Avec la Belgique comme avec l’OM, Batshuayi a la gâchette facile
Appelez-le "Lucky Luke". Depuis quelques semaines, Michy Batshuayi dégaine plus vite que son ombre. Samedi soir, 193 secondes lui ont suffi pour marquer de son empreinte sa première sélection. L’attaquant marseillais a parachevé la promenade belge face à Chypre (5-0). Marc Wilmots venait tout juste de le lancer dans le grand bain international, à la place de Christian Benteke. Le patron des Diables Rouges a eu du flair. En même temps, vu le rendement actuel de Batshuayi, son pari n’avait rien d’osé. Car avec l’OM, il affole les compteurs. La preuve, avec ces chiffres, lourds de sens :
3
En Ligue 1, Batshuayi reste sur trois doublés consécutifs en trois déplacements. Trois doublés, pour autant de rentrées gagnants : à Saint-Etienne (2-2), il ne lui a fallu que 55 secondes pour égaliser ; à Toulouse (1-6), il n’a eu besoin que de 96 secondes pour mettre son équipe sur les rails ; contre Lens (0-4), il a débloqué l’OM en tout début de seconde période, après seulement 38 secondes de présence sur la pelouse du Stade de France.
5
Sur ses huit réalisations en Championnat, cinq ont été signées après son entrée en jeu. Cela fait de l’ancien buteur du Standard de Liège le remplaçant le plus décisif des championnats européens, à égalité avec Papiss Cissé (Newcastle), Kevin Gameiro (FC Séville) et Luciano Vietto (Villarreal).
90
Huit buts en 717 minutes de jeu, soit un toutes les 90 minutes. Batshuayi est tout simplement l’attaquant de Ligue 1 qui marque le plus fréquemment. Même le Lyonnais Alexandre Lacazette (un but toutes les 97 minutes) et le Parisien Zlatan Ibrahimovic (un but toutes les 102 minutes) peuvent aller se rhabiller. En Europe, ils ne sont que quatre à afficher un rendement supérieur : Cristiano Ronaldo (Real Madrid, un but toutes les 72 minutes, Bas Dost (Wolfsburg, un but toutes les 76 minutes, Lionel Messi (FC Barcelone, un but toutes les 77 minutes) et Duvan Zapata (Naples, un but toutes les 85 minutes). Sacrées références !
Kompany avait tout prédit
En marquant dès sa première cape, Batshuayi n’a pas seulement surfé sur cette belle dynamique. En réalité, il a "vécu un rêve éveillé". Alors forcément, il "a eu du mal aussi à trouver le sommeil". "J'ai regardé mon but déjà plusieurs fois sur Internet, confiait-il le lendemain. J'ai reçu beaucoup de félicitations et de messages après le match."
Evidemment, celles de ses coéquipiers en sélection. Axel Witzel n’a pas manqué de souligner la prestation d’un "joueur fantastique avec de très grandes qualités, qui peut devenir un des plus grands attaquants au monde." Vincent Kompany, le capitaine des Diables Rouges, a loué son "énorme progression". "C’est un buteur. Avant le match, je lui ai dit : 'Prépare-toi car tu vas rentrer et tu vas marquer'. J’attends maintenant qu’il paie le champagne (rires). C’est bien d’avoir des jeunes qui arrivent dans le groupe."
"Avec Gignac, ce n’est pas une concurrence. C’est un ami"
Batshuayi n’a que 21 ans. Mais au rythme qui est le sien, "il peut, selon les mots de Marc Wilmots, devenir un garçon important pour l’avenir de la sélection". Pour la sélection et pour l’OM. A Marseille, le joueur d’origine congolaise est devenu une vraie alternative à André-Pierre Gignac, 16 buts en 30 matches de L1 cette saison. Ou plutôt, un concurrent de taille. "Ce n’est pas une concurrence, assurait récemment Batshuayi sur le site officiel du club phocéen. C’est un ami avant tout. On a de très bons rapports, même en dehors du club. On s’envoie des messages, même la nuit. Il a un caractère que j’aime bien, il est direct, il ne tourne pas autour du pot. Je le regarde pendant les entraînements, quand je suis sur le banc, sur le terrain. C’est son championnat, il le connaît par cœur."
L’an prochain, Gignac évoluera peut-être encore en Ligue 1. Mais sans doute plus à Marseille. Les dirigeants olympiens ont prévu le coup en faisant venir Batshuayi de Belgique l’été dernier. C’est écrit, gravé dans le marbre : le successeur annoncé de Dédé, c’est Michy. En attendant, dimanche soir, l’un des deux débutera sur le banc le choc face au PSG. Pour l’heure, "Batsman" ne se projette pas sur cette échéance capitale dans la course au titre. Pas encore : mardi soir, sa sélection joue un match important en Israël, comptant pour les éliminatoires de l’Euro 2016. Il espère avoir encore sa chance. Mais s’efforce de "garder les pieds sur terre". A Jérusalem, il sera en balance avec le Lillois Divock Origi. "Comme tout le monde, j'ai envie de jouer. Mais samedi, je trouvais déjà fantastique d'être sur le banc." Dès qu’il en est sorti, il a claqué. La force de l’habitude.
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