Real Madrid-Atletico Madrid : Les bienfaits du replacement axial de Cristiano Ronaldo par Zidane
Cristiano Ronaldo peut sourire. Avec son septième triplé en Ligue des champions – à égalité avec Lionel Messi – il a quasiment propulsé son Real vers une troisième finale de C1 en quatre ans (2014, 2016, 2017 ?). Il traverse surtout une période incroyablement faste face aux buts adverses. Contre l’Atletico, il a inscrit son dixième but en C1 cette saison, son huitième en trois matches. En seulement douze frappes. Ronaldo a toujours été attiré par le but – on inscrit par son 400e but avec le Real en étant très altruiste – mais cette saison, dans une position plus axiale, il a épuré son jeu et gagné en efficacité.
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L’axe du bien
Depuis son départ de Manchester United en 2009, où Sir Alex Ferguson le faisait jouer parfois dans l’axe lors des gros matches (finale de C1 2009 par exemple), et son arrivée au Real Madrid, CR7 avait élu domicile sur l’aile gauche. En de rares occasions, Mourinho et Ancelotti l’avaient placé dans l’axe. Mais cette saison, Zinédine Zidane a systématisé ce nouveau positionnement. Car Ronaldo, même s’il fait tout pour le faire croire, n’est pas une machine. Et le temps qui passe a un impact. En le replaçant dans l’axe, Zidane lui épargne un travail défensif usant et l’oblige à jouer plus juste. Finies les sessions de passements de jambe superflus sur l’aile, terminé le schéma classique je reçois le ballon dans les pieds, je repique dans l’axe et je déclenche ma frappe à 25 mètres. Il l’a fait une fois contre l’Atletico au début de la rencontre, du gauche, pour un ballon qui a fini dans les tribunes.
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La suite de ce derby madrilène? Peu de courses et d’appels, mais des déplacements intelligents, peu de fioritures et une efficacité diabolique. Symbole de cette évolution, le Portugais dribble moins qu’avant. En 2009-2010, il dribblait 3,1 fois par match. Cette saison, ce chiffre tombe à 0,8, soit le 99e joueur de Liga, derrière le latéral français Dimitri Foulquier. En naviguant proche de la surface, il évite ses longs raids solitaires où il était tenté de faire la différence tout seul, garde toute sa lucidité dans le dernier geste et est surtout bien placé pour conclure les actions. Sur le premier but, il est là aux six mètres pour placer sa tête. Sur le deuxième, il se sert du bon travail de Benzema à l’entrée de la surface pour se défaire de Felipe Luiz et envoyer un missile imparable. Il n’y a finalement que sur le dernier but, où il a fait parler sa puissance en avalant la moitié de terrain des Colchoneros ballon au pied avant de décaler Lucas Vazquez et de terminer plein de sang-froid.
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Savoir tourner
Après la rencontre, on aurait pu croire qu’il allait fanfaronner, mais non. Le joueur l’a joué collectif. "Il faut féliciter l'équipe, l'équipe a été phénoménale. C'est moi qui ait eu la chance de marquer mais l'équipe a bien joué, du début à la fin. Cela a été un match complet". Pas le genre de sortie à laquelle il nous avait habitués. C’est évidemment plus facile de penser au groupe quand tout va bien, mais quand tout allait mal, en février 2016 par exemple, après une défaite dans le derby de Madrid, il n’avait pas hésité à charger ses partenaires : "S'ils avaient tous mon niveau, nous serions premiers du classement. Tous les ans, selon la presse, je suis dans la merde mais les chiffres et les statistiques ne mentent pas", a déclaré CR7, dans des propos rapportés par Marca.
A cette époque, Cristiano ne supportait pas de sortir ou de rater un match. Un an plus tard, Ronaldo s’est apaisé. Zidane est passé par là. Le Français a su faire comprendre à sa star les bienfaits du repos. S’il saute toujours aussi haut et va toujours aussi vite à 32 ans, c’est parce qu’il joue moins. Profitant de son banc de classe mondiale, Zidane fait souffler sa star pour les rencontres moins importantes en Liga et permet à CR7 d’être en pleine forme pour les sommets européens. En fin psychologue, Zidane ne s’est pas attribué les mérites de la prestation du Portugais, il l’a complimenté une nouvelle fois après avoir avoué qu’il était "jaloux" de son joueur : "le but, il a ça en lui, alors que d'autres l'ont moins. C'est pour ça qu'il est unique. Après, je ne sais pas si c'est lié seulement (au repos). C'est important pour lui de se reposer de temps en temps face à l'accumulation des matches et il le sait, il est intelligent". Assez aussi pour faire la paix avec un public de Bernabeu avec qui les relations n’ont pas toujours été au beau fixe : "Je veux juste qu’ils arrêtent de me siffler. Je donnerai toujours tout", a-t-il demandé. Mardi soir, il était suffisamment en position de force pour pouvoir l’exiger.
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