières semaines laissaient penser de manière unanime que l’Italien était l’homme idéal au moment opportun. Son expérience, sa présence dans le vestiaire… Toutes les conditions étaient réunies. On l’oublie aussi rapidement mais Alphonse Aréola a lui aussi semblé un temps être la solution après plusieurs mois de très bon niveau entre la fin de la saison 2017-2018 et le début de la suivante. Cette période faste avait été notamment ponctuée d’un très bon match avec le maillot bleu en Allemagne, où il fut le meilleur joueur de l’équipe de France. Mais les meilleures dispositions et les signaux positifs n’ont de valeur qu’à travers le prisme des matches couperets.
Le Paris Saint-Germain n’a pour seul et réel objectif que d’aller au bout en Ligue des champions. Sortir dix arrêts, même sur la pelouse du Real Madrid et pour permettre aux siens d’accrocher un point ne sera plus qu’un lointain souvenir si le PSG s’écroule une fois de plus avant les demi-finales. L’exemple Buffon, dont la principale image de son passage parisien restera sa bévue contre Manchester United en C1, est la meilleure des piqûres de rappel. Keylor Navas n’aurait pas le droit à plus de clémence s’il devait subir une pareille mésaventure. L’ancien du Real est un excellent portier, un des plus mésestimés du Vieux Continent depuis déjà plusieurs années. Mais sa performance remarquable de mardi n’est qu’une joie de l’instant quand Paris veut marquer l’histoire. Seuls le temps et les performances dans les grands rendez-vous confirmeront s’il est bien celui qui manquait au PSG. Tout le reste n’est que fioriture et paillettes aux yeux.
Jérôme Alonzo : "Si Navas n’encourage pas à l’optimisme, qu’est-ce qui pourrait le faire ?"
Navas, comme les autres, comme le PSG tout entier, sera jugé au printemps comme chaque année. Que ce soit Navas, Mbappé, Neymar, Tuchel, Leonardo… Tout le monde sera jugé en huitièmes ou en quarts de toute façon. Mais si on a ces débats, c’est pour une raison. Je vois un gardien qui rassure sa défense, qui est décisif, qui a une super attitude. Et c’est un gardien qui a gagné trois fois la Ligue des champions. Si tout ça ne m’encourage pas à l’optimisme, qu’est-ce qui pourrait le faire ?
Ce n’est pas seulement son match à Madrid mardi. On oublie déjà que sans lui, tu ne gagnes jamais contre Bruges au Parc ! Si on fait l’écart comptable, contre Bruges tu peux perdre mais la logique veut que tu ne prennes qu’un point. A Madrid, si on reste sur la logique, tu en prends zéro. Pendant ce temps-là, Madrid doit en prendre six ! L’écart serait de cinq points. Cela veut dire que Navas t’offre la première place du groupe, tout simplement. Sur trois semaines, c’est lui qui fait la différence.
A Madrid, Navas était sous-coté parce que Ronaldo et Zidane prenaient toute la lumière, même quand il faisait des bons matches tout le temps. Peut-être que le PSG peut l’aider à retrouver de la crédibilité dans le monde du football et qu’enfin on va le juger à sa juste place, dans le Top 5 mondial.
Après des années de galère où l’après-Sirigu a été géré de manière catastrophique, on peut être poussé à l’optimisme pour Paris. Navas a déjà fait des bons matches en championnat, et il prend ses premiers buts en Ligue des champions hier soir. Combien de clean sheets va-t-il faire en Ligue des champions ? Quatre, voire cinq s’il ne prend pas de buts contre Galatasaray (lors de la dernière journée). Sur ce que l’on a vu, on peut se dire que le PSG a un de ses chaînons manquants.
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