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Ligue des champions : Manchester City - Lyon, les clés du match

Après son exploit en huitièmes de finale contre la Juventus Turin, l'Olympique Lyonnais retrouve Manchester City en quart de finale de la Ligue des champions ce samedi (21 heures) à Lisbonne. Le défi s'annonce tout aussi relevé - si ce n'est plus - pour les joueurs de Rudi Garcia face à un mastodonte du football européen qui ne rêve que d'une chose : accrocher la C1 à son tableau de chasse. Pour autant, l'OL aussi a des arguments à faire valoir. Décryptage des clés du match.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 10min
 

Le retentissant exploit de Turin la semaine passée est oublié. À peine le temps de savourer la qualification pour le Final 8 de la Ligue des champions que c'est déjà l'heure de la prochaine étape pour les Lyonnais, à savoir un quart de finale de C1 face à Manchester City.

Ce samedi sur la pelouse de l'Estádio José Alvalade de Lisbonne, de nouveau à huis clos, les hommes de Rudi Garcia se frottent à une autre montagne. Anglaise, cette fois. Tombeurs du Real Madrid en 8es, les Cityzens ont très clairement affiché leurs ambitions, à savoir aller enfin au bout en C1. Et cette année peut-être plus que les précédentes, force est de reconnaître qu'ils sont de très solides prétendants. Alors quelles sont les chances lyonnaises dans cet affrontement à élimination directe ? Nous avons listé plusieurs éléments de réponse à quelques heures du coup d'envoi.

• Confrontation de styles à Lisbonne

C'est ce qui saute aux yeux à la lecture de l'affiche : ce duel City - Lyon est avant tout l'affrontement de deux styles et deux tactiques bien distinctes.

Les vice-champions d'Angleterre sont coutumiers des longues phases de possession de balle. La patte Pep Guardiola, indiscutablement. Étirer au maximum le jeu sur la largeur du terrain, faire sortir le bloc adverse pour mieux le prendre à revers avec les flèches comme Raheem Sterling ou Gabriel Jesus devant, utiliser la vision du jeu d'un Kevin De Bruyne pour trouver l'espace... La recette est connue mais fait toujours des dégâts. Sur cette campagne de Ligue des champions, City est la 3e équipe derrière Liverpool et le Bayern à garder le plus le ballon (en moyenne 58,6% de possession). Preuve supplémentaire de cette domination technique, elle est même la première en termes de pourcentage de passes réussies (89,5%). Si certains pourront arguer que la statistique prend aussi en compte les transmissions vers l'arrière, les Cityzens mettent à profit, la plupart du temps, ces phases de jeu pour créer du danger à l'image de leurs 16 tirs de moyenne par rencontre.

Côté lyonnais, on privilégie les attaques placées et les contres bien sentis. Vingt-deuxième équipe (sur les 32 participantes à la phase de groupes de C1, ndlr) niveau possession, l'OL sait faire le dos rond. Et mordre quand il faut pour faire mal. La touche banale bien exploitée par Lucas Tousart lors du 8e de finale aller contre la Juve (1-0) illustre également une autre force : les Rhodaniens savent être pragmatiques. Même si, très souvent, ils s'en remettent à leur capitaine Memphis Depay (six buts en C1) pour faire la différence. La défense à trois ou cinq (voir plus bas) permet aussi aux latéraux d'apporter le surnombre dans les couloirs. 

• Lyon invaincu face à City

Souviens-toi il y a deux ans... Principal motif d'espoir chez les supporters de l'OL, la double confrontation entre City et Lyon en phase de poules de la Ligue des champions 2018 refait surface avant ce quart de finale. Bruno Génésio et ses joueurs étaient parvenus à s'imposer sur la pelouse des Anglais (2-1) avec un Maxwel Cornet des grands soirs avant de résister aux assauts adverses au Groupama Stadium (2-2) deux mois plus tard pour les deux seuls affrontements entre les deux clubs en coupe d'Europe.

Pour notre journaliste Fabien Lévêque, cet accroc des hommes de Pep Guardiola est paradoxalement presque une inquiétude pour Lyon aujourd'hui. "Au-delà de la qualité de jeu que City affiche, ils ont forcément en mémoire ces deux affrontements en 2018 où ils avaient été incapables de battre l'OL. Je pense que Guardiola a beaucoup cogité pour savoir comment contourner ce bloc lyonnais. Ça va être une grosse bataille tactique."

• Les Skyblues sans Agüero, ça change quoi ?

Il sera le principal absent du côté des Skyblues. Sur le carreau depuis fin juin en raison d'une opération au genou, Sergio Agüero ne fait pas partie des 27 joueurs convoqués par Guardiola pour le "Final 8" à Lisbonne. Du moins pour le moment, le technicien espagnol espérant que l'Argentin puisse rejoindre le groupe pour la suite de la compétition.

