Mourinho n’a pas changé, Porto non plus
En décembre 2004, quelques mois après son départ sur son triomphe en Ligue des champions, José Mourinho revenait à Porto pour la phase de poules. A l’époque le président du club portugais, Jorge Nuno Pinto da Costa ne s’était pas ému du retour de celui qui venait de s’autoproclamer le Special One. "Il n'y a aucun sentiment particulier au retour d'anciens entraîneurs ou joueurs", disait-il. "Le goût de la victoire contre Chelsea est le même, qu'ils aient un entraîneur chinois ou anglais, ou un manager d'un autre pays". Onze ans après, Mourinho a vieilli (52 ans), et ce n’est pas une mauvaise chose selon lui. "Je pense que j'ai un problème, je deviens meilleur dans tous les aspects qui touchent mon métier depuis que j'ai commencé", avouait-il en avril dernier dans une interview au quotidien anglais The Telegraph. "A 52 ans j'ai peut-être encore 20 ans de carrière devant moi comme entraîneur. Mais je me sens… vous pourriez dire comme un ‘vieux renard'. Rien ne me fait peur, rien ne m'inquiète beaucoup. Je ne me réveille pas au milieu de la nuit inquiet de la blessure de quelqu'un ou d'une tactique pour un match". Cette rencontre face à Porto n’est donc pour lui qu’un moyen de soigner les maux qui touchent son équipe en ce début de saison. Après le nul face à Newcastle (2-2) ce week-end, il a critiqué vertement ses joueurs."En première période, c'était très mauvais. Sur une échelle de 1 à 10, on était à -1. Il y a eu trop de mauvaises performances individuelles. Quand autant de joueurs jouent aussi mal, c'est impossible pour une équipe d'être une équipe."
Etape vers la gloire
A son arrivée à Porto en 2002, Mourinho a 39 ans. Avec une équipe façonnée par lui et déjà dévouée pour lui, il va remporter coup sur coup la Ligue Europa (2003) et la Ligue des champions (2004). Avec Deco, Ricardo Carvalho, Maniche ou encore Paulo Ferreira, il va arriver au sommet. L’Europe découvre un coach charismatique, un monstre médiatique au discours provocateur, voire arrogant. Onze ans plus tard, ses succès en Angleterre (champion avec Chelsea en 2005 et 2006), en Italie (triplé avec l’Inter en 2010), en Espagne (champion avec le Real en 2012) l’ont fait entrer dans le cercle des plus grands entraîneurs du monde. Revenu à Chelsea en juin 2013, il assurait avoir changé. Le "Special One" était devenu le "Happy One". Son troisième titre de champion d’Angleterre acquis en 2015 a prouvé qu’il n’avait pas perdu la main. Ses sorties médiatiques, contre Arsène Wenger notamment, aussi. Pour Mourinho, Porto n’a été qu’une étape de plus vers la gloire. En remettant le club au sommet de la hiérarchie portugaise – Porto n’avait plus été champion depuis 1999 avant l’arrivée de Mourinho -, le "Mou" a rendu service à Porto autant qu’à lui. Le club des Dragons n’a pas pleuré son départ. Car les trophées ont continué à s’empiler dans l’armoire : sept titres de champion (2006, 2007, 2008, 2009, 2011, 2012, 2013) et une Ligue Europa (2011).
Les mêmes ingrédients
Malgré le départ régulier de ses meilleurs joueurs chaque année, Porto arrive à se maintenir au niveau européen. Le club s’appuie toujours sur les mêmes recettes : la formation et la détection de joueurs de talent notamment en Amérique du Sud ou en Europe. Des joueurs que le club revend très cher aux cadors européens. Deco, Ricardo Carvalho ou Paulo Ferreira à l’époque de Mourinho, mais encore Falcao, Hulk, Aly Cissokho, James Rodriguez, Lucho Gonzales ou encore Eliaquim Mangala, Jackson Martinez et Danilo plus récemment pour ne citer qu’eux. Si on voulait être exhaustif, la liste serait très longue. Mais malgré une saignée tous les ans – Yacine Brahimi pourrait être le prochain – Porto se maintient et a enchaîné les 8e de finale ou les quarts de C1. Un bilan dont rêverait beaucoup de clubs français. Avec Julen Lopetegui, un ancien Barcelonais, aux commandes depuis 2014, Porto s’est un peu « hispanisé » avec l’arrivée notamment d’Iker Casillas – dont les retrouvailles avec Mourinho seront guettées – ou Christian Tello. Mais le football offensif prôné à l’époque par Mourinho est toujours en vigueur. Partout où il est passé, Mourinho a laissé des traces et pas forcément que des mauvaises.
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