Du Qatargate à son retrait, chronologie de la chute de Michel Platini
2 décembre 2010 : Attribution de la Coupe du monde au Qatar
En annonçant fièrement le choix du Qatar pour la 22e édition du Mondial, Sepp Blatter va provoquer un séisme sans précédent dans le football mondial. Il ne le sait pas encore mais cette décision va provoquer sa chute puisque dès le lendemain, les médias anglo-saxons, le Sunday Times et la BBC en tête, dénoncent une corruption à grande échelle qui gangrène l’instance depuis de longues années et qui biaise les conditions d’attribution du plus grand évènement sportif de la planète.
23 juillet 2011 : Mohammed Bin Hammam radié à vie
Première victime du scandale, le Qatarien Mohammed Bin Hammam. L’ancien président de la confédération asiatique, alors concurrent de Sepp Blatter à la présidence de la Fifa, est reconnu coupable de corruption et d’achat de voix. En mai 2014, le Sunday Times confirmera les fraudes de Bin Hammam. Pendant ce temps là, Sepp Blatter entame son quatrième mandat à la tête de la Fifa.
30 mars 2012 : la Fifa tente de se refaire une image
Les doutes sur l’instance mondiale s’intensifient. Pour ramener le calme et affirmer la probité de la Fifa, son comité éxécutif adopte la scission de la commission d’éthique en deux chambres : une pour l’instruction et une pour le jugement. Ces deux chambres vont jouer un rôle capital dans l’affaire Platini et précipiter sa chute et celle de Blatter qui voulait "remettre le bateau de la Fifa sur les eaux claires et transparentes".
29 janvier 2013 : révélation du "Qatargate" par France Football
France Football, qui est encore un bi-hebdmodaire à l’époque, lance un pavé dans la mare avec son enquête poussée sur le "Qatargate". Il dénonce les contributions d’attribution du Mondial 2022 et évoque la réunion secrète à l’Elysée du 23 novembre 2010 entre Nicolas Sarkozy, le président de la République, le prince du Qatar, Tamin Bin Hamad al-Thani, Michel Platini, président de l’UEFA, et Sébastien Bazin, représentant de Colony Capital, alors propriétaire du PSG. L’ordre du jour : le rachat du PSG par le Qatar, la création d’une chaîne de sports (BeIn Sports), mais aussi le futur vote d’attribution pour le Mondial 2022. C’est au cours de cette réunion que Platini choisit de donner son vote au Qatar et non aux Etats-Unis. Une rumeur que Platini tiendra à démentir par la suite.
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17 décembre 2014 : L’aveu d’impuissance de Michael J. Garcia
Nommé président de la chambre d’enquête de la commission d’éthique de la Fifa en juillet 2012, l’Américain Michael Garcia démissionne deux ans et demi plus tard. Son rapport sur les conditions d’attribution douteuses voire frauduleuses des Coupes du monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar) a été minimisé par la Fifa et non publié quelques mois auparavant. Peu avant Noël, il jette l’éponge : "Aucun comité de gouvernance, enquêteur ou panel d’arbitrages indépendants ne peuvent changer la culture d’une organisation", regrette-t-il.
27 mai 2015 : Le vrai début du scandale
Ce jour-là à Zurich, la justice américaine opère un énorme coup de filet : sept hauts dirigeants du football international sont arrêtés. 14 personnes (dont 9 membres ou anciens membres de la Fifa) sont mises en cause. L'acte d'accusation américain parle de quelque 150 millions de dollars (132 millions d'euros) de pots-de-vin et de rétrocommissions, depuis les années 1990. Dans une procédure distincte, ouverte contre X pour soupçons de "blanchiment d'argent et gestion déloyale" autour de l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar, la justice suisse fait procéder à des perquisitions au siège de la Fifa, à Zurich. Le lendemain, Michel Platini, "écoeuré" par cette crise, demande à Blatter de quitter son poste et de ne pas briguer un cinquième mandat à la Fifa – l’élection a lieu le 29 mai.
