Football : "On m'a passé la main entre les fesses"... Des supporters toulousains racontent les fouilles subies à l'entrée du stade de Lisbonne

De nombreux Toulousains assurent avoir subi des "attouchements" à l'entrée du stade de Benfica, où jouait leur équipe jeudi. Le Téfécé a saisi l'UEFA, alors que le club portugais affirme ne pas avoir été informé du moindre incident.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les supporters toulousains à Lisbonne, le 15 février 2024. (MAXPPP)

Ce devait être un jour de fête pour les supporters toulousains. Près de 3 000 d'entre eux étaient à Lisbonne pour le barrage de Ligue Europa de leur équipe contre Benfica, jeudi 15 février, où le Téfécé a perdu à la dernière seconde (1-2). Mais cet engouement a été douché par le traitement subi lors des fouilles pour accéder au stade de la Luz. "On a été palpés de partout, particulièrement sur les parties intimes", raconte à franceinfo: sport Anaïs, présente dans le parcage toulousain.

Avant d'entrer dans l'enceinte, la jeune femme affirme avoir subi des "attouchements" de la part des stadiers portugais. "J'étais très mal à l'aise, on m'a passé la main entre les fesses, poursuit-elle. On n'était pas loin de la pénétration digitale." Face à l'afflux de témoignages, notamment sur X (ex-Twitter), le club a dénoncé dans un communiqué des "fouilles démesurées et des actes d'intimidation". Le Téfécé a invité ses supporters à se rapprocher de l'ambassade de France au Portugal ou du ministère des Affaires étrangères. Il a également saisi l'UEFA, organisatrice du match.

"Ils ont massé mes testicules et les ont bien remontés vers le haut du corps, narre Lilian, autre supporter toulousain contacté. Cela a duré une quinzaine de secondes." Contrairement à d'autres supporters, ces attouchements ont été subis par-dessus son pantalon, et non à même son corps. Plusieurs témoignages concordants, récoltés par franceinfo: sport ou rapportés sur les réseaux sociaux, relatent cette version. "C'était clairement un examen de la prostate, ironise Victor*, membre du groupe ultra Indians Tolosa. Certains se sont sentis agressés sexuellement, ont par exemple reçu des doigts dans le cul ou des mains dans le soutien-gorge."

Un dispositif policier "intimidant"

Les supporters toulousains interrogés pensent que les stadiers ont agi de la sorte pour repérer des fumigènes. "Mais on ne va pas cacher quelque chose sous notre peau !", déplore Anaïs. Habitués des déplacements pour soutenir leur équipe, ces fidèles du Téfécé n'avaient jamais subi pareil traitement.

"En France, des chiens nous reniflent les parties intimes. Ce n'est pas très agréable, mais au moins, personne ne nous palpe."

Victor, supporter toulousain présent à Lisbonne

à franceinfo: sport

Avant de parvenir à l'entrée du stade, où ont eu lieu les faits reprochés, les supporters toulousains ont fait face à un dispositif policier "intimidant". "Dès la sortie du métro, on a été escortés dans un couloir de deux mètres de large, entourés par des policiers, raconte Victor. Ils tapaient leurs matraques contre leurs plastrons."

Ce n'est pas la première fois que Benfica est accusé de pareils agissements à l'entrée de son parcage visiteurs. En octobre 2022, des supporters du Paris Saint-Germain et du Maccabi Haïfa avaient témoigné dans le même sens. "Je m'y étais préparé mentalement", concède fatalement Lilian. Dans un communiqué (en portugais) publié vendredi en fin d'après-midi, le club lisboète a pourtant fermement nié avoir été averti "du moindre incident lors de l'accès des supporters de Toulouse au match"

Des incidents du même genre lors de Milan-Rennes

D'après le document, lors d'une réunion d'après-match entre le délégué UEFA de la rencontre et des officiels de Benfica, "rien de négatif" n'a été signalé. On y lit également que "l'organisation du match, l'accueil des invités et des supporters du club adverse" ont été "salués". Benfica n'est pourtant pas le seul club concerné par ce type d'incidents.

D'après nos informations, des faits du même acabit ont été dénoncés par plusieurs supporters rennais lors du déplacement à Milan (0-3) jeudi soir. "Il y a eu des palpations très poussées, abusives, notamment au niveau des parties génitales", soutient Salomé Duhoo, présente à San Siro et ambassadrice de l'association Her Game Too, luttant contre des agressions sexuelles dans les stades. Comme ses homologues toulousains, la Bretonne pointe l'organisation globale du déplacement : "C'était mal géré, on était parqués comme du bétail. Ces palpations, c’était l’aboutissement de toute une chaîne de décisions."

En France, des cas similaires avaient été recensés au Havre en début de saison. Cinq plaintes pour "agression sexuelle" avaient été déposées par des supportrices lensoises et lilloises, accusant une même stadière de "fouilles au niveau des parties intimes". Contrairement aux épisodes de Lisbonne et Milan cette semaine, il s'agissait alors d'un cas isolé, concernant une seule stadière.

* Le prénom a été modifié

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