Lyon-Besiktas: quelles sanctions après les violences ?
Des failles dans l'organisation, la responsabilité de Lyon engagée
En tant qu'organisateur du match, l'Olympique Lyonnais a forcément sa responsabilité engagée dans les événements de jeudi soir. En effet, dans ce match à hauts risques (classé 4/4 sur l'échelle de l'UEFA), c'est le club hôte qui doit, en collaboration avec les services de sécurité public, mettre en place un dispositif adéquat. Dans le règlement disciplinaire de l'UEFA, il est bien précisé que "les clubs organisateurs (...) répondent de l'ordre et de la sécurité dans l'enceinte du stade et à ses abords immédiats, avant, pendant et après les matches." Et l'instance va même plus loin: "Ils sont responsables de tout incident et sont passibles de mesures et de directives disciplinaires, sauf s'ils peuvent prouver qu'ils n'ont commis aucune forme de négligence".
Vidéo: L'OL face au fracas du Besiktas
Entre les violences entre supporters sur le parvis du Parc OL, celles dans les tribunes, les jets de projectiles, les bombes agricoles, les mises à feu d'engins pyrotechniques, et l'entrée dans le stade d'éléments démunis de billets (ce qu'a reconnu Jean-Michel Aulas), l'OL risque d'être sanctionné. Pour l'envahissement du terrain, une amende de 5000 euros est prévue. Pour les engins pyrotechniques, c'est 500 euros par engin. Pour le retard du coup d'envoi, c'est une mise en garde pour la première infraction... L'UEFA cherchera également à déterminer comment 20 000 supporters turcs ont pu acheter des billets, et du coup se trouver en masse dans l'enceinte et notamment dans des zones non prévues pour les accueillir, et donc non sécurisées. Et l'instance européenne sera certainement très dure. Supporters sans billet, invasion de tribunes non prévues pour ces supporters, c'était aussi une partie des ingrédients de la tragédie du Heysel (39 morts, 454 blessés), lors de la finale de la Coupe des clubs Champions en 1985 entre Liverpool et la Juventus. Rien de si dramatique n'est arrivé jeudi soir, puisque le bilan fait état de 12 interpellations (de Lyon et du Besiktas) et 7 blessés légers. Mais malgré près du double d'agents dans le stade, et 3 à 4 fois plus de policiers autour, et des fouilles renforcées, les heurts n'ont pas été évités et des projectiles sont entrés dans l'enceinte.
Le Besiktas encore dans l'oeil du cyclone
Si l'UEFA passe aux sanctions, ce qui pourrait être le cas dans les heures à venir, le club turc ne devrait pas échapper à la moulinette. Car le règlement précise que "tous les clubs sont responsables des cas de conduite incorrecte suivants de leurs supporters et sont passibles de mesures et de directives disciplines même s'ils peuvent prouver qu'ils n'ont commis aucune forme de négligence: envahissement du terrain, lancement de projectiles, mise à feu d'engins pyrotechniques (...), tout autre manquement à l'ordre et à la discipline observé dans l'enceinte du stade ou à ses abords immédiats." On entre bien dans ce cas.
A l'UEFA, le dossier du Besiktas n'est pas mince. En 2012, l'instance européenne avait exclu le club d'Istanbul pour les deux prochaines compétitions européennes pour lesquelles il se qualifierait, suite au non-paiement des impôts et aux retards dans les paiements des salaires. La 2e année de suspension était assortie d'un sursis de cinq ans. En 2013, c'est pour une vaste affaire de corruption et de matches truqués dans le championnat turc que le Besiktas avait été sanctionné d'une année d'exclusion. Le 27 février dernier, après un match de groupe de Ligue des Champions au Dynamo Kiev, le club stambouliote avait écopé d'une amende de 60 000 euros pour le comportement de ses supporters (fumigènes, dégâts et perurbations). Idem le 30 novembre 2015, pour la réception du Lokomotiv Moscou avec 26 000 euros d'amendes pour engins pyrotechniques, pour des escaliers bloqués. En revanche, l'UEFA n'avait pas retenu le défaut d'organisation malgré la tentative d'envahissement du terrain. Bref, le club turc a un passif. Et cela peut peser lourd dans la balance au moment de l'étude du dossier.
Quelles sanctions ?
Dans l'échelle des sanctions, l'UEFA peut à peu près tout faire. Des simples mises en garde, aux amendes pécunières, l'interdiction de vendre des billets aux supporters pour les matches à l'extérieur, jusqu'au match à huis clos, ou à la fermeture totale ou partielle d'un stade, l'organisation d'un match dans un pays tiers, voire l'exclusion de la compétition et/ou de futures compétitions. Voici donc le panel des possibilités. L'instance européenne est face à plusieurs problèmes, dont le premier est l'urgence. Dans 6 jours, les deux équipes doivent se retrouver en Turquie pour le match retour. Entre le score étriqué (2-1), qui maintient un suspense total, la rivalité désormais entre les plus violents supporters des deux clubs qui aspireront certainement à une revanche, et la situation politique du pays où aura lieu dimanche un référendum important alors que le Besiktas est connu pour être un club opposant au pouvoir du Président turc Erdogan, les sources de tensions sont nombreuses. Dès la semaine dernière, l'OL avait déconseillé à ses supporters de se rendre en Turquie et le club n'organisera pas de déplacement officiel.
"Quand on voit comment cette ferveur déborde de tous les côtés, on a très peur", a lancé Jean-Michel Aulas à l'issue du match. "Ça serait dangereux pour nous d'aller en Turquie en faisant face à ces mêmes supporters. On était déjà venu en Turquie au début de saison et on avait du être raccompagné à l’aéroport par des chars militaires." Le président de l'OL met la pression et souhaite un match à huis clos. Les récentes décisions de huis-clos ont été prises par l'UEFA pour sanctionner notamment des comportements ou injures racistes, que ce soit à l'encontre du Legia Varsovie contre le Real Madrid en 2016 suite à des événéments contre le Borussia Dortmund, ou aux dépens du Dynamo Kiev en novembre 2015.
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