Monaco, défendre pour mieux régner
La meilleure défense, c'est… une bonne défense
Agacé par les critiques sur le jeu peu séduisant de son équipe, Layvin Kurzawa avait expliqué que l'essentiel était le résultat. "Si on pouvait gagner tous les week-ends 3-0 et prendre trois points à chaque fois, ça nous irait, avait déclaré le défenseur monégasque sur RMC. Parfois, il faut savoir ne pas faire de spectacle, gagner 1-0 ou ne pas perdre. Que ça plaise aux gens ou non, ce n'est pas notre problème. Nous, on est là pour jouer et pour gagner."
Faut-il rappeler que le titre mondial des Bleus de 1998 a été acquis grâce à une exceptionnelle défense (la meilleure du tournoi), que les plus grandes heures du football italien en club comme en sélection, sont indissociables du fameux catenaccio. Mais sur la planète football, deux philosophies s'affrontent de tout temps. Il est toujours plus plaisant d'assister à une rencontre où les attaques fusent de toutes parts, où les buteurs s'illustrent d'avantage que les défenseurs. Le football, c'est avant tout marquer, mais le but ultime, est évidemment de gagner un match. Force est de constater que sans une bonne muraille défensive, la victoire ne sera pas évidente. Un peu comme en politique, il y a les partisans du juste milieu, mais à trop vouloir jouer sur les deux tableaux (celui de la défense et de l'attaque), le collectif y perd de sa force.
Toulalan: "Pas toujours très joli à regarder"
Si les critiques se sont multipliées ces dernières semaines sur le style de jeu de Monaco, c'est tout simplement parce que ses résultats sont là. Symbole de cette réussite, l'invincibilité de Danijel Subasic, qui a vu ses cages préservées pendant 791 minutes. L'ASM reste aujourd'hui la meilleure défense du championnat, mais avec seulement 32 buts inscrits, elle est loin d'être la plus séduisante quant au spectacle proposé. Mais les joueurs eux-mêmes le reconnaissent. "Je suis le premier à dire qu'on n'est pas toujours très joli à regarder mais si on gagne, c'est qu'on n'est pas si mauvais que ça, estime Jérémy Toulalan. On a prouvé jusqu'à présent qu'on était assez solide pour jouer sur tous les tableaux. On l'a dit depuis le début, on essaie de jouer et de gagner tous nos matches."
Et pour gagner des matches, toutes les méthodes sont bonnes à prendre. Les méthodes changent souvent en fonction des modes, et des entraîneurs. Si aujourd'hui le sélectionneur italien Cesare Prandelli tente d'enterrer gentiment le si vénéré catenaccio, c'est peut-être parce qu'il a été inspiré par un football plus tourné vers l'avant, celui prôné par le Barça, et l'équipe d'Espagne, soit deux équipes qui ont soulevé la plupart des trophées ces dernières années. Ils sont nombreux comme Prandelli à préférer le jeu offensif. Laurent Blanc, pourtant défenseur de formation, prône depuis ses débuts d'entraîneur un jeu qui fait la part belle à la possession. Que ce soit à Bordeaux ou à Paris, il n'a jamais demandé à ses joueurs d'attendre l'adversaire, et c'est d'ailleurs ce qui a permis au PSG de réaliser le récent exploit contre Chelsea.
Entre beau jeu et art du contre
Le beau jeu, les Nantais en avaient fait longtemps une philosophie. Mais encore faut-il avoir les moyens de le mettre en avant, et aujourd'hui, le FCN ne peut s'offrir un attaquant de classe internationale. C'est peut-être aussi en fonction de ses moyens revus à la baisse que l'AS Monaco a construit sa nouvelle équipe. Radamel Falcao et James Rodriguez partis, il fallait bien recréer une identité à cette équipe. Berbatov reste un élément efficace à 34 ans, mais l'ASM doit penser à l'avenir. Et financièrement parlant, il est toujours plus facile de construire une équipe solide en défense, que solide en attaque…Lorsqu'il est arrivé sur le Rocher, Leonardo Jardim parlait pourtant de développer le secteur offensif. Mais dans les faits, ce domaine se trouve encore perfectible.
Arsenal et Arsène Wenger ne diront pas le contraire. Cette équipe de Monaco est peut-être ennuyeuse à regarder jouer, mais elle est redoutablement performante. Les Gunners, qui sont parfois comparés aux Blaugrana dans leur style de jeu, en ont fait l'amère expérience lors de leur huitième de finale aller de la Ligue des Champions. Battus 1-3 dans leur antre de l'Emirates Stadium, les Londoniens gardent en mémoire leurs nombreuses occasions ratées, mais aussi et surtout, l'efficacité des contres monégasques. Outre la frappe de loin de Kondogbia (38e), ce sont des contres d'école -conclu par Berbatov (53e) et Ferreira Carrasco (90e+4')- qui ont permis aux Monégasques de faire un grand pas vers la qualification.
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