: Vidéo "Soit on me blanchit complètement, soit je me casse" : Platini aurait-il réclamé l’aide du président Macron en plein Qatargate ?
"Qatar 2022 : un scandale français ?", un document de "Complément d'enquête" en collaboration avec la Cellule Investigation de Radio France, revient sur l'une des surprises de la fin 2010 : l'attribution de l'organisation du Mondial de foot au Qatar. Une décision entachée de soupçons de corruption, et un Qatargate qui semblait inquiéter Michel Platini – au point, pour l'ancien patron de l'UEFA (Union des associations européennes de football), de rechercher du soutien au sommet de l'Etat...
Comment un petit pays du Golfe a-t-il pu arracher la Coupe du monde de football aux Etats-Unis, grand favori ? C'est lors d'un déjeuner à l'Elysée que le vote aurait basculé en faveur du Qatar. Fin 2010, il réunissait le président Sarkozy, le cheikh Tamim, prince héritier du Qatar, et Michel Platini, alors patron de l'UEFA. Nicolas Sarkozy aurait-il offert la voix de l'ancienne gloire du foot français, réputé capable d'influencer les autres votants, aux Qataris en échange de certaines contreparties ? L'ex-président a toujours nié... Quant à Michel Platini, cette affaire de Qatargate semble l'inquiéter.
Platini furieux d'être placé en garde à vue
Selon des révélations de Mediapart, Michel Platini a été reçu à l'Elysée en mars 2018. Accompagné de l'un de ses amis, le journaliste Jacques Vendroux, il serait venu solliciter l’aide du président Macron, à qui il a remis une note sur sa situation judiciaire.
Un an plus tard, Platini est placé en garde à vue. Mis sur écoute, il laisse éclater sa colère contre Emmanuel Macron lors d'une conversation téléphonique, dans laquelle il menace de quitter la France : "Soit on me blanchit complètement, soit je me casse ! Au revoir, et c'est fini." Il contacte aussi Jacques Vendroux, qui s'engage à essayer d'en parler en privé avec E. Macron, après un entretien sur FranceInfo. Le journaliste n'en aura finalement pas la possibilité, mais il en discute avec le conseiller aux sports du président. Une conversation qu'il rapporte ainsi à Platini : "Je lui ai simplement dit : 'Putain, là, c'est chaud, ce que vous avez fait à Michel : la garde à vue, etc. Il ne le prend pas très bien. Même très mal.' Il m'a dit : 'Oui, je sais.' C'est tout."
"Cher Platoche", "bravo, merci, et revenez"
Le message a-t-il été reçu ? Quatre mois plus tard, devant un invité très ému, Thomas Sotto diffuse à l'antenne de RTL quelques phrases enregistrées par Emmanuel Macron à l'intention de son "cher Platoche" : "Vous avez fait rêver des générations entières dont la mienne. Et donc merci pour ça. Je sais que les dernières années ont été dures, que les blessures ont parfois été profondes, que le sentiment d'injustice, aussi, est là. Et au fond, j'avais un message, c'est ce message d'admirateur. Bravo, merci, et revenez. Ça me ferait plaisir."
Pour Elise Van Beneden, la présidente de l'association Anticor, qui s'est portée partie civile dans cette affaire, il s'agit d'une déclaration "inadaptée à la mission d'un président de la République". Elle n'a "aucun doute que la justice l'ait interprétée comme une forme de pression". "Complément d'enquête" a contacté l'Elysée au sujet de cet épisode sans recevoir de réponse, mais Mediapart a obtenu celle-ci : le président aurait juste souhaité adresser un message amical au footballeur.
Extrait de "Qatar 2022 : un scandale français ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 13 octobre 2022.
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