Rennes-Leicester : la flamboyante attaque du Stade Rennais n'a pas suffi pour rejoindre les quarts de finale de la Ligue Europa conférence
Malgré sa victoire (2-1), il n'a manqué qu'un seul but au Stade Rennais pour pousser Leicester en prolongation, jeudi, en huitième de finale retour de la C4.
Si l'espoir de renverser Leicester existait dans toute la ville, jeudi 17 mars en huitième de finale retour de Ligue Europa Conférence, c'est avant tout grâce à la force de frappe offensive du Stade Rennais. Cette saison, les Rouge et Noir impressionnent à la fois par leur nombre de buts et par la qualité du jeu proposé. Mais face aux Foxes, cela n'a pas suffi pour rejoindre les premiers quarts de finale d'une coupe d'Europe de l'histoire du club, éliminé malgré la victoire (2-1).
57 buts en Ligue 1, 76 buts toutes compétitions confondues soit une moyenne de 2,05 réalisations par match : l'attaque rennaise peut marquer à tout moment. Elle l'a fait à Lyon (4-2), dimanche, pour un septième match cette saison où le SRFC a planté quatre buts minimum. "Je crois qu'on n'a jamais vu une saison comme ça, avec du jeu et autant de buts", savoure Fabrice, 47 ans de vie comme supporter rennais.
"J'espère que vous irez en Ligue des champions"
Le jeu collectif prôné par Bruno Génésio dépasse même les frontières. Leicester était évidemment prévenu des qualités bretonnes avant cette double-confrontation en huitièmes de finale de C4. "Rennes est une équipe fantastique avec de très bons joueurs, bien coachés, admirait avec sincérité l'entraîneur des Foxes Brendan Rodgers en conférence de presse après la victoire du SRFC. Vous avez une belle équipe, j'espère que vous irez en Ligue des champions." Un peu plus tôt dans la semaine, c'est même le très réputé journal anglais The Guardian qui louait le jeu léché des Rouge et Noir, "l'attaque la plus excitante de Ligue 1, si ce n'est d'Europe".
"Il y a quelques années, quand on jouait le milieu de tableau, c'était moins intéressant à regarder", concède Ronan, 22 ans, supporter du club. Sauf que depuis 2018 et l'ère Julien Stéphan (2018-2021), le SRFC a changé de dimension avec une victoire en Coupe de France à la clé en 2019.
"Génésio a ajouté sa touche offensive, d'aller toujours vers l'avant", complète Robin, 22 ans également. Depuis le début de saison, Bruno Génésio a en effet su imposer sa patte, sans pour autant tout modifier du sol au plafond. "Il a été intelligent parce qu'il n'a pas tout révolutionné à son arrivée, il a construit dans la continuité concernant le style de jeu, analyse Gaël Danic, consultant sur tous les matchs du Stade Rennais pour France Bleu Armorique.
"Il a apporté cet état d'esprit de refuser la défaite."
Gaël Danic, consultant France Bleu Armoriqueà franceinfo: sport
Contrairement aux derniers matchs sous Julien Stéphan, la possession de balle est rarement stérile. Le jeu proposé par Bruno Génésio est plus direct, plus vertical. Face à Leicester, ses défenseurs n'ont pas hésité par moment à allonger sur ses attaquants pour profiter du jeu en remise de Gaëtan Laborde ou parfois même de Martin Terrier, pourtant moins robuste. "Je pense qu'il y a un travail au quotidien qui est impressionnant, poursuit Gaël Danic. Rennes a la possibilité de marquer par la droite, par la gauche, par des centres, des coups de pieds arrêtés. Ils ont un panel très étendu." Le ballon bascule très souvent d'un côté à l'autre grâce à la technique de ses milieux (Martin, Santamaria et Majer), acclamés à chaque fois par le public.
Les latéraux placés à l'intérieur du jeu
Les principes de l'ancien entraîneur lyonnais ont évidemment été poussés à l'excès au Roazhon Park. Autant portés par ce que la situation imposait que par ce que demandait le public en fusion. Les Rennais étaient toujours présents en nombre dans la surface adverse pour réceptionner les centres de ses ailiers ou de ses latéraux. Ces derniers, Adrien Truffert à gauche et Hamari Traoré à droite, ont été très rémuants. Comme à leur habitude, ils étaient placés très souvent à l'intérieur du jeu, pour libérer l'aile aux ailiers, comme le demande par exemple Pep Guardiola à Manchester City. Ses consignes ont parfois donné lieu à des situations étonnantes lorsque Hamari Traoré était pratiquement positionné en numéro 10 en première période.
Rennes peut aussi compter sur un duo d'attaquants précieux. Gaëtan Laborde et Martin Terrier ont marqué respectivement 16 et 14 buts toutes compétitions confondues cette saison avec le maillot rennais. Contre Leicester, ils ont eu moins de facilité à se trouver mutuellement et n'ont pas marqué mais leur association commence évidemment à être ciblée.
Terrier, buteur à Lyon dimanche (4-2), a en revanche été passeur décisif sur l'ouverture du score de Benjamin Bourigeaud. Derrière eux, en numéro 10, Lovro Majer joue les métronomes. De son pied gauche soyeux, il distille ses ballons avec simplicité et toujours un coup d'avance. Face à une défense resserrée des Foxes, le Croate a perdu très peu de ballons malgré le pressing adverse.
Un manque d'efficacité paradoxal
Mais comme au match aller, Rennes a manqué un peu de réalisme pour inscrire ce troisième but synonyme de prolongation. Ce n'est pas la première fois, paradoxalement, pour la seconde attaque de Ligue 1. "Il nous a manqué de la maturité (...) Et il nous a manqué peut-être encore un peu d'efficacité car on a eu les occasions", regrettait après la rencontre Bruno Génésio. La remise de Serhou Guirassy repoussée par Kasper Schmeichel (85e) ou la volée de Baptiste Santamaria passée près du poteau (90+1e) devaient trotter dans sa tête.
Pour retrouver ses soirées européennes où tout s'embrase à chaque touche de balle – vers l'avant évidemment – le Stade Rennais devra continuer de compter sur son attaque prolifique. La voie passera désormais uniquement par le championnat.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.