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De la cryptomonnaie dans le foot : 4 questions pour un transfert

Le club du DUX Internacional de Madrid a créé la sensation vendredi en annonçant la signature de l'attaquant David Barral dans une transaction impliquant de la cryptomonnaie. Jamais cette monnaie numérique n'avait alors été utilisée pour un transfert en football. Décryptage de cette annonce qui pourrait créer un tournant dans ce sport.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
David Barral, ici sous les couleurs de Cadiz en 2017, premier joueur de football impliqué dans une transaction avec des cryptomonnaies (JOSE MANUEL VIDAL. / EFE)

• En quoi ce transfert est spécial ?

David Barral s'est engagé pour le DUX Internacional de Madrid, club de 3e division de la banlieue de la capitale espagnole. Jusqu'ici, cette information n'a rien de très surprenante, ni même de vraiment retentissante. La signature de l'ancien joueur de la réserve du Real Madrid, Gijon ou Levante est pourtant historique. Barral est en effet devenu le premier joueur engagé par un club contre de la cryptomonnaie.

Pour l'Internacional, le coup de communication est énorme. La formation rachetée il y a quelques mois par la structure esport ibérique DUX est la première à exploiter cette nouvelle technologie financière dans le monde du football. Cette transaction ne semble pas être un transfert, puisque Barral, 37 ans, était libre de tout engagement. Mais cette probable prime à la signature (le club n'a pas communiqué les détails, ndlr) reste unique en son genre. A l'image du club, qui se veut pionnier dans la synergie entre le football et l'esport, en plaçant les deux disciplines sur un même pied d'égalité. DUX est notamment la propriété de Thibaut Courtois, le gardien belge du Real Madrid très impliqué dans le domaine vidéoludique, ou encore de Borja Iglesias (Betis Séville).

• Qu'est-ce que la cryptomonnaie ?

Les cryptomonnaies sont des monnaies alternatives, privées et cryptées, protégées numériquement. Elles sont produites par des réseaux informatiques : toute personne ou structure peut participer à la création de cryptomonnaie, réalisée par des algorithmes calculés par des ordinateurs et consultables par n'importe qui. Lorsqu'une transaction en cryptomonnaie est réalisée, chaque ordinateur ayant contribué au calcul de ces algorithmes obtient un montant de cette devise non physique (ni pièces, ni billets ne sont édités). Plus nombreux sont ceux à chercher à obtenir cette monnaie, plus elle devient rare et donc chère, sur un principe similaire à celui du minage des métaux précieux.

Ces cryptomonnaies, dont la plus connue est le Bitcoin, voient leur valeur évoluer fréquemment et font l'objet d'une importante spéculation. David Barral a donc obtenu une somme de cryptomonnaie précise le 15 janvier, qui pourrait être bien différente rapidement. Dernièrement, ces devises ne cessent de prendre de l'ampleur, notamment le Bitcoin dont la valeur a grimpé de 21% depuis janvier 2020. Cela ne l'empêche pas de faire les montagnes russes puisqu'après avoir atteint pour la première fois les 40 000 dollars le 7 janvier dernier, son cours est retombé à 30 000 dollars seulement quatre jours plus tard.

• Quelle place pour les cryptomonnaies dans le sport ?

Leur arrivée, longtemps très progressive, se confirme ces derniers mois. Le Paris Saint-Germain a par exemple créé sa propre monnaie numérique, le $PSG, en janvier 2020, autant pour se rapprocher de ses supporters qu'à des fins marketing. L'accord entre le club champion de France et la société spécialisée en cryptomonnaie Chiliz rapporte 2,5 millions d'euros par an au PSG jusqu'en 2023. La Juventus Turin en avait fait de même en décembre 2019, devenant alors le premier club de football à s'investir dans l'univers de la cryptomonnaie. 

Le FC Barcelone, le Borussia Dortmund, ou encore la Lazio Rome ont sauté le pas ces derniers mois. Le DUX Internacional de Madrid a de son côté pu réaliser le deal avec David Barral grâce à son partenaire, l'entreprise Criptan. D'autres sports voient aussi les partenariats entre des entreprises spécialisées fleurir, pour le moment principalement pour des accords de sponsoring, à l'image de l'écurie de Formule 1 Red Bull accompagnée par FuturoCoin depuis le début de la saison 2019. 

• La cryptomonnaie est-elle autorisée pour un transfert en football ?

A toute situation sans précédent, le doute demeure. Si la signature de David Barral a été annoncée par l'intéressé et son nouveau club, reste à savoir encore si les organes régissant le football la valideront. Ni la Fédération espagnole de football, la RFEF, ni la Fédération internationale, la FIFA, n'ont communiqué à ce sujet. Une officialisation de cette prime en cryptomonnaie pourrait créer une jurisprudence significative dans le monde du ballon rond, avec la possibilité de transferts entre deux clubs réglé en devise numérique.

Ces derniers mois, d'autres ligues ont fait face à une telle situation. En NBA, le joueur des Brooklyn Nets Spencer Dinwiddie avait souhaité en septembre 2019 transformer une partie de son contrat en monnaie virtuelle. Le joueur, payé par sa franchise 34,3 millions de dollars entre 2019 et 2022, avait l'intention d'en convertir une part en cryptomonnaie pour la vendre en une seule fois en dessous du cours du marché (pour attirer des acheteurs), alors que son salaire lui est versé en réalité au fil de son contrat. Cette vente lui aurait permis de réinvestir immédiatement cette somme en achetant d'autres devises de cryptomonnaie dans l'espoir d'un investissement fructueux à moyen terme, lui rapportant plus que ce que Brooklyn lui aura réellement versé. La manœuvre lui avait été refusée par la ligue de basket nord-américaine, au motif qu'aucun joueur ne peut céder sa rémunération à une tierce partie.

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