Ligue des champions : modèle de stabilité, Manchester City en quête d’un triplé historique et de sa première C1
Tout le monde mérite une deuxième chance et Manchester City va tenter de saisir la sienne. Après avoir perdu la toute première finale de Ligue des champions de son histoire en 2021 contre Chelsea (0-1), le club mancunien affronte l’Inter Milan, samedi 10 juin, au stade olympique Atatürk d’Istanbul pour désigner le vainqueur de l’édition 2023 de la C1. De cette finale, les Cityzens sont les grands favoris et l’emporter viendrait consacrer un projet entamé il y a sept ans avec l’arrivée de Pep Guardiola à Manchester.
À City, l’ambition de remporter la Ligue des champions motive toutes les décisions depuis 2008, année où le club est passé sous la houlette du Abu Dhabi United Group, un fonds géré par le cheikh Mansour, membre de la famille royale aux Émirats arabes unis. Quatre ans avant l’arrivée des Qataris au Paris Saint-Germain, celle de ces premiers investisseurs venus du Golfe a chamboulé le paysage footballistique du continent à coup de millions d’euros.
Manchester City aurait pu disparaître de la scène européenne après avoir été condamné en 2020 à une amende de dix millions d'euros pour ne pas avoir collaboré avec l'UEFA dans le cadre du fair-play financier. Avant cela, le club anglais a mis davantage de temps que le PSG à s'imposer en C1, parce que les Cityzens ont notamment dû lutter en Premier League pour s'y qualifier. Après avoir atteint les demi-finales de la compétition en 2016, les dirigeants du club ont embauché Pep Guardiola l’été suivant. Qui d’autre que le meilleur entraîneur du marché pour aller conquérir l’Europe ?
Un modèle très différent de celui du PSG
Sa première saison est un échec : City ne remporte aucun titre, est éliminé par l’AS Monaco de Kylian Mbappé en huitième de finale de la C1 et termine 3e de Premier League. "Dans ma situation, dans un grand club, je suis viré. C’est certain", déclare à l’époque Guardiola, qui conserve finalement son poste d’entraîneur. Dans les années qui suivront, l’Espagnol ne cessera d’évoquer sa reconnaissance envers ses dirigeants, qui ont accepté de lui donner du temps.
La tendance dans les grands clubs européens est en effet de changer rapidement dès que la mécanique s’enraie. Le PSG, qui a récemment remercié Christophe Galtier après une seule saison en charge de l’équipe première, en est l’exemple le plus frappant. Mais à Manchester City, la méthode appliquée est différente parce que le processus de prise de décision l’est aussi.
Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, est un homme d’affaires et ancien sportif, qui incarne le modèle qatarien où "les dirigeants ont toujours eu une grande proximité avec le terrain sportif", explique Raphaël Le Magoariec, chercheur spécialiste des politiques sportives des États du Golfe. À Paris, les directeurs sportifs et techniciens successifs ont toujours été tributaires des décisions venues de Doha.
À Manchester City, le processus est différent. Le club est présidé par Khaldoon Al-Mubarak, également homme d’affaires mais qui n’a pas de passé de sportif. "Il est l’équivalent d’un Premier ministre au sein de l’émirat et possède un ensemble de portefeuilles", décrit Le Magoariec. En charge du fonds d’investissement Mubadala, Al-Mubarak est davantage un financier, qui "agit en coulisses et laisse la prérogative du sportif aux techniciens".
Le deuxième triplé de l'histoire du foot anglais ?
Depuis 2012, Ferran Soriano et Txiki Begiristain, respectivement directeur exécutif et directeur sportif de Manchester City, sont aux manettes du club anglais. Avec Guardiola, qu’ils ont tous les deux connu à Barcelone, ils sont parvenus à construire un projet sur le long terme, qui pourrait atteindre son apogée cette saison : le club a déjà remporté la Premier League et la FA Cup et pourrait réaliser le deuxième triplé de l’histoire du football anglais en remportant la C1, après Manchester United en 1999.
Ces dernières années, Manchester City a remporté cinq fois le championnat d’Angleterre sur les six dernières saisons. De quoi aussi renforcer la position de l’entraîneur espagnol, car la Premier League offre une "assise sportive forte au projet développé par Guardiola, alors que l’assise de base du côté du PSG est faible, parce que le club n’est jugé que sur ses résultats en Ligue des champions", explique Raphaël Le Magoariec.
Une assise qui a permis à Guardiola de survivre notamment à la saison 2019-2020, lorsque le club avait été éliminé à la surprise générale en C1 par l’Olympique lyonnais. City avait ensuite terminé 2e de Premier League et remporté la Coupe de la Ligue anglaise. "Je n’ai pas de mots pour décrire ma gratitude envers le club", assurait Guardiola en conférence de presse en décembre, tout en admettant vouloir remporter la Ligue des champions, qu'il n'a plus gagné depuis 2011 avec le FC Barcelone.
"Ma période ici ne sera pas complète si on ne la gagne pas", avançait l’Espagnol. "Ici, on m’a donné une seconde chance et je vais essayer d’y arriver", lançait l’entraîneur en mai 2017 après sa première saison ratée avec les Cityzens. Sept ans après son arrivée et deux ans après une première finale perdue contre Chelsea, le projet City est enfin en passe d’aboutir.
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