Nasser Al-Khelaïfi, patron de beIN Media, entendu par la justice en Suisse
C'est en qualité de patron de beIN Media que le Qatari de 43 ans, Nasser Al-Khelaïfi, doit s'expliquer. Ce proche de l'émir du Qatar est arrivé en toute discrétion mercredi matin, échappant aux caméras qui l'attendaient à l'extérieur. "Nous avons commencé à interroger le prévenu vers 09H45 ce matin dans le bureau du procureur général de Suisse", a indiqué André Marty, porte-parole du procureur, à la vingtaine de journalistes, dont l'AFP, présents devant le bâtiment. "Cela va prendre des heures, pour des raisons de traduction mais aussi en raison des nombreuses questions que nous avons et des réponses que nous souhaitons avoir de la part du prévenu", a poursuivi M. Marty, précisant que le président du PSG était arrivé vers 09H30. Il précise que l'audition pourrait se prolonger au-delà de la journée de mercredi. "C'est bien possible que ça dure plus qu'un jour. Dans ce cas, une nouvelle date devrait être fixée avec les avocats et le prévenu, et il se pourrait bien que ce ne soit pas pour demain (jeudi)," a expliqué le porte-parole du ministère public de la Confédération.
L'affaire a éclaté le 12 octobre, quand la justice suisse a révélé l'ouverture d'une enquête pour "corruption privée" présumée dans l'attribution des droits médias des Coupes du monde 2026 et 2030, visant Al-Khelaïfi, corrupteur présumé, et Valcke, corrompu présumé. Mais ce n'est pas le début de l'histoire. Le ministère public de la Confédération (MPC) a en réalité lancé sa procédure le 20 mars 2017, une enquête qui a conduit à une opération "coordonnée", menée simultanément en France, en Grèce, en Espagne et en Italie.
Villa sarde saisie
Pour le volet français, le 12 octobre, les bureaux parisiens de la chaîne de télévision qatarie beIN Sports ont été perquisitionnés par les services du parquet national financier (PNF) français. Le lendemain, une villa à Porto Cervo, marina de carte postale en Sardaigne, estimée à 7 millions d'euros, a été perquisitionnée et saisie par la police italienne. Cette dernière soupçonne que cette résidence "constitue le moyen de corruption utilisé par Nasser Al-Khelaïfi (...) à l'encontre (de Jérôme Valcke) pour acquérir les droits télévisés" incriminés.
Nasser Al-Khelaïfi ne s'est pas exprimé publiquement jusqu'ici. Me Francis Szpiner, son avocat, avait expliqué mercredi dernier à l'AFP que son client "contestait toute corruption" et "souhaitait être rapidement entendu à sa demande par le ministère public de la Confédération suisse". Les grandes lignes de défense de celui que tout le monde appelle "Nasser" dans le milieu du ballon rond sont néanmoins connues dans les grandes lignes. Son entourage affirme depuis le début que beIN Media n'avait pas de concurrent pour l'acquisition des droits concernés, pour les zones Afrique du Nord et Moyen-Orient. Et un porte-parole du groupe audiovisuel a soutenu à l'AFP que le contrat passé était "le plus avantageux possible" pour la Fifa.
"Je n'ai rien reçu de Nasser"
Valcke a déjà été entendu par la justice suisse et s'est également défendu de tout délit ou toute infraction. "Je n'ai rien reçu de Nasser", a clamé dans L'Equipe le Français de 57 ans, déjà suspendu, par la Fifa, pour dix ans de toute activité liée au football, pour d'autres affaires. "Nasser" n'est pas seulement visé par la justice civile suisse. La justice interne de la Fifa a dévoilé le 13 octobre l'ouverture d'une enquête préliminaire le concernant le boss de beIN Media. Une autre instance sportive s'intéresse à lui, pour d'autres motifs cette fois. L'UEFA enquête ainsi depuis la fin du marché des transferts pour savoir si le PSG a enfreint ou non le fair-play financier (FPF). Sont visés le recrutement des attaquants Neymar et Kylian Mbappé pour les sommes records de 222 millions d'euros (payés pour le transfert du premier en provenance de Barcelone) et 180 millions d'euros (dans le cadre d'un montage pour un prêt de Monaco).
Le FPF stipule qu'un club ne doit dépenser plus qu'il ne gagne, même s'il est adossé à un actionnaire/mécène richissime, comme le Qatar, propriétaire du PSG par le biais d'un fonds d'investissement souverain depuis l'été 2011.
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