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Affaire Noël Le Graët : "La fin de son mandat est proche", estime le président du Conseil national de l’éthique de la FFF

Les inspecteurs de l'IGESR ont remis mercredi leur rapport d'audit définitif sur la Fédération française de football. Ils estiment notamment que "les dérives de comportement" de Noël Le Graët "sont incompatibles" avec ses fonctions.
Article rédigé par franceinfo
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Le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graet, donne une conférence de presse à Paris, le 12 juillet 2016. (ALAIN JOCARD / AFP)

"Je pense que la fin du mandat du président Le Graët est proche", estime mercredi 15 février sur franceinfo Patrick Anton, le président du Conseil national de l’éthique de la FFF après qu'une synthèse de l'audit final sur le fonctionnement de la FFF confirme ce jour que des "dérives de comportement" de Noël Le Graët sont "incompatibles" avec les fonctions de président de la FFF.

>> Fédération française de foot : ce que révèle le rapport d'audit définitif sur Noël Le Graët

Ce rapport a été remis à la ministre des Sports. Pour le président du Conseil national de l’éthique de la FFF, "il y a trop de problèmes listés au terme de ce rapport". Sur la responsabilité du Comex, Patrick Anton estime "qu'on peut se poser la question de savoir s'ils n'auraient pas dû agir parce qu'il est probable qu'un certain nombre de faits aient été portés à leur connaissance."

franceinfo : Noël Le Graët peut-il encore se maintenir à la tête de la Fédération après ces conclusions ?

Patrick Anton : Oui puisque c'est lui qui prendra la décision mais il est évident qu'après tous les faits qui ont été énoncés par la ministre et qui ne sont que la reprise du prérapport, je pense que la fin du mandat du président Le Graët est proche. Il y a trop de problèmes listés au terme de ce rapport.

Il n'y en aurait qu'un que ce serait déjà important mais là on a tout de même un problème de gouvernance, un problème de comportement inapproprié avec les femmes et envers l'alcool, des déclarations publiques… Il y a trop de motifs, de mon point de vue, qui font qu'effectivement il doit aujourd'hui laisser la place à son successeur. Maintenant la question c'est : dans quelles conditions la transition va se faire ?

Il est question ici à la fois de l'image de Noël Le Graët mais aussi plus largement de l'image du football français et du fonctionnement de toute la Fédération, comment sortir de cette situation ? Quels sont les scénarios ?

Les scénarios, on les connaît depuis un moment, ce ne sont que des scénarios statutaires. C'est soit, s'il ne démissionne pas, la démission de tout le Comex ce qui entraînerait une nouvelle assemblée générale et donc l'élection d'un nouveau président et d'une nouvelle liste. Soit c'est une convocation à la demande de la Haute autorité du football. Soit c'est une demande de 25% des grands électeurs, c'est-à-dire des districts et des ligues. Soit enfin - ce qui pourrait nous concerner plus personnellement au Comité national d'éthique - une transmission qui sera faite du dossier par le Comex au Comité d'éthique en vue d'une sanction disciplinaire. Je rappelle le Comité d'éthique n'a pas la possibilité de sanctionner, il n'a que le pouvoir de diriger un dossier vers une Commission de discipline, charge à elle de sanctionner ou pas.

Toutes les prises de parole de Noël Le Graët ces dernières semaines traduisent une incompréhension de sa part vis-à-vis de la situation, est-ce que ça a évolué avec le temps ?

Je ne sais pas si la situation a évolué puisqu'on n'a pas de prise de parole du président. Je n'ai aucun contact avec lui. Mais j'espère qu'elle a évolué. Seul le Comex nous permettra de dire s'il a pris la décision effectivement de démissionner. 

"Ce que je crains, c'est qu'il y a malgré tout une perte de lucidité chez cet homme qui fait qu'il ne prendra peut-être pas la décision de démissionner. On sera très rapidement fixés."

Patrick Anton, le président du Conseil national de l’éthique de la FFF

à franceinfo

Il a fallu un audit commandité par le ministère des Sports pour faire apparaître une réalité que les membres du Comité exécutif pouvait avoir sous les yeux. N'y a-t-il pas une forme de responsabilité collective dans cette situation ? 

Effectivement on peut se poser la question de savoir s'ils n'auraient pas dû agir parce qu'il est probable qu'un certain nombre de faits aient été portés à leur connaissance. Maintenant, tout le monde sait que le président Le Graët fonctionnait un peu de manière dictatoriale et qu'il ne laissait pas forcément suffisamment la parole aux membres du Comex pour donner leur point de vue.

Si une assemblée générale a lieu et qu'il y a de nouvelles élections alors il faut en profiter pour qu'il y ait une assemblée générale extraordinaire avec une modification des statuts. Et dans les modifications qui interviendront, il y en a une qui me paraît indispensable c'est qu'on arrête le système des listes bloquées, c'est-à-dire que celui qui brigue la place de président vient avec sa liste de membres, il faut donc une liste avec une proportionnelle comme ça se produit dans certaines Fédérations. Il faut qu'il y ait des contre-pouvoirs qui s'exercent.

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