2 juin 2015 : A peine réélu, Blatter démissionne
Réélu tranquillement le 29 mai, Blatter annonce son départ le 2 juin 2015. S’il ne prononce pas le mot "départ", il regrette que ce mandat n’ait "pas le soutien de l’intégralité du monde du football". Il assure qu’il "remettra son mandat à disposition lors d’un Congrès électif extraordinaire" qui se tiendra le 26 février prochain
29 juillet 2015 : Platini annonce sa candidature
Longtemps hésitant, Michel Platini décide de se jeter à l’eau et de briguer la présidence de la Fifa en février 2016. C’est dans une lettre adressée aux 209 présidents et secrétaires généraux des associations membres de la Fifa qu’il annonce sa décision. Il y parle de "forcer le destin" et veut que la Fifa "retrouve sa dignité et la place qu’elle mérite".
25 septembre 2015 : Ouverture d’une enquête contre Sepp Blatter
Celui qui n’est plus président de la Fifa est au cœur d’une enquête diligenté par le Procureur général de Suisse. Il est soupçonné de "gestion déloyale" et "abus de confiance". Le Suisse aurait effectué "un paiement déloyal" de 1,83 millions d’euros – versé en 2011- en faveur de Platini pour un travail de conseiller achevé en 2002. Le président de l’UEFA est entendu comme témoin assisté. Blatter est mis en examen pour cette affaire et pour un contrat de droits TV présumé déloyal (très en-dessous des prix du marché) envers la Fifa.
8 octobre 2015 : Blatter et Platini suspendus
Le duo est épinglé par la commission d’éthique de la Fifa.. Jérôme Valcke, qui n’est alors plus secrétaire général de la Fifa, est lui aussi suspendu, tout comme Chung Mong-joon. Tous sont écartés 90 jours avec une suspension additionnelle de 45 jours qui pourrait être prononcée ultérieurement. Le 9 et 10 octobre, Platini et Blatter font appel de leur suspension. Onze jours plus tard, Platini se défend dans Le Monde. Le lendemain (le 20), la Fifa annonce que la candidature de Platini à la présidence est gelée tant qu'il reste suspendu.
24 novembre 2015 : Platini risque une radiation à vie
Dans son rapport, la commission d’éthique de la Fifa requiert une radiation à vie. Une décision qualifiée de "pur scandale" par son avocat Me Thibaud d’Alès. "Il y a clairement une volonté de nuire", ajoute-t-il.
3 décembre 2015 : De nouvelles arrestations
Deux des vice-présidents de la Fifa, Juan Angel Napout et Alfredo Hawit, sont arrêtés à l'aube à Zurich, à la demande des Etats-Unis. Dans la soirée, la ministre américaine de la Justice, Loretta Lynch, évoque un total de seize nouveaux responsables du foot, tous latino-américains, inculpés ce jour là, et qualifie d'"inconcevable" l'ampleur de la corruption présumée.
11 décembre 2015 : Le TAS maintient la suspension de Platini
Le 20 novembre, Michel Platini saisit le TAS pour annuler sa suspension de 90 jours qui l’empêche de se présenter. La réponse tombe le 11 décembre : elle est négative. Le dirigeant français reste suspendu 90 jours. La seule bonne nouvelle pour "Platoche" : la prolongation de suspension de 45 jours est désormais impossible. La semaine précédente, le JDD affirmait pourtant qu’une note de l’UEFA datée de 1998 révélait l’existence d’un "contrat oral" entre Blatter et Platini. Une preuve insuffisante cependant.
21 décembre 2015 : Blatter et Platini suspendus 8 ans
Blatter et Platini sont suspendus 8 ans de toute activité liée au football par la justice interne de la Fifa. Blatter annonce qu'il fera appel devant la chambre des recours de la Fifa, puis devant le TAS et la justice civile de son pays. Le clan Platini dénonce de son côté le "cynisme procédural" de la Fifa car les motivations de sa suspension, nécessaires pour faire appel, ne lui seront communiquées "qu'au cours de la première moitié du mois de janvier 2016" alors que les candidatures à la présidence de la Fifa doivent être définitivement enregistrées le 26 janvier.
7 janvier 2016 : La fin du rêve de Platini
Son image écornée, sa campagne au point mort, Michel Platini jette l’éponge. "Je ne me présenterai pas à la présidence de la Fifa. Je retire ma candidature", annonce Platini sur le site internet de L'Equipe. Cette décision signe la fin de son ambition – pour l’instant – de celui qui veut désormais se consacrer à sa défense. Se posent désormais les questions sur son avenir immédiat.
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