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Manchester United – PSG : Thomas Tuchel a plus à gagner qu'à perdre

Face à Manchester United ce mardi soir, Thomas Tuchel va vivre son premier gros défi à la tête du Paris Saint-Germain. Attendu au tournant par les investisseurs qataris, l'Allemand a comme ses prédécesseurs l'obligation du résultat. Mais le contexte lui est paradoxalement plus favorable que l'on pourrait le penser.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (ELYXANDRO CEGARRA / NURPHOTO)

Un style qui plaît déjà

Depuis sa prise de fonction en juin dernier, Thomas "Tourelle" (la bonne prononciation) laisse plutôt une bonne impression. Habile devant les médias, son humour et sa décontraction laisse transparaître un homme plutôt ouvert. Et cela se confirme dans son attitude avec ses joueurs, comme lorsqu'il prend sous son bras Mbappé ou Neymar à la fin des matches. Sa présence à l'anniversaire de la vedette brésilienne en atteste et son jeune âge (45 ans) pour un coach, le lui permet. Avec Tuchel, pas de crise d'ego, ou de caprice pour tirer les pénaltys… Jusqu'à présent donc, le tacticien gère parfaitement son équipe dans le vestiaire.

Sur le terrain, il y a toutefois une ou deux ombres au tableau à commencer par l'élimination surprise en quart de finale de la Coupe de la Ligue par Guingamp (1-2), début janvier. Lucide, il avait mis cette déconvenue sur le compte d'une "trop grande confiance" de son équipe. La défaite face à Lyon (2-1) début février, première de la saison en L1, a par ailleurs montré que son système n'était pas infaillible. Avant le rendez-vous mancunien, il y avait encore des détails à régler. Dont acte.

Solskjaer s'en méfie

Si selon lui "c'est nécessaire de perdre pour grandir", Tuchel a démontré au fil des mois sa capacité d'adaptation, et d'apprentissage, comme en atteste son français qui progresse de jour en jour. Et au final, les résultats sur le terrain le rappellent. Toujours engagé en Coupe de France (quart de finaliste face à Dijon le 26 février), le PSG est surtout intouchable en championnat. Avec dix points d'avance sur son dauphin lillois et deux matches en retard le club parisien est serein, très serein même.

Cinquième coach parisien de l'ère qatari (après Kombouaré, Ancelotti, Blanc et Emery), c'est bien en Ligue des champions qu'il est attendu. En finissant premier d'un groupe C peu évident, devant Liverpool, Naples et l'Etoile Rouge, le Paris version Tuchel a débuté de la plus belle des manières. Mais c'est maintenant, en huitième de finale face à Manchester United, que les choses sérieuses commencent.  "Tuchel est très bon tactiquement", a même prévenu le coach de MU, Ole Gunnar Solskjaer. "Il peut jouer en 3-4-3 ou opter pour un 4-4-2 ou un 4-3-3, donc on ne peut préparer aucune tactique spécifique", a-t-il reconnu.

Des choix judicieux

S'il risque justement de souffrir de la comparaison avec Solskjaer, un coach de sa génération qui a su relancer une équipe en perdition, le Bavarois a plus à gagner qu'à perdre dans ce défi. Respecté par ses joueurs, ses choix –variés- sont parfaitement appliqués, comme l'a démontré son plan de jeu inhabituel mis en place contre Liverpool au Parc (2-1). Sans véritable N.6, l'Allemand a su s'adapter en innovant comme il l'a souvent fait par le passé à Dortmund (de 2015 à 2017) ou Mayence (de 2009 à 2014). Que ce soit le nouveau rôle clé de Di Maria, la reconversion de Marquinhos en milieu, celle de Dani Alves en relayeur, le tacticien tente souvent et échoue rarement.

Cette capacité d'adaptation pourrait s'avérer extrêmement précieuse aujourd'hui. La blessure de Neymar était déjà un coup dur, mais celle de Cavani (voire de Meunier), arrive au pire moment. Et il n'est pas dit que Marco Verratti lui-même de retour de blessure soit à 100% de ses moyens. S'il n'y a que les résultats qui comptent, une défaite à Old Trafford, voire une élimination face à une telle institution ne seraient pas humiliantes. S'il a souvent tendance à critiquer (parfois à juste titre) l'arbitrage, cet ancien défenseur de métier aura cette fois un argument infaillible en cas d'échec.

Excusé d'avance

Sans ces joueurs clés, Paris et Tuchel partent d'emblée avec un sérieux handicap. "Il y a beaucoup de plans B. Sans Ney, peut-être sans Marco, peut-être sans Edi. Nous avons un plan D", a expliqué le coach, mettant habilement en avant la situation pour le moins compliquée et sa faculté d'adaptation. Et si l'on devait encore avoir un doute sur sa sérénité, comme c'était le cas pour son prédécesseur, l'entraîneur du PSG sait aussi rassurer. "On doit analyser Manchester, rester confiant et calme. Pour les matches comme celui-ci, tu as besoin de tes joueurs clé avec confiance, expérience, qualité, avec l'habitude de jouer ces grands matches avec de la pression", a-t-il avancé calmement.

"Mardi, on va être prêt", a affirmé Tuchel qui rappelle que "si deux ou trois joueurs clé ne sont pas là, c'est notre responsabilité de trouver des solutions." Favori de cette confrontation au moment du tirage au sort, d'autant que MU enchaînait les contre-performances, le PSG est devenu un outsider du fait de ces blessures. S'il réussit le pari de tenir tête aux Red Devils avec une équipe affaiblie, Tuchel aura justifié sa nomination à Paris. S'il obtient la qualification sans Neymar ni Cavani, il aura confirmé qu'il fait partie des grands entraîneurs actuels.

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