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Porto: Brahimi, le cracheur de feu

Premier Algérien auteur d’un triplé en Ligue des champions hier soir, Yacine Brahimi a grandi d’un coup sous les couleurs du FC Porto. A 24 ans, l’ancien grand espoir du Stade Rennais confirme enfin son potentiel après une aventure compliquée en Bretagne et un passage bénéfique à Grenade, club mineur de Liga.
Article rédigé par franceinfo
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Le meneur de jeu du FC Porto Yacine Brahimi (MIGUEL RIOPA / AFP)

Dragon, ce surnom lui va si bien. Derrière l’attaquant ou sur un côté, Yacine Brahimi ne cesse d’enflammer les pelouses de ses prises de balle tranchantes, sa technique soyeuse et ses accélérations. Trois qualités qu’il exploite à merveille depuis qu’il a franchi les Pyrénées à l’été 2012. Quatre ans plus tôt, elles avaient également séduit le Stade Rennais. Tout juste sorti de l’INF Clairefontaine, le jeune parisien débarque en Bretagne. Avec les M’Vila et consorts, il décroche la Gambardella 2008 puis un contrat pro dans la foulée. Frédéric Antonetti a beau voir en lui "un futur grand meneur de jeu capable de gagner des matches seul", il l’envoie s’aguerrir un an à Clermont en Ligue 2. En Auvergne, le meneur de jeu s’épanouit. Il marque 8 buts en 32 matches.

Suffisant pour se faire une place à Rennes et s’attirer les louanges de son coach clermontois Michel Der Zakarian. "Il ressemble à Eden Hazard. Il est capable d’éliminer n’importe qui dans un mouchoir de poche. Il va vite, a un coup de rein ravageur et une qualité de frappe et de passe rare". Un portrait élogieux que Brahimi justifie dès ses débuts dans l’élite. Un but à Nancy et deux trophées d’homme du match viennent ponctuer son entame de saison en Rouge et Noir. A la mi-janvier, le jeune homme de 21 ans prend à nouveau feu en scorant quatre fois en cinq matches. "Yacine est devenu un joueur important de l’équipe. Je ne me fais aucun souci sur son avenir... D’ailleurs, à vingt-trois ou vingt-quatre ans, jouera t-il toujours à Rennes ?", se questionne Antonetti, conscient du potentiel de son poulain. Le technicien corse ne met pas longtemps à obtenir une réponse. Mais pas celle qu’il attendait. En pleine ascension, le garçon originaire du quartier Robespierre de Montreuil dans le 93, est stoppé par des blessures. Sa cuisse droite lâche. Puis, c’est la gauche.

Impatient à Rennes, mature à Grenade

Sa saison 2011/2012 est pourrie. Quand ce n’est pas l’infirmerie, le banc le prive de son terrain de jeu. Et lorsqu’il est sur la pelouse, Brahimi ne s’amuse plus. Remplaçant de luxe, exilé sur le côté gauche, il s’agace. En juin, il craque. "On n'a pas compté sur moi plus que ça à Rennes. (...) Il y a une cassure, j'ai atteint le point de non-retour, c'est définitif". Le club breton, privé de compétition européenne à l’issue de la 38e journée est sur les nerfs. La réponse du directeur sportif Pierre Dréossi est sanglante. "Je ne peux pas aujourd'hui entendre qu'un Brahimi, qui a fait 30 matches en L1 chez nous, veuille partir. Moi j'ai envie de lui dire : 'Mais qui tu es, toi, pour dire ça ?'". Le milieu de terrain s’échappe à Grenade en prêt dans les derniers instants du mercato. Le club espagnol s’est sauvé de justesse l’année précédente et joue sa deuxième saison consécutive en Liga.

Tweet: Brahimi parmi ceux qui ont marqué un triplé pour leur première Ligue des champions

En Andalousie, Yacine Brahimi met peu de temps à impressionner les supporters du Nuevo las Carmenes et son entraîneur Juan Antonio Anquela malgré des stats faméliques (1 passe décisive en 27 matches). "Je sais que dans le foot, aujourd’hui, ce sont des paramètres (les statistiques, ndlr) très importants pour passer un cap, voire plusieurs. C’est ce qui fait la différence entre un joueur moyen et un grand joueur", lors du barrage retour. Puis de l’Estadio do Dragoes hier soir. Une mine pied gauche, un rush de 40 mètres ponctué d’une frappe sèche à terre et un nouveau coup-franc, Yacine Brahimi a étalé sa riche panoplie.

"C’est le fils du vent. Il se faufile partout", décrit son coéquipier Jackson Martinez, hilare. Certes, il n’a pas encore offert la C1 aux dragons comme l’avait fait son prédécesseur Madjer en 1987. En joignant une clause libératoire de 50 millions d’euros au contrat de l’ancien Rennais, Porto a néanmoins démontré qu’il croyait en lui. "Je serai très  content quand il marquera encore plus de buts et sera toujours titulaire dans une équipe qui jouera l'Europe", avouait Patrick Rampillon il y a deux ans. Aujourd’hui, l’homme qui a ramené la pépite en Bretagne doit être heureux. A Porto, Yacine Brahimi ne toussote plus la fumée. Il crache le feu.

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