Ligue des champions / Ligue Europa : quels sont les risques sanitaires pour la reprise ?
Cinq mois et demi d'arrêt forcé. Une éternité pour les amateurs de ballon rond avides de grands frissons et de coupes d'Europe. Cette semaine, l'attente se termine enfin avec le retour de la Ligue des champions et de la Ligue Europa dans un contexte épidémique connu de tous.
Huis-clos total, regroupement dans des "bulles" fermées pour les Final 8 au Portugal et en Allemagne... L'UEFA a pris des dispositions afin de limiter au maximum la circulation du virus. Reste à voir si celles-ci seront suffisantes pour faire face aux défis logistiques d'une reprise des compétitions.
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• Oui, le risque sanitaire existe bel et bien
Pour le professeur Imad Kansau, infectiologue à l'hôpital Antoine Béclère de Clamart, "personne n'est à l'abri, pas même les pays qui avaient promu les tests en masse comme l'Allemagne".
Selon lui, le risque sanitaire existe "dès lors qu'il y a un regroupement de personnes lors des entraînements, dans les vestiaires etc. C'est comme si l'on vivait ensemble". Une manière de rappeler que non, le risque zéro n'existe pas pour les joueurs et les staffs des clubs encore engagés dans ces compétitions. Même si des éléments objectifs peuvent jouer le rôle de barrière.
• Le protocole sanitaire mis en place par l'UEFA peut suffire... à condition d'investir en tests PCR
Si les 8es de finale retour - qui se dérouleront bien sur les pelouses des équipes désignées comme étant à domicile - vont lancer cette semaine de reprise des coupes d'Europe, l'UEFA a imaginé tout un tas de mesures dans son protocole sanitaire de retour au jeu pour ses "Final 8" au Portugal (du 12 au 23 août pour la Ligue des champions) et en Allemagne (10 au 21 août pour la Ligue Europa). Moins de 400 personnes présentes dans les stades, des équipes qui devront arriver dans des vols privés, être testées puis cantonnées dans des hôtels privatisés et dans leurs camps d'entraînement, avec presque aucun contact extérieur...
"Pour que la bulle que veut créer l'UEFA soit efficace, il faut qu'on soit sûrs que les personnes ne sont pas infectées", précise d'emblée Imad Kansau. L'infectiologue préconise à l'instance du foot européen "d'investir en masse, et elle peut le faire, en tests PCR". Ces tests sont les seuls permettant de détecter la présence du virus SARS-CoV-2 dans l'organisme d'un individu à un instant T et donc de confirmer un diagnostic de Covid-19. En parallèle, "une vraie enquête épidémiologique doit être menée" par les clubs afin qu'ils sachent quelles personnes ont pu avoir des contacts avec d'autres personnes touchées. La propreté des compétitions - en même temps que la bonne réputation de l'UEFA - est à ce prix.
Les récents cas positifs de Mariano Diaz (Real Madrid) et d'un joueur du FC Séville la semaine dernière ont toutefois déjà bien ébranlé cette reprise, au point de faire la Une du quotidien espagnol Marca avec un titre évocateur : "Le football en état d'alerte maximal".
• Le huis-clos, "seul moyen de protéger au mieux la population"
Comme précisé plus haut, aucun spectateur ne sera admis pour la suite et la fin des deux coupes d'Europe. "Je pense que le huis-clos était le seul moyen de faire courir le moins de risques possibles et de protéger la population", détaille Imad Kansau. "Cela évite tout un tas de questions sur la distanciation sociale entre les sièges, dans les files d'attente etc. Quand on assure l'isolement, l'utilisation de lieux particuliers, des tests systématiques et que l'on fait attention au moindre symptôme, c'est jouable."
• Quelle situation au Portugal et en Allemagne ?
Pays-hôtes des "Final 8" de Ligue des champions et de Ligue Europa, le Portugal et l'Allemagne voient le nombre de cas positifs au Covid-19 repartir légèrement à la hausse ces derniers jours. "Il faut tout de même reconnaître que ce sont deux pays, à un moment particulier de l'épidémie, qui ont assez bien réagi", tempère l'infectiologue. "Le Portugal a mis l'accent sur l'isolement, le port du masque et les amendes alors que pour l'Allemagne, on a fait très vite des tests massifs, en isolant si besoin. C'étaient deux politiques différentes mais qui ont fonctionné."
Au moment où les deux nations s'apprêtent à accueillir le gratin du foot européen, il faut tout de même mettre en avant une différence notoire : quand les clubs engagés en C1 se retrouveront tous à Lisbonne, ceux en lice en C3 devront jongler entre quatre villes (Duisbourg, Düsseldorf, Gelsenkirchen et Cologne). De quoi, déjà, constituer un véritable casse-tête pour les organisateurs et membres des staffs...
Début juillet, près de 700 000 habitants de la région de Lisbonne ont été reconfinés après une résurgence du nombre de cas positifs. Quelques jours plus tard, le gouvernement portugais a prolongé les restrictions jusqu'à la fin du mois. C'est donc dans une capitale tout juste déconfinée que les équipes s'apprêtent à poser les pieds. Côté allemand, l'inquiétude est un peu différente. Le rassemblement de milliers de manifestants anti-masques à Berlin le week-end dernier a réveillé les tensions. Et nul doute que l'UEFA aurait espéré recevoir un message plus positif.
• Catalogne, Grande-Bretagne : vent de panique sur les 8es de finale retour ?
C'est le dernier point, peut-être le plus paradoxal, à souligner. Car avant de rejoindre le Portugal ou l'Allemagne, plusieurs équipes doivent valider leur qualification lors des 8es de finale retour. Ce vendredi par exemple, le Real Madrid ira défier Manchester City en Grande-Bretagne. Un pays où des conditions imposent la mise en quatorzaine de toute personne venant d'Espagne.
Autre incongruité pour le match entre le Barça et Naples, qui aura bien lieu en Catalogne alors même que la région est sous très haute tension. De quoi énerver le président napolitain Aurelio De Laurentiis : "si l'UEFA décidé que la Ligue des champions est au Portugal et la Ligue Europa en Allemagne, je pense que nous pouvons aller au Portugal ou en Allemagne pour les huitièmes de finale, je ne comprends pas pourquoi nous devrions rester dans une ville qui présente de gros problèmes". Et il est loin d'être le seul.
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