Ligue des champions : attachement local, formation, recrutement ciblé... Le modèle Villarreal, invité surprise des demi-finales
Le sous-marin jaune affronte Liverpool, mercredi, en demi-finale aller de Ligue des champions.
"Ici, il y a 50 000 habitants, et eux, leurs stades font 70 000 places." Par ce constat, Etienne Capoue souligne à merveille le paradoxe Villarreal. Cité secondaire du sud-est de la péninsule ibérique, à 60 kilomètres au nord de Valence, Villarreal se retrouve en demi-finale de la Ligue des champions, mercredi 27 avril, aux côtés des mastodontes Liverpool, Manchester et Madrid. Des métropoles riches, aux clubs puissants, toutes au moins dix fois supérieures à Villarreal en matière de population.
Un succès construit grâce à un modèle bien différent de celui du "foot business". Quand les transferts majeurs de ses concurrents crèvent les plafonds, le plus gros achat de l'histoire du Villarreal, qui a été réalisé l'été dernier avec Arnaut Danjuma, s'élève à moins de 25 millions d'euros. Auteur de seize buts cette saison, l'international néerlandais est déjà estimé au double. La revente n'est, pourtant, pas dans l'ADN du club qui a su retenir ses meilleurs joueurs après le sacre en Ligue Europa l'an dernier.
Le local comme mode de vie
Une victoire continentale, arrachée après une interminable séance de tirs au but, symbole de premier titre majeur pour le sous-marin jaune depuis sa création en 1923. La récompense du travail d'une vingtaine d'années pour Fernando Roig, investisseur né à Valence qui a repris le club en 1998 alors qu'il évoluait en deuxième division. Ayant fait fortune dans la céramique, la principale activité industrielle de la province, il a renommé en 2017 le stade El Madrigal en La Ceramica, associant par la même occasion plusieurs entreprises du secteur.
Car la fibre locale est ce qui fait l'âme de ce club et, a fortiori, de son stade, dont la capacité (23 500 personnes) équivaut à quasiment la moitié de la population. Les prix des billets pour la demi-finale de Ligue des champions feraient rêver les supporters de tous les clubs présents à ce stade de la compétition. Les abonnés ont pu obtenir des places dès 25 euros (10 pour les moins de 25 ans) et seulement jusqu'à 70 euros en tribunes latérales (35 pour les jeunes).
Une culture inculquée aux joueurs par le coach actuel, Unaï Emery, attaché à ces valeurs. "Quand je suis arrivé, il m'a beaucoup parlé, pour comprendre son style de jeu et la culture de Villarreal", raconte Etienne Capoue, arrivé en janvier 2021, à l'AFP. Depuis, le Français a été conquis par la cité jaune. "J'ai envie de continuer l'aventure avec Villarreal", ajoute le milieu de terrain.
La formation, clé de voûte du projet
Un ancrage dans le territoire marqué également par la formation de jeunes talents de la ville et de la communauté valencienne. Pau Torres en est l'exemple parfait, lui le Xiquet del poble (enfant du peuple en valencien), né à Vila-real, formé au Villarreal Club de Fútbol et désormais titulaire. Une ascension, en partie, due à l'investissement du club dans deux centres d'entraînement pour accueillir les jeunes talents de la région dès l'âge de huit ans et les autres talents ibériques à l'adolescence.
Une recette qui fait ses preuves, en l'absence d'un gros budget pour recruter. Mario Gaspar, Alfonso Pedraza, Samuel Chukwueze et Yeremi Pino ont été formés au club ou sont passés par la réserve avant de rejoindre l'équipe pre mière. Rodri, international espagnol et joueur de Manchester City, est l'une des plus grosses réussites du club dans sa formation, avec Pau Torres, régulièrement appelé par Luis Enrique en sélection.
Un budget plus faible que cinq clubs français
Pour parfaire cette formation, le club renifle les bons coups sur le marché des transferts. Giovani Lo Celso en prêt, Dani Parejo et Francis Coquelin après les difficultés de Valence, ou encore Serge Aurier, libre, en sont la parfaite illustration.
Avec une enveloppe financière de 138 millions d'euros sur la saison 2021-2022, Villarreal est le cinquième budget espagnol. A titre de comparaison, c'est un peu moins que Lille, mais bien loin des standards de Lyon, Marseille et Monaco,aux résultats moins impressionnants sur la scène européenne ces derniers temps.
À Liverpool, le sous-marin jaune sera accompagné par 3 000 de ses fervents supporters qui ont fais la queue en nombre dans les rues de Vila-real pour refaire leur passeport et pouvoir accéder au sol britannique. "We all live in a yellow submarine", chantaient les Beatles. A Villarreal, personne ne semble vivre sous l'eau, mais tous vibrent pour son sous-marin jaune.
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