Ligue des champions : sous l'impulsion de Red Bull, Leipzig déploie ses ailes
Sur le plan sportif, Red Bull donne vraiment des ailes. En huit ans, Leipzig est passé des joutes du football amateur au dernier carré de la Ligue des champions. Fini les matches du dimanche matin donc, place aux matches du mardi soir. Un envol éclair rendu possible par un homme : Dietrich Mateschitz. A la tête du groupe Red Bull, qui a vendu 7,5 milliards de canettes en 2019 soit une augmentation de plus de 10% par rapport à l'année précédente, le milliardaire autrichien a racheté le SSV Markanstädt pour 350 000 euros en 2009. Cher payé pour un club amateur de banlieue. Reste désormais à le renommer, un vrai parcours du combattant outre-Rhin.
Spécialiste du naming et de la publicité à outrance, l'homme d'affaire et son groupe doivent jongler avec les lois allemandes qui empêchent une entreprise de donner son nom à un club. Le SSV devient le RasenBallsport Leipzig, littéralement "sport balle sur pelouse", pour conserver les initiales RB de la marque de boisson énergisante. Par une pirouette magistrale, Dietrich Mateschitz a réussi son coup. Le naming du Zentralstadion, stade de 44 000 places, en Red Bull Arena n'est qu'une formalité.
Un business-model qui choque l'Allemagne
Nouveau propriétaire, nouveau logo, nouvelles tenues aux couleurs de la marque, et nouveau mépris de l'Allemagne du football. En achetant et en propulsant Leipzig sur le devant de la scène, Dietrich Mateschitz doit désormais vivre avec les insultes qu'il reçoit des supporters adverses.
Attaché à ses traditions avec des clubs aux valeurs fortes, le foot allemand a du mal à avaler ce nouveau Red Bull, et on ne parle pas de boisson. Mais, quand des clubs historiques comme Nuremberg, Hambourg ou Kaiserslautern s'enfoncent dans les divisions inférieures, Leipzig représente une menace. Une menace qui suscite la haine, à l'image de cette tête de taureau jetée sur la pelouse par les supporters du Dynamo Dresde en 2016. Un "club en plastique" qui devient l’emblème du foot-business aux yeux de l'autre côté du Rhin.
Après trois ans dans l'élite du football allemand, Leipzig s’est installé parmi les cadors du championnat, avec un modèle clair où l'économique prime sur le sportif. Autrement dit, le but est de performer en s’appuyant sur des jeunes joueurs à fortes plus values, pour les vendre et remplir les caisses. Ainsi, on retrouve plusieurs jeunes français dans l’effectif actuel : Nkunku, Mukiele, Konaté ou Upamecano. Annoncé au Bayern Munich contre 60 millions d’euros, ce dernier, qui a impressionné face à l'Atlético, symbolise la politique du club. Grand frère du Red Bull Salzbourg, Leipzig se sert du club autrichien comme d’une véritable filiale, et en récupère les meilleurs éléments à sa guise.
Red Bull, plus fort que le Qatar ?
Pour sa première demi-finale de Ligue des champions, Leipzig va affronter un club qui lui ressemble. Si les sommes engagées sont forcément différentes, les deux clubs ont du mal à se défaire de cette étiquette de nouveaux riches. Et pour cause, très jeunes, les clubs sont parfois raillés parce qu'ils rattrapent leur retard sur les cadors européens à coup de millions.
Les deux clubs se ressemblent, du moins en apparence. Si le PSG n'a que 50 ans, il a tout de même connu de belles heures européennes. Cinq demi-finales de Coupe d'Europe consécutives, une victoire en C2 et plusieurs autres épopées marquantes, le nom du Paris Saint-Germain n'était pas inconnu pour quiconque suivait le football européen dans les années 90. Mais, l'arrivée du Qatar à Paris a permis de faire du club de la capitale une véritable marque. Une marque qui s’affiche avec Michael Jordan, invite Rihanna et Beyoncé, et drague les stars de la NBA, une marque pas si éloignée de Red Bull finalement. En dix ans, tous les deux ont donc connu une trajectoire plutôt similaire afin de parvenir à leurs fins : intégrer la table des grands clubs européens. Leipzig et Paris s'installeront à cette table mardi soir avec l'ambition de dévorer l'adversaire pour se hisser en finale.
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