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Rennes : Le Betis Seville, un adversaire sans complexe

Le Betis Seville n'évoque pas grand chose au grand public français. Certains auront entendu que l'ex-parisien Giovani Lo Celso y avait parfaitement réussi son intégration. D'autres ont peut-être eu vent du succès retentissant sur la pelouse du FC Barcelone (4-3) le 11 novembre dernier. Le futur adversaire du Stade Rennais en seizièmes de finale de la Ligue Europa est souvent évoqué comme le deuxième club de Séville. Mais les Bretons devront se méfier, l'équipe de Quique Setién joue un football sans aucun complexe.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Une brève histoire du Betis

Le football n'est pas né en Espagne, mais c'est à Séville que la flamme pour le ballon rond s'est embrasée en pays ibérique. La cité andalouse a été le théâtre du premier match de football disputé de l'autre côté des Pyrénées en 1890, soit dix-sept ans avant la naissance du Sevilla Balompié, aujourd'hui connu sous le nom de Real Betis Balompié. Derrière les monstres que sont le FC Barcelone et les clubs madrilènes, les Vert-et-blanc vivent aussi dans l'ombre de l'éternel rival : le Sevilla Fútbol Club

Le FC Séville a un palmarès bien plus imposant sur la scène européenne : dont cinq victoires en C3 (2006, 2007, 2014, 2015 et 2016). Mais le premier club andalou à avoir participé à la Ligue des champions (sous sa forme actuelle), c'est bien le Betis Séville en 2005. La rivalité est également sociale, le Betis étant catégorisé comme le club sévillan soutenu par les classes populaires, le FC Séville comme étant celui supporté par les "señoritos" (les privilégiés). Si le palmarès des Verdiblancos ne pèse pas lourd - un seul titre de champion d'Espagne en 1935 et deux coupes nationales (1977 et 2005) -, il peut compter sur ses afficionados. 52 000 abonnés, un stade de 60 000 places, Rennes devra s'attendre à une belle ambiance dans l'enceinte Benito Villamarín

Des Verts en verve

Les Bretons devront surtout se méfier du niveau de leur adversaire. Malgré deux passages récents en deuxième division (entre 2009 et 2011, et lors de l'exercice 2014-2015), le Betis reverdit sous la houlette de Quique Setién. La sixième place obtenue la saison passée a permis une qualification en Ligue Europa, véritablement disputée. Dans une poule avec les deux clubs habitués aux joutes européennes que sont le Milan AC et l'Olympiakos, les Vert-et-Blanc sont sortis en tête et invaincus. De quoi couronner un début de saison réussi sur tous les fronts. Toujours engagés en Coupe du Roi, les coéquipiers d'Aissa Mandi trônent à une jolie 5e place en championnat. Ils ont surtout marqué le football espagnol en allant battre le Barça au Camp Nou au terme d'un match fou le 11 novembre dernier (4-3). Les trois points oui, mais surtout la manière : zéro complexe dans la création des occasions et une volonté inflexible de jouer au ballon.

Ce projet de jeu, c'est la fierté de Quique Setién. Arrivé sur le banc du Betis en juin 2017, le technicien espagnol avait proposé un jeu léché avec Las Palmas. En témoigne le sublime but inscrit par Kevin-Prince Boateng face à Villarreal en octobre 2016. Du haut de ses 60 printemps, l'homme a gardé ses yeux de gamin et ne s'enivre que du jeu de ballon. Cette innocence, il a bien cru la perdre alors qu'il vivait de l'intérieur l'auto-destruction du Racing Santander dans les années 2000. "Lorsque je vois ça, j'ai envie de partir et de ne pas revenir", déclare-t-il dans une interview à ESPN en décembre 2017. L’immiscion des affaires lui donne de l'urticaire. "Pour que je puisse réellement faire ce que je veux, je dois acheter un club", ironisait-il.

Quique Setién, le football sans complexe

Certains notent chez lui un purisme philosophique à la Pep Guardiola et l'expérience d'un Maurizio Sarri. Pour Quique Setién le football est un jeu. Il est heureux qu'on lui dise, comme Luka Modric, que son équipe joue bien. Bien jouer, mais avec le ballon de préférence. Gardien, défenseurs centraux, tous doivent ressortir proprement et éviter les dégagements. Il part du principe qu'il faut jouer au football même quand les moyens sont restreints. "Quand je suis arrivé à Lugo, la planète entière me disait qu'on ne peut pas jouer au foot en Segunda B (la deuxième division espagnole). On a été promu en jouant le foot que le Betis joue aujourd'hui", tranche celui qui a dix-sept années de coaching dans son bagage.

Il a fait ses gammes avec le CD Lugo entre 2009-2015. Sa connaissance de l'antichambre de son football national peut s'apparenter à celle de Maurizio Sarri, qui a bourlingué en Italie à Pescara, à l'Hellas Verone ou encore à Empoli. S'il revendique pouvoir créer du jeu avec des moyens limités, Quique Setién dispose d'une équipe très bien taillée pour la Ligue Europa, une équipe qui n'a rien à envier à un demi-finaliste de l'an passé comme le Red Bull Salzbourg. Derrière, un joueur comme Marc Bartra, formé à la Masia et passé par le Borussia Dortmund, est un atout de premier choix. Les Rennais retrouveront un ancien visage de Ligue 1, le polyvalent Aissa Mandi et devront se méfier de la pépite Junior Firpo, un des meilleurs latéraux gauches de Liga. Son milieu de terrain est composé de beaux manieurs de ballon comme Ryad Boudebouz, Joaquin, Andrés Guardado, Takashi Inui, Sergio Canales et Giovani Lo Celso. Un vivier technique couvert par William Carvalho, un temps envoyé dans plusieurs grandes écuries européennes comme le PSG. Les Bretons sont prévenus.

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