Ligue des champions : le PSG réalise-t-il sa plus mauvaise phase de groupes depuis l'arrivée de QSI en 2011 ?
Déjà fixé sur son sort avant d'accueillir Bruges à titre anecdotique mardi soir, le Paris Saint-Germain peut déjà faire le bilan de sa phase de groupes de cette campagne de Ligue des champions.
En arrivant à la présidence du club en 2011, Nasser Al Khelaïfi donnait cinq ans au PSG pour "faire partie du top niveau européen et pour gagner la Ligue des champions". L'échéance a été dépassée et chaque saison la même question revient. Paris est-il enfin taillé pour soulever la coupe aux grandes oreilles ? L'attente est encore plus grande depuis que le club de la capitale a brisé le maudit plafond des quarts de finale en atteignant la finale en 2020, d'autant qu'il est le seul à avoir pris place dans le dernier carré des deux dernières éditions.
Avec l'arrivée de Lionel Messi, sacré meilleur joueur du monde pour la 7e fois cette année par le jury du Ballon d'or, la devise du club "Rêvons plus grand" semblait prendre tout son sens au début de la saison 2021/22. Mais le Paris Saint-Germain a plutôt déçu dans son début de campagne européenne dans ses prestations sur le pré.
Il a été bousculé à Bruges (1-1), bénéficié d'une efficacité maximale contre Manchester City (2-0) et sa victoire a été miraculeuse contre Leipzig (3-2). Les deux dernières sorties (le nul 2-2 à Leipzig et la défaite 1-2 à Manchester) ont donné l'impression d'un juste retour des choses. L'inquiétude est-elle justifiée autour du club de la capitale ? Les chiffres ont plutôt tendance à dire que oui.
L'exil de la maîtrise
Mais où est passée cette équipe ultra-dominatrice en phase de groupes, du genre à coller des roustes au Celtic, à Anderlecht, Malmö et consorts ? Paris a beau ne pas avoir subi de défaite contre plus petit que soi et avoir validé sa qualification en avance, il n'empêche qu'il n'a jamais endossé le costume d'un cador européen. Le club de la capitale n'a même tout simplement pas réussi à dominer le moindre de ses cinq premiers rendez-vous en C1.
C'est même tout le contraire, il s'est fait peur en subissant à chaque fois plus de tirs qu'il n'en a tenté contre son adversaire. Pire encore, il en subit en moyenne deux fois plus (8.2 tentés par match contre 17 subis). Paris ne maîtrise plus et éprouve également une grande difficulté à conserver les commandes d'un match. En 2021/22, 7 points ont été lâchés après avoir mené au score, seuls l'Atalanta (9) et Leipzig (8) ont fait pire parmi les 32 équipes qui ont débuté cette campagne de C1.
Il faut dire que le contexte n'est pas favorable à la solidification des repères. Les indisponibilités fréquentes de cadres, et plus encore de dépositaires du jeu comme Marco Verratti et Neymar, n'aident pas Mauricio Pochettino à créer une recette pérenne. Le technicien argentin n'a d'ailleurs jamais aligné deux onzes identiques en 57 matchs, procédant à 4,8 changements entre deux compositions d'équipe en moyenne depuis son arrivée (soit un chamboulement de 44% de son onze entre chaque match).
Efficacité maximale
L'année 2021 est celle d'un grand renversement pour le Paris Saint-Germain, d'un virage à 180 degrés. Catalogué comme une équipe intraitable face aux faibles mais incapable de battre les gros, encore plus en phase à élimination directe, le club parisien est devenu sous la houlette de Pochettino l'exact opposé de ce qu'il était. Au placard la malchance et la maîtrise des petits matchs, bienvenue à la réussite et aux scalps prestigieux.
Après l'élimination du Bayern Munich et du FC Barcelone lors de la campagne précédente, Paris s'est offert Manchester City à domicile fin septembre (2-0), sa plus belle victoire de la saison, mais obtenue contre le cours du jeu. Idrissa Gueye et Lionel Messi ont marqué 2 buts pour 6 tirs parisiens au total quand les Citizens sont restés muets malgré 18 tentatives. Loin d'être un cas isolé.
Ultra-réaliste, le PSG est tout simplement le club qui affiche le plus haut pourcentage de tirs convertis en but en Ligue des champions cette saison (22%). Et cela ne se traduit pas que sur le plan offensif. Paris est aussi l'équipe affichant la plus haute réussite défensive. D'après les Expected Goals (une statistique qui prédit le nombre de buts normalement encaissés ou marqués d'après la qualité des tirs), le club de la capitale aurait dû encaisser 3,8 buts de plus (10,8 xG subis, 7 buts encaissés), soit le différentiel le plus favorable des 32 équipes en C1 2021/22.
Des performances en deçà des saisons précédentes
Pour mieux se rendre compte de la dynamique parisienne, une comparaison avec les campagnes précédentes offre un autre révélateur. Dans quasiment toutes les catégories statistiques générales, le PSG 2021/22 apparaît en dessous de sa moyenne en C1 depuis l'arrivée des investisseurs qatariens en 2011. Comme le montrent ces radars ci-dessous (que vous pouvez combiner), il marque moins, tire moins, garde moins le ballon, garde moins souvent sa cage inviolée et récolte moins de points qu'à l'accoutumée.
Chaque catégorie statistique du radar ci-dessus est indexée sur une valeur de 1 à 100 dont le maximum représente la performance maximale atteinte par une équipe. Par exemple, les 16 points récoltés par Paris en 2017/18, qui sont sa meilleure performance sous QSI, représentent 89% du score maximal atteint (18 par le Bayern en 2019/20 et le Real en 2014/15), d'où le 89 dans le graphique bleu.
Les chiffres de l'édition 2021/22 ne sont évidemment pas définitifs car seulement 5 des 6 matchs de la phase de groupes ont été disputés. Tous les chiffres du radar vert ont été ajusté avec un coefficient de proportionnalité. Ils devraient connaître de légères variations mardi soir, mais même s'il gagne contre Bruges, le club de la capitale ne pourra, au mieux, qu'égaler son plus faible total sous QSI en phase de groupes (11 points en 2018/19).
D'après Mauricio Pochettino, il n'y a pas le feu au lac. En conférence de presse lundi, le technicien argentin s'est dit "tranquille", malgré la "tempête" de rumeurs qui souffle sur son club et les éternelles questions sur son projet de jeu : "Je me sens bien parce qu'on connaît le processus dans lequel on est embarqués. Je sens le soutien de mes joueurs. Est-ce que nous pouvons jouer mieux ? Oui. Est-ce que nous pouvons améliorer certains aspects ? Oui. Nous sommes dans les temps, nous gagnons, nous sommes premiers en L1 avec 11 points d'avance, deuxièmes en C1 mais qualifiés dans un groupe très difficile, contre une équipe comme Manchester City qui travaille depuis cinq ou six ans."
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