Michel Platini, suspendu quatre ans, une vie de réussite et une fin malheureuse
Michel Platini, l’homme à qui tout a réussi a perdu un combat d’une importance considérable. Considérable parce qu’il casse l’image d’un homme droit et intègre, considérable aussi parce que la sanction (quatre ans d’interdiction de toutes activités liées au football) remet en cause énormément de choses, considérable enfin parce qu’il est le plus grand échec de la carrière d’un homme qui n’en a connu que très peu.
Les réussites
Joueur, Michel Platini a enchanté les foules. A Nancy, à Saint-Etienne, à la Juventus Turin, avec le maillot bleu mais aussi partout dans le monde. Meneur de jeu capable de marquer des deux pieds et de la tête, Michel Platini est l’homme de l’Euro 84 pour la plupart des Français. Meilleur buteur de la compétition (neuf buts, record encore pas égalé), il est le capitaine d’une équipe de France sans doute pas à son apogée mais enthousiasmante, celui qui soulève la Coupe dans un Parc des Princes en délire. Ballon d’or cette année-là (comme en 1983 et 1985), Platini est au sommet de son art. Il fait les beaux jours de la Juventus Turin, avec qui il remporte la Coupe d’Europe des clubs champions (1985) mais aussi la Coupe des Coupes (1984), la Supercoupe UEFA (1984), la Coupe intercontinentale (1985) et deux titres de Champion d’Italie (1984 et 1986). En France, Platini ne remporte "qu’un" titre avec l’AS Saint-Etienne mais est considéré comme l'un des meilleurs joueurs ayant évolué en première division.
Cette carrière si brillante lui permet d’être le visage du football français pendant vingt ans. Quand la France organise la Coupe du monde 1998, c’est de l’image de Michel Platini dont elle se sert. En 1992, le Lorrain est nommé coprésident du comité d’organisation avec Fernand Sastre, qui décèdera trois jours seulement après le début du Mondial. Le sort tragique de ce dernier met Platini en pleine lumière, bien malgré lui il reçoit l’ensemble des louanges pour une Coupe du monde sans accroc et organisée à la perfection. L’apothéose, avec la victoire des Bleus en forme de trait d’union avec 1984, lui donne un crédit supplémentaire. De ce beau projet mené à bien, Michel Platini va se servir comme tremplin pour ses ambitions dans les instances dirigeantes du football européen, et plus tard mondial.
Car si Michel Platini regrettera sans doute longtemps d’avoir travaillé aux côtés de Sepp Blatter à partir de 1998, le football européen ne regrette pas son accession à la tête de l’UEFA le 26 janvier 2007. Son élection à la majorité absolue au premier tour aux dépens de Lennard Johansson, président de l’instance depuis 1990, montre bien la côte d’amour dont "Platoche" disposait au-delà des frontières hexagonales. A la tête du foot européen, Platini ne se fait pas que des amis. Sa volonté de promouvoir les "petites nations" symbolisée par sa réforme de la Ligue des Champions (trois équipes qualifiées directement par pays au maximum) et de l’Euro (de 16 à 24 équipes pour l’édition 2016) l’érige en chantre d’un football plus humain et moins décidé par le business. Le fair-play financier, même s’il n’est pas encore très efficace aujourd’hui, est un autre aspect qui fait de la présidence Platini tout comme son refus obstiné d'entendre parler de la vidéo dans le football. Si les critiques pleuvent autour de cette posture, très peu osent remettre en cause son bilan.
Les échecs
Si les réussites de Michel Platini sont nombreuses, il y a eu quelques échecs au cours de sa carrière professionnelle. Les deux premiers sont sans doute les plus durs à encaisser pour un homme si attaché au maillot bleu. Joueur, il a échoué deux fois en demi-finale de la Coupe du monde et n'a jamais soulevé le trophée Jules Rimet. Séville 82 reste une déchirure pour lui. Nommé sélectionneur en novembre 1988, Michel Platini vit une expérience contrastée à la tête de l’équipe de France. Il est le sélectionneur qui enchaîne 19 matches sans défaite mais il est aussi celui qui échoue à l’Euro 92. Un constat qui le pousse à démissionner en juillet de la même année. Une meurtrissure au cœur qui le fera s’éloigner des terrains.
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Au cœur des années 1980, le numéro 10 de l’équipe de France a tenté de profiter de sa notoriété pour lancer sa marque de vêtements, "10 Platini", un flop retentissant. A l’aune de ses derniers déboires, Michel Platini sourit sans doute en repensant à cette tentative dans le business. Pris dans le système Blatter, le Français s’est perdu dans les affres de la Fifa. Qu'il clame le contraire ou non, il a été jugé coupable et suspendu quatre ans en dernière instance. Il se trouve désormais devant un vide abyssal. Il sait désormais qu’il ne lancera pas officiellement l’Euro 2016 en France. Il se rappellera aussi qu'il y a un an, la présidence de la Fifa, fin logique du chemin pour lui, lui était promise et que le football mondial l'attendait comme le messie, comme l'homme qui devait remettre le terrain au centre des préoccupations. Ne lui reste plus qu’à trouver un autre défi à affronter. Une chose est sûre, ce ne sera pas dans le football. Pas pour les quatre ans à venir.
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