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L’avenir de Michel Platini en 10 questions

Michel Platini a conquis l’Europe comme joueur puis comme dirigeant. Le monde s’est en revanche toujours refusé à lui, sur le terrain comme au sein de la plus haute instance du football. Aujourd’hui, l’avenir de l’ancien meneur de jeu est incertain. Petit tour d’horizon de ses perspectives en dix questions.
Article rédigé par franceinfo
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Avait-il le choix de se retirer ?

Non, pas vraiment. Michel Platini était quasiment obligé de prendre cette décision. Il estime ne plus avoir le temps nécessaire ni les moyens pour mener sa campagne. La procédure actionnée par la commission d’éthique de la Fifa, qui l’a suspendu de toute activité dans le football pour huit ans, est survenue trop près de l’élection du 26 février pour permettre à Platini d’utiliser tous les recours possibles afin de se défendre et d’être éventuellement disculpé.

A-t-il eu raison de se porter candidat à la Fifa ?

Non. Cela semble bien sûr évident aujourd'hui après le scandale qui a éclaté, et la tournure qu'a pris l'affaire. Même s'il y a encore six mois, Platini faisait figure de grand favori, sa candidature l'a beaucoup affaibli. En outre, il dit s'être senti obligé de se présenter, et ce n'était visiblement pas une envie personnelle, "pas son destin", selon ses propres mots.

Son image est-elle définitivement écornée ?

Définitivement, non. Mais aujourd’hui oui, elle est écornée. Le nom de Platini était associé à la réussite et au fair-play, au contraire d’un Diego Maradona par exemple. Carrière sportive brillante, co-organisateur de la Coupe du monde 1998, président de l’UEFA depuis 2007, Platini était très apprécié dans le monde du football, et pas qu’en Europe (il dit avoir reçu 150 soutiens déclarés et une cinquantaine de promesses au lendemain de sa candidature, le 29 juillet). Cette affaire nuit clairement à son image. Même s’il n’y a pas de corruption avérée, Platini passe pour un homme d’argent.

Est-il un homme d’argent ?

Non. Il explique de lui-même que depuis ses 17 ans (ses débuts en professionnel à Nancy), le triple Ballon d'Or n'en a jamais manqué, ce qui plaide évidemment en sa faveur dans les faits qui lui sont reprochés, à savoir le paiement en 2011 d'un travail effectué environ neuf ans plus tôt. La plupart des gens qui l'ont côtoyé le confirment, à l'instar d'Alain Giresse, ou même d'un expert en la matière, Bernard Tapie.

Va-t-il rester à la tête de l’UEFA ?

Oui ou non… Reconduit par acclamation pour un troisième mandat en mars dernier, il ne peut à ce jour plus assurer cette fonction en raison de la suspension infligée par la commission d'éthique de la Fifa. Soutenu malgré tout par l'instance européenne, l'homme de 60 ans ne peut lui-même répondre à cette question, tant qu'il n'a pas pu saisir la commission de recours de la Fifa (la commission d'éthique n'ayant toujours pas donné ses motivations), et déposé un recours auprès du TAS.

Sera-t-il présent à l’Euro 2016 ?

Possible, mais peut-être pas en tant qu'officiel. Vu la lenteur des procédures (au sein de la Fifa puis le recours annoncé au Tribunal arbitral du sport), rien ne garantit la présence du président de l’UEFA. Si Michel Platini était finalement blanchi au terme de cette affaire, il pourrait non seulement assister à l’Euro en France, mais également remettre le trophée au capitaine de l’équipe victorieuse le 10 juillet prochain au Stade de France.

Sa non-candidature va-t-elle profiter à Gianni Infantino ?

Oui et non. Le N.2 de l'UEFA dont la candidature a reçu l'aval de plusieurs confédérations, peut à la fois bénéficier des 150 soutiens déclarés de Platini. Mais ce juriste de formation, peut souffrir aussi de son statut de "second couteau" de l'UEFA. D'autres adversaires, plus rompus à l'exercice des tractations politiques, à l'instar du cheikh bahreïnien Salman Al-Khalifa, pourrait en profiter.

La Fifa perd-elle un grand dirigeant ?

Oui, plutôt. Comme il l’avait annoncé, Platini a mis en œuvre le fair-play financier pour les clubs et réformé la Ligue des champions. Toujours pour favoriser les petits pays qui ont contribué à son élection, il a œuvré pour que l’Euro se déroule à 24. Il a également eu l’idée de faire de l’Euro 2020 un évènement européen (organisé dans 12 villes réparties sur l’ensemble du vieux continent). Seul bémol : son refus obstiné de l’introduction de la vidéo, ce qui ne l'a pas empêché d'être plébiscité à deux reprises (en 2011 et en 2015).

Va-t-il retenter sa chance pour la Fifa ?

A priori non. Si sa suspension de huit ans n’est pas levée, la question ne se pose pas. Si en revanche Platini est disculpé, il pourra de nouveau postuler, en 2020 (il aura à peine 65 ans). S’il écope au final d’une suspension de quelques mois, il n’aura probablement pas envie de repartir au combat au sein d’une institution qui n’a pas voulu de lui.

Michel Platini et le football, c’est fini ?

Non. S'il écope d'une suspension de seulement quelques mois, Platini retrouvera sa place à la tête de l'UEFA. On voit mal comment l'ancien meneur de jeu des Bleus et de la Juve pourrait faire une croix sur ce qui a construit sa vie depuis son enfance. Dans l'entretien qu'il accorde à L'Equipe, cet amoureux du ballon rond évoque notamment la reprise éventuelle d'un club…

Romain Bonte et Grégory Jouin

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