Ligue des champions : Lucas Chevalier, "l'enfant" du Losc aux portes de l'équipe de France
Quand il foulera de nouveau la pelouse du stade du Hainaut, il ne sera pas dépaysé. Le Losc se délocalise à Valenciennes – le stade Pierre Mauroy étant indisponible à cause des JO – pour affronter le Slavia Prague en barrages de Ligue des champions, mardi 20 août (21 heures). Le portier lillois, Lucas Chevalier, s'apprête, lui, à retrouver un lieu qu'il connaît bien. C'est à Valenciennes que le gardien de 22 ans a éclos, il y a trois ans, alors qu'il était prêté par les Dogues.
A l'époque, le jeune gardien, à Lille depuis ses 12 ans, fait ses classes dans l'ombre de Mike Maignan, le gardien titulaire de l'équipe première, avec qui il noue une relation particulière. En manque de temps de jeu, le natif de Calais décide d'un commun accord avec son club de rejoindre le voisin valenciennois pour une saison. "Là-bas, il y avait tout pour montrer ce que je valais en Ligue 2 et ensuite pour postuler à ce qu'il y avait au-dessus", se remémore le gardien lors d'une interview donnée à la chaîne YouTube Today it's football.
"L'enfant du coin" devenu numéro un
Les débuts sont pourtant compliqués. Une semaine avant la reprise du championnat de Ligue 2, Lucas Chevalier se blesse au ménisque. Face à son indisponibilité, les dirigeants valenciennois engagent un autre gardien, Saturnin Allagbé. Peu convaincant, l'international béninois voit son jeune compère lui passer devant dès la 7e journée. "Au début, c'était un peu bizarre, je ressentais que le club comptait sur moi tout de suite, alors que je n'avais jamais encore joué à ce niveau (...) J'avais de bonnes sensations, un bon pourcentage d'arrêts, et il y avait une sorte d'engouement autour de moi", confiait-il à SoFoot, en janvier 2022.
Au terme d'une saison convaincante (30 matchs, 35 buts encaissés, 9 clean-sheet), le natif du Pas-de-Calais est nommé révélation des gardiens de Ligue 2 par les entraîneurs des gardiens du football professionnel français. Il est par la même occasion élu joueur du club de Valenciennes par les supporters. "Il n'a pas commis d'erreurs", se souvient pour L'Equipe, Jérémie Janot, entraîneur des gardiens au VAFC à l'époque, quand il y avait des matchs clés, il a toujours été déterminant. C'était le signe qu'il avait un vrai potentiel. A la fin du prêt en Ligue 2, on savait qu'il avait le niveau Ligue 1".
Après un an en rouge et blanc, Lucas Chevalier retourne à Lille, en tant que numéro 2. Dans une équipe entraînée par le Portugais Paulo Fonseca, la place de titulaire est réservée au Brésilien Léo Jardim, apprécié par les cadres lusophones du vestiaire. "Je ne suis pas sûr que Fonseca croyait fort en lui", se rappelle dans L'Equipe, Olivier Guégan, l'ancien entraîneur de VA.
Alors que les supporters poussent pour voir "l'enfant du coin", comme ils le surnomment, sur le terrain, c'est finalement en septembre que Lucas Chevalier est titularisé pour la première fois, lors d'un déplacement à Marseille. Un statut qu'il ne quittera plus dans une Ligue 1 qui a appris à le connaître. L'association des entraîneurs professionnels des gardiens (AEGB) l'a même élu, le 21 mai, meilleur gardien du championnat. La récompense d'une saison qui l'a vu arrêter deux pénalties au cours du même match, face à Metz.
Très à l'aise sur sa ligne, le Nordiste a également fait évoluer son jeu au pied. Lors de la saison 2022-2023, aucun portier n'a tenté plus de relances au pied que lui. "Il prend beaucoup de place et c'est aussi un acteur du jeu, saluait sur Canal+ Mickaël Landreau, lui-même passé par le Losc. Il ne reste pas que dans ses buts. Il a une belle qualité de jeu au pied." Le Lillois s'est pris au jeu, comme il l'explique dans SoFoot : "Je trouve des solutions dans des zones à risques et je peux vous assurer que c'est assez satisfaisant de trouver une passe dangereuse, qui passe et casse une ou deux lignes."
Ses prestations ne laissent pas indifférent. Déjà membre de l'équipe de France espoirs, il aurait pu être le capitaine de la sélection de Thierry Henry, médaillée d'argent aux Jeux olympiques. "Il a quelque chose de très rare avec les gardiens, cette sérénité (...). C'est vraiment rassurant", saluait son sélectionneur en mars. Mais, tout juste revenu d'une blessure au ménisque et engagé dans les tours préliminaires de la Ligue des champions, il a finalement été retenu par son club.
Désormais, le costume d'espoir semble trop petit pour le portier lillois qui postule, du haut de ses 22 ans, à une place en équipe de France. "Je pense qu'aujourd'hui, Lucas doit ambitionner l'équipe de France. Il est régulier au plus haut niveau depuis plusieurs saisons, dans une équipe où tu es très peu sollicité, c'est très difficile. Il a une grande maturité et le potentiel", exprimait le coach des Dogues, Bruno Genesio, en conférence de presse avant le match contre le Slavia Prague.
Meilleur joueur lillois au tour précédent face à Fenerbahçe, Lucas Chevalier sera une fois de plus une pièce maîtresse face aux Tchèques. "Les rendez-vous importants me réussissent plutôt bien, j'arrive à apporter ma pierre à l'édifice. Je suis dans une équipe qui domine et je sais que je n'aurai pas beaucoup de ballons, il faudra être bien concentré", a confié en conférence de presse le jeune Lillois. Si, pour l'occasion, les émotions seront sous contrôle, l'ancien pensionnaire du VAFC le reconnaît : "S'il y a une qualification ce serait assez symbolique d'avoir fait cela dans ce stade-là."
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