Un City sans le "Kun", meilleur buteur de l'histoire du club (254 réalisations), cela fait de facto forcément les affaires de l'OL. Mais pour ceux qui y verraient une perte rédhibitoire, la prudence s'impose. Car offensivement, les Cityzens sont très loin d'avoir une seule carte à jouer. Depuis le début de la C1, Gabriel Jesus et Raheem Sterling, avec six buts chacun, ont marqué 60% des buts de leur équipe. Ce dernier sera d'ailleurs peut-être la menace numéro un. Auteur de son 100e but toutes compétitions confondues avec City contre le Real en 8e de finale retour (2-1), l'Anglais réalise sa meilleure saison (51 matches, 31 buts, neuf passes décisives TCC). De quoi évacuer tout de suite une "Agüero-dépendance". 

• L'OL a enfin trouvé sa défense

Sauf inaptitude de dernière minute et en dépit des doutes entourant Jason Denayer, Lyon devrait aligner ce samedi la même défense que celle qui a tenu tête à la Juve la semaine dernière. Avec les retours en forme de Marçal et Marcelo - pourtant logiquement pointés du doigt tout au long de la saison - Rudi Garcia a trouvé son système, un 3-5-2 compact mais solide qui se transforme en 5-3-2 en phase défensive grâce aux renforts de Dubois et Cornet dans les couloirs. L'Ivoirien pourrait toutefois être diminué après un choc à la cuisse contre la Juventus vendredi dernier et a été ménagé à l'entraînement cette semaine.

"J'ai de nouveau regardé le match aller entre l'OL et City en 2018 et Lyon jouait sur une défense à quatre, mais au retour on était déjà sur une défense à cinq, un schéma identique à celui utilisé aujourd'hui", se souvient Fabien Lévêque. "Rudi Garcia a bien vu que son équipe était solide contre Paris et la Juve. Ils ont su résister pendant une bonne demi-heure face aux Turinois en fin de match, donc c'est quand même un gage de sécurité. Mais pour moi, il y a quand même beaucoup plus de qualités dans les transmissions côté City, donc ils vont encore plus souffrir." 

• Caqueret - Aouar / De Bruyne - Gundögan, le choc du milieu

Ces quatre hommes auront entre les pieds une bonne partie des clés permettant de faire basculer la partie de leur côté. Car si on a parlé plus haut de confrontation de styles, les phases de transition attaque-défense, surtout pour Lyon, seront les plus importantes à négocier. 

À ce petit jeu-là, la clairvoyance d'un Kevin De Bruyne - bien épaulé par Ilkay Gundögan dans l'entrejeu - est un atout XXL. En huitième de finale retour face au Real Madrid, le Belge a été le chef d'orchestre de neuf situations de but, son plus haut total en Ligue des champions lors d'une seule et même rencontre. Suffisant pour situer le danger qu'il représente pour les Lyonnais. Même si ces derniers ont des arguments, à l'image de Maxence Caqueret et Houssem Aouar.

Selon Fabien Lévêque, "l'enjeu pour Lyon va être de ne pas rendre le ballon trop rapidement sinon cela va devenir invivable". "Les clés au milieu sont la capacité d'Aouar à bien conserver les ballons et de ressortir proprement vers l'avant, et pour Caqueret de maintenir son niveau de performance avec ce qu'il a affiché contre Paris et la Juve en termes de volume de jeu."

• Pour Lyon comme pour City, défaite interdite

Si les réalités sont différentes pour Manchester City et l'Olympique Lyonnais, une défaite ce samedi à Lisbonne serait lourde de conséquences. Car oui, les deux équipes ont gros à perdre.

Les Anglais savent parfaitement que la contre-performance serait immense en cas d'élimination. Favoris de ce quart de finale, ils ne pensent - à l'instar du PSG - qu'à soulever la Coupe aux grandes oreilles. "Ils sont les grandissimes favoris, c'est indéniable", estime Fabien Lévêque. "J'en avais discuté avec Arsène Wenger, pour lui les favoris qui se dégageaient pour une victoire finale en C1 étaient City, Paris et le Bayern. Moi aujourd'hui, je mets City et le Bayern au-dessus du lot. Paris, avec les pépins physiques, est toujours handicapé dans les moments où ça compte. On voit bien que l'OL est l'équipe la moins cotée de celles qui restent." Pour compléter le constat en cas de défaite, avec une seule (maigre) Coupe de la ligue anglaise au compteur sur l'exercice 2019-2020, Pep Guardiola connaîtrait l'une de ses plus mauvaises saisons depuis ses débuts sur un banc.

Si les Lyonnais veulent, eux, continuer à disputer des rencontres continentales, ils n'ont d'autre choix que de remporter la Ligue des champions. Une épée de Damoclès qui pèse lourd et que l'historique de 23 ans (depuis 1997) de qualifications en coupes d'Europe vient alourdir encore un peu plus. D'autant que la "mission impossible" de l'OL dans ce Final 8 de C1 n'en est qu'à sa première étape. En cas de nouvel exploit contre City, les hommes de Rudi Garcia devront se frotter au flamboyant Bayern, vainqueur 8-2 du Barça en quart de finale, avant d'entrevoir enfin la finale. Pour s'éviter une fin d'été tendue, peut-être une remise en cause de leur modèle économique et des départs éventuels de joueurs, les Rhodaniens devront franchir l'Everest.

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