Ligue Europa : Face à l'AC Milan, le LOSC se déplace à San Siro, dans un monument historique en danger
Les supporters des Dogues se souviennent très certainement de cette soirée d'hiver qui remonte à presque quatorze ans maintenant. Le 6 décembre 2006, le LOSC est devenu la première équipe française à s'imposer dans le stade de San Siro... face à l'AC Milan. Une victoire historique (2-0) grâce à des buts de Peter Odemwingie et Kader Keita qui restera comme l'un des plus grands exploits européens de Lille, et des clubs français en général. Car rares sont les équipes tricolores à s'être imposées sur les terres lombardes : outre Lille, seuls Lyon (en 1997-1998 et 2002-2003) et Marseille (en 2003-2004) se sont imposés à Milan, face à l'Inter.
Le bilan reste négatif pour les clubs français à Milan (15 défaites, 8 nuls et 4 victoires donc), mais ces quatre succès historiques ont pour point commun d'avoir eu lieu dans le mythique stade de San Siro, renommé officiellement Giuseppe Meazza au début des années 1980. Cette enceinte, iconique dans le monde du football en ce qu'elle a vu passer sur sa pelouse les plus grandes stars, pourrait pourtant être démolie dans les années à venir. Les deux clubs locataires, l'AC Milan et l'Inter Milan, portent en effet depuis quelques temps un projet de construction d'un nouveau stade.
Un projet de nouveau stade de 60 000 places
Les deux équipes milanaises souhaitent voir sortir de terre un nouveau San Siro de 60 000 places - contre 80 000 actuellement -, bien plus moderne et sur le modèle de ce qu'ont déjà réalisés plusieurs écuries européennes : l'Allianz Arena du Bayern Munich, l'Allianz Stadium de la Juventus, l'Emirates Stadium d'Arsenal, le Tottenham Hotspur Stadium des Spurs... Pour cela, l'AC Milan et l'Inter ont présenté un projet de 1,2 milliard d'euros pour la modernisation du quartier de San Siro, où se situe le stade actuel, qui serait détruit et remplacé par une nouvelle enceinte à seulement quelques dizaines de mètres.
"Nous allons réaliser un nouveau San Siro proche de l'ancien, dans la même aire de construction. Le vieux stade sera détruit et à la place, il y aura de nouvelles constructions", annonçait pour la première fois en 2019 Paolo Scaroni, le président de l'AC Milan. Une information confirmée par Alessandro Antonello, administrateur délégué de l'Inter. Le tout avec pour objectif d'inaugurer le stade à l'horizon 2025, pour y accueillir la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver 2026, attribués à la ville de Milan.
Levée de boucliers et projet alternatif
Immanquablement, face à l'immensité du projet, les réactions pleuvent. D'abord en raison du coût de ce nouveau stade en ces temps troublés, mais aussi et surtout parce que l'actuel San Siro est un des symboles du football italien, qui a accueilli plusieurs matches de Coupe du monde (en 1934 et 1990), plusieurs finales de Ligue des champions (1965, 1970, 2001, 2016) et où les plus grands joueurs de l'histoire du ballon rond ont évolué. Dès les premières informations sur le projet de destruction du stade, les tifosi des deux clubs de Milan se sont alliés pour lancer une pétition s'y opposant.
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"Je suis contre ce projet de destruction, il ne faut pas démolir San Siro. Je ne pourrai jamais le comprendre. C'est un stade avec une identité unique et magnifique en Italie, meilleure encore que celle de l'Olimpico de Rome. Son histoire, c'est l'histoire du football milanais. Et c'est l'un des temples du football", déclarait à Eurosport Paolo Condò, journaliste pour La Gazzetta dello Sport, en mars 2019. Le quotidien de référence du sport italien avait d'ailleurs sondé ses lecteurs concernant la démolition de San Siro : la majorité s'y était opposée.
Une levée de boucliers qui a eu pour effet de pousser l'AC Milan et l'Inter à réfléchir à une alternative. Les deux clubs de la capitale lombarde ont présenté en mai dernier un projet de modernisation de San Siro et de ses alentours. Une entreprise pas forcément plus économique, puisqu'elle coûterait tout de même plus d'un milliard d'euros. Mais elle conviendrait davantage aux supporters, dont certains mettent en lumière le fait que le deuxième étage de l'enceinte bouge dangereusement au-dessus de la tribune basse lorsque les matches se déroulent à guichets fermés. Ce projet pourrait également satisfaire le maire de Milan, Giuseppe Sala, qui souhaiterait que l'actuel San Siro fête son centenaire en 2026, en accueillant la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver.
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Un stade sans "intérêt culturel"
Mais une décision à la fin du mois de mai a relancé les débats. La commission régionale du patrimoine de Lombardie a ainsi fait part de son choix de ne pas s'opposer à la destruction de San Siro, déclarant notamment que le stade n'avait "aucun intérêt culturel" et qu'il se retrouvait par conséquent "exclu des dispositions de protection". Un verdict qui a provoqué l'ire du Guardian. Dans un article publié fin octobre, le quotidien britannique s'est insurgé contre cette décision en rappelant l'œuvre architecturale que représente San Siro, un stade qui a fait chavirer des millions de téléspectateurs lors du match d'ouverture de la Coupe du monde 1990. "Démolir San Siro reviendrait à raser une cathédrale", écrit Martin Dunlop, journaliste pour The Guardian.
La décision de la commission régionale du patrimoine de Lombardie n'est pas contraignante mais elle représente indéniablement une grande avancée dans le projet des deux clubs de la ville de Milan. Ce soir, face à l'AC Milan, le LOSC pourrait être ainsi l'un des derniers clubs français à fouler la pelouse du mythique stade de San Siro. Un privilège pour Christophe Galtier et ses joueurs. Et l'occasion d'améliorer le bilan des équipes tricolores dans cette enceinte, avant qu'elle ne soit démolie dans les années à venir.
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