"S'il y a eu corruption, il faudra enlever la Coupe du monde au Qatar", juge Michel Platini
Il y a un an, le 18 juin 2019, Michel Platini était placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête du Parquet national financier sur l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. En cause, un déjeuner en date du 23 novembre 2010, auquel ont participé le président de la République Nicolas Sarkozy, l'émir du Qatar Tamim Al-Thani, et le président de l'UEFA de l'époque. Un an après cette garde à vue, Michel Platini est revenu en longueur, dans un entretien accordé au Monde publié ce dimanche, sur le processus d'attribution du Mondial 2022 au petit émirat du Golfe.
"Je voulais que cette Coupe du monde se joue dans tous les pays du Golfe et pas uniquement au Qatar", précise l'ancien président de l'UEFA (2007-2015) qui explique qu'il a pris seul la décision de voter en faveur de l'émirat pour l'attribution du Mondial 2022. "Je n'ai jamais senti de pression de l'Élysée", ajoute Platini. Une pression qu'aurait ainsi pu subir l'ancien n°10 des Bleus lors de ce déjeuner de novembre 2010, qui lui a donc valu une garde à vue l'année dernière. "Je ne serais sans doute pas venu si j'avais été prévenu de la présence des Qataris", explique Michel Platini, qui souhaitait initialement "voir Sarkozy seul", pour lui dire "pour qui [il] allait voter". "On n'a jamais parlé de la Coupe du monde le jour de ce déjeuner", tient tout de même à préciser Platini.
"Quand tu votes, tu fais un choix selon tes convictions profondes"
Depuis, l'attribution de la Coupe du monde au Qatar provoque de nombreuses polémiques, notamment autour des ouvriers qui travaillent sur les sites de construction des stades. "Quand tu votes, tu ne sais pas qu'il va y avoir des morts sur les chantiers", explique Platini, pour qui, "quand tu votes, tu fais un choix selon tes convictions profondes". "Qu'un pays arabe-musulman ait la Coupe du monde, c'était mieux que de la redonner aux autres". Alors que l'enquête concernant des soupçons de corruption de la part du Qatar pour obtenir l'attribution du Mondial 2022 est encore en cours, l'ex-président de l'UEFA assure au Monde qu'il "faudra enlever la Coupe du monde au Qatar" si il y a eu corruption, avant d'ajouter : "Ce serait de la responsabilité de la FIFA".
Platini précise par ailleurs que "les autorités suisses ont regardé tous mes comptes. Il n'y a pas un centime du Qatar." Après avoir porté plainte contre X en septembre 2018 car il juge avoir été victime d'un complot afin de l'empêcher d'accéder à la présidence de la FIFA, l'ancien Bleu a précisé au Monde qu'il pourrait se tourner vers celle de la FIFPro. "Pourquoi pas ?", a-t-il déclaré. Également interrogé sur les conséquences du Covid-19 sur le monde du football, Platini a répondu "aucune à long terme", jugeant que "le système sera toujours plus fort. Il va reprendre, s'accélérer".
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