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Michel Platini, Sepp Blatter et le complot

Un mois après l'élection de Gianni Infantino à la présidence de la Fifa, Le Monde affirme dans son édition datée du 30 mars que Michel Platini a été victime d'un complot qui l'a empêché de prendre part à l'élection. Mis hors jeu par une affaire de "paiement déloyal", l'ex-Bleu aurait vu ses ambitions réduites à néant par Sepp Blatter. Pour le quotidien du soir, il ne fait aucun doute que des informations compromettantes ont été sciemment données à la justice suisse.
Article rédigé par franceinfo
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Et si Michel Platini avait fait l'objet d'une machination afin de ne pas pouvoir briguer la présidence de la Fédération internationale de football ? Cette hypothèse, le Français l'évoque depuis le 25 septembre 2015, date à laquelle la police judiciaire suisse l'a entendu suite à l'ouverture d'une procédure pénale contre Sepp Blatter. Pour rappel, ce dernier s'est vu reprocher "un paiement déloyal de 2 millions de francs suisses fait à Michel Platini en février 2011, au préjudice de la Fifa". Pour sa défense, Sepp Blatter, ex-patron du foot mondial pendant 17 ans, affirme que cet argent a servi à rémunérer Platini pour "des travaux effectués entre janvier 1999 et juin 2002". 

Un paiement obscur

Ce "reliquat de salaire", Platini l'a réclamé à Blatter en 2010, trois ans après avoir été élu à la tête de l'UEFA. A la demande de Markus Kattner, directeur des finances de la Fifa, le Français a alors rédigé une facture que Le Monde s'est procurée et reproduit dans son enquête. Platini y demande quatre versements de 500.000 francs suisses, soit un total de 2.000.000 de francs suisses (1,8 millions d'euros). "J'ai appelé Kattner, qui m'a confirmé la somme de 2 millions, raconte Jean-Paul Turrian, conseiller du patron de l'UEFA. La Fifa a payé les charges sociales, et Platini a payé des impôts une fois le paiement effectué, en février. On a fait en sorte de faire les choses dans les règles".

Dans les règles .... mais pas complètement, puisque, comme le stipule Le Monde, Platini "n'a pas mentionné ce paiement aux comités exécutifs de la Fifa et de l'UEFA, dont il était membre depuis 2002". La raison de ce silence de la part de l'ex-Bleu est limpide : un risque de conflit d'intérêts. Pour beaucoup, ce paiement aurait été effectué en échange du soutien de Platini à Blatter qui briguait alors un quatrième mandat à la tête de la Fifa. Cette affaire aura été un véritable coup d'arrêt dans l'ascension de Platini puisque celui-ci, suspendu 90 jours par le comité d'éthique de la Fifa, a été contraint de renoncer à être candidat à la présidence de l'instance internationale le 7 janvier 2016.

Platini sur la sellette

Afin de faire la lumière sur cette affaire, Le Monde s'est lancé dans une enquête et un mot en ressort : complot. "C'est à Zurich, en interne, qu'on a tué platini, estime ainsi un ancien dirigeant de la fédération. Le complot vient de la Fifa". Le quotidien rappelle que les rapports entre Sepp Blatter et Michel Platini ont toujours été ambivalents, oscillants entre complicité et compétition. Le premier a pris le second sous son aile et a pu voir en lui son successeur. Mais au moment de passer le relais, Blatter s'est accroché à son trône. "Il voulait éviter à tout prix que Platini soit son successeur, raconte un ancien collaborateur du Suisse. Il l'en jugeait incapable". 

L'affaire du paiement aurait pu ouvrir un boulevard à "Platoche" mais Blatter aurait, toujours selon Le Monde, choisi de l'entraîner avec lui dans sa chute. La question centrale est : comment la justice suisse s'est-elle procurée les documents concernant le paiement. "C'était impossible pour la justice suisse de trouver ce paiement par hasard dans les milliers de dossiers", fait remarquer un ancien dignitaire de la Fédération. L'enquête conclut que "la gorge profonde" serait, selon de nombreuses sources concordantes, Marco Villiger, directeur juridique de la Fifa. Et il n'aurait pu agir "sans l'appui de Blatter". Le journaliste du Monde précise enfin que Villiger est par ailleurs un proche de ... Gianni Infantino, nouveau président de la Fifa.  Si la procédure de la justice suisse est manifestement au point mort, la machination semble, elle, indéniable.

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