Pourquoi Zinédine Zidane n'est pas encore à la hauteur de Pep Guardiola
Le débat court depuis deux-trois ans. Les supporters et fans de football s’écharpent sur la même question, continuellement. Qui de Pep Guardiola ou de Zinédine Zidane est le meilleur entraîneur ? Tout le monde a son avis et les plus indécis auront un élément de réponse supplémentaire mercredi soir à l’occasion de Real Madrid - Manchester City. Première confrontation officielle entre les deux entraîneurs, ce huitième de finale aller de Ligue des Champions n’a pas encore été disputé qu’il attise déjà la querelle.
Il est bien sûr impossible de trancher définitivement dès maintenant, d’autant que les deux coaches sont encore jeunes (49 bougies pour Guardiola, 47 pour Zidane). “Zizou” n’a débuté sa carrière d’entraîneur qu’en 2014 et n’en est qu’à sa quatrième saison sur le banc des Merengue. Toute réponse donnée à l’heure actuelle à ladite question sera forcément remise en question au prochain épisode. Mais si l’on devait s’en tenir aux accomplissements déjà actés, une chose est sûre : Guardiola a, pour l’instant, laissé une empreinte bien plus conséquente sur le football que son homologue français.
Zidane a un savoir-faire, Guardiola a du génie
Zidane le reconnaît lui-même. “Guardiola a toujours démontré qu’il était le meilleur entraîneur au monde : au Barça, à Munich, à Manchester. C’est mon opinion. Il y a beaucoup d’entraîneurs dans le monde du foot. Moi je dis que c’est lui”, a déclaré le champion du monde 98 en conférence de presse ce mardi. Il l’avait déjà dit en décembre, ZZ réitère. Le Français n’est pas simplement modeste, il est conscient qu’il ne pourra jamais égaler la trace laissée par Guardiola sur le jeu. Tout simplement parce qu’il a toujours insisté sur le fait qu’il n’est ni un penseur, ni un tacticien de génie. “Je n’ai pas inventé le football, je veux juste amener mon savoir-faire”, disait Zidane lors de sa première saison avec l’équipe A du Real.
Son rival de mercredi a clairement influencé, influence et influencera le football. Tout ce qui peut se faire au plus haut niveau de nos jours est né du fait de l’existence de Pep Guardiola. Si Jurgen Klopp est devenu plus qu’un référence, c’est parce qu’il a su détruire le guardiolisme à coups de gegenpressing (une pression intense et coordonnée dans les secondes suivant la perte de balle). Le roi est mort, vive le roi ! L’équipe qui réussira à surpasser durablement ce Liverpool invincible pourrait devenir la prochaine valeur étalon. L'Espagnol est un stratège de génie, au moins au niveau des plus grands noms de l'histoire comme Johann Cruyff ou Arrigo Sacchi. Dans chacune des villes où il a posé ses valises, Guardiola a su s'adapter tout en créant quelque chose de neuf alors qu'il aurait très bien pu s'en tenir au fameux "tiki taka", encore aujourd'hui évoqué à tort.
Culture de l'instant et miroir grossissant
Cela ne retire rien aux exploits réalisés par Zidane. Remporter trois C1 consécutives pour ses trois premières saisons au plus haut niveau (2016, 2017 et 2018) est un fait d'armes inédit que n'aura jamais Guardiola. L'Espagnol est d'ailleurs resté bloqué à deux titres en Ligue des Champions (2009 et 2011) depuis presque 9 ans. Cette impression de disette permet à Zidane de dominer grâce à la culture de l'instant, d'autant qu'il a su partir avant de connaître l'échec en 2018. L'image du ballon d'or 1998 est immaculée, jamais encore écornée. L'homme fait l'unanimité à travers le monde. Il bénéficie en plus d'une aura toute particulière en France, gonflée par ses exploits tout de bleu vêtu.
Même si sa carrière de joueur a été plus qu'honnête, Pep Guardiola n'a pas pu bénéficier de l'aura d'un Zinédine Zidane pour se faire écouter des troupes. Il est plus facile de convaincre et de donner des consignes quand on est une idole aux yeux des joueurs que l'on dirige, encore plus quand on est une légende du Real Madrid. A l'heure actuelle, l'Espagnol a déjà ajouté 28 titres à son palmarès (dont 2 C1, 3 Liga, 3 Bundesliga, 2 Premier League). C'est donc 18 de plus que son homologue français. Les défenseurs du camp Zidane les plus pragmatiques diront que le nombre de titres en Ligue des Champions est un argument suffisant pour les départager. Pourtant, devenir le premier coach à remporter trois C1 n'a pas garanti à Bob Paisley une place dans les 20 premiers du classement des meilleurs entraîneurs de l'histoire du football, dressé par France Football en mars 2019 (26e).
"La victoire reste inscrite dans un almanach, mais la façon dont tu gagnes reste dans la mémoire des gens" disait Arrigo Sacchi. Le football spectaculaire orchestré par Guardiola s'inscrit parfaitement dans cette idée. Si l'on doit se projeter dès maintenant dans 20 ans, "Pep" sera indubitablement plus cité que Zidane parmi les entraîneurs les plus marquants du début du XXIème siècle.
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