Ligue Europa : OM, l'expérience en bouclier pour parer l'Atalanta et rêver d'une quatrième finale
Casquette vissée sur le crâne et sourire bien accroché jusqu'aux oreilles, Jean-Louis Gasset savoure. A 71 ans, le pompier de service appelé à la rescousse de l'OM cet hiver va disputer sa première demi-finale européenne en tant qu'entraîneur principal, jeudi 2 mai, face à l'Atalanta Bergame. Alors, à la veille du match aller au Vélodrome, l'entraîneur phocéen profitait du moment, tout en affichant un calme olympien, à l'image de l'OM, pourtant loin d'être favori de sa demi-finale.
"Ici, ce n’est pas un club mais une ville entière qui joue une demi-finale de coupe d’Europe", a résumé le technicien qui, en quelques mois, a pris la température d'un club et d'une ville qui se subliment sur la scène continentale. Ce n'est pas la saison en cours qui changera la réputation de l'OM, très loin de ses objectifs de podium en Ligue 1 (7e), mais en course pour disputer une quatrième finale de Ligue Europa en 25 ans, après celles de 1999, 2004 et 2018. Avant cela, il faudra passer l'obstacle des demi-finales : cela tombe bien, l'OM n'a jamais été éliminé à ce stade en C3.
Le Vélodrome, forteresse imprenable
C'est donc avec une certaine force de l'habitude que Marseille aborde ce dernier carré de Ligue Europa, quand bien même se dresse devant lui l'Atalanta Bergame, bourreau de Liverpool au tour précédent. Une équipe méconnue du grand public français, mais encensée par Jean-Louis Gasset : "Ce n’est pas le nom le plus ronflant qu’on ait eu à jouer dans cette coupe, mais c’est la meilleure équipe qu'on ait eue à affronter. L’entraîneur est là depuis huit ans, il a consolidé son équipe année après année, et il titille les gros du championnat italien. C’est un effectif de très haut niveau."
L'entraîneur de l'OM a d'ailleurs prévenu : "Il faut se préparer à un combat. C’est une équipe qui veut vous défier". Un combat que les Marseillais abordent avec un effectif qui tire la langue, physiquement, mais avec plusieurs retours de l'infirmerie ces derniers jours, dont ceux de Jonathan Clauss, Ismaïla Sarr et Quentin Merlin. "On est sur une dynamique depuis Benfica, même si on n’a pas été mirobolants. On a le bon état d’esprit. Il faut le maintenir, apprécie Jean-Louis Gasset. Contre l’Atalanta, il va falloir monter encore le curseur d’un cran, ensemble, avec notre public."
Le coach phocéen le sait bien : dans ces grands rendez-vous, l'une des forces de l'OM, c'est son public et son stade. Cette saison, seul le PSG s'y est imposé, en Ligue 1. "Le Vélodrome fait partie de l'événement, à nous de l’utiliser de la bonne façon", espère Jonathan Clauss, A eux de nous pousser et à nous d’utiliser cette force. Le Vélodrome peut impressionner, perturber l’adversaire. A nous d’utiliser ces 10% de perte de confiance de l’adversaire". Même si l'Atalanta Bergame a prouvé à Anfield, face à Liverpool, qu'elle ne craignait pas les ambiances mythiques.
"Jeudi, ils vivront l’enfer du Vélodrome. Si seulement les matchs à domicile comptaient, nous serions deuxièmes de la Ligue 1, a rappelé Pablo Longoria, le président marseillais, à la Gazzetta dello Sport. Marseille entretient un lien particulier avec l'Europe ; ce n'est pas un hasard si c'est le seul club français à avoir remporté la C1. Nous espérons que notre ADN fera également la différence face à l'Atalanta."
L'Italie, ça les botte
Ce lien avec l'Europe, l'OM l'a souvent tissé face à des clubs italiens. Ainsi, à l'heure de défier l'Atalanta Bergame, les souvenirs de l'AC Milan 1991 (en quarts de finale de la Coupe des clubs champions), Bologne 1999 (demi-finale de la Coupe de l'UEFA) ou l'Inter Milan 2004 (quarts de finale de la Coupe de l'UEFA) et 2012 (8es de finale de la Ligue des champions) resurgissent. En six doubles confrontations face à des clubs de la Botte, Marseille s'est qualifié cinq fois pour un total de cinq victoires, deux nuls et quatre défaites en 11 matchs. Les plus optimistes rappelleront aussi la victoire en finale de Ligue des champions 1993 face à l'AC Milan, même si, neuf ans plus tard, c'est contre Parme que l'OM s'était incliné en finale de Ligue Europa.
Au-delà de son histoire, l'OM s'appuie sur son vécu européen. Dans le vestiaire actuel, plusieurs joueurs (Chancel Mbemba, Jordan Veretout, Geoffrey Kondogbia,...) possèdent une expérience solide des joutes continentales. Et parmi eux, Pierre-Emerick Aubameyang. Meilleur buteur de cette édition de la C3 avec 10 réalisations, mais aussi de l'histoire de la Ligue Europa, le Gabonais a effacé des tablettes (en ajoutant ses deux buts en tour préliminaire de la Ligue des champions) le record marseillais sur une saison européenne signé Didier Drogba, en 2004 (11 buts).
Avec 13 buts sur la scène continentale, et 27 au total, il n'est plus qu'à cinq longueurs des 32 réalisations de la légende ivoirienne en 2003-2004. "C’est un grand professionnel, avec beaucoup de sérénité et de confiance en lui. Il transmet tout ça. Il nous a appris à prendre du recul parfois sur les périodes compliquées", reconnaît ainsi Jonathan Clauss. Buteur en seizièmes, en huitièmes et en quarts de finale, Aubameyang sera évidemment le principal atout phocéen pour faire plier l'Atalanta Bergame.
Si Marseille a le vécu historique, les Italiens montrent une belle progression ces dernières années. Européens lors de six des sept dernières saisons, les Bergamasques restent notamment sur un quart de finale de Ligue Europa, eux qui ont également disputé un huitième (2021) et un quart (2020) de finale de Ligue des champions ces dernières saisons.
Et si les statistiques font de l'OM l'équipe qui a le moins de chance de rejoindre la finale, les Marseillais se rappelleront que c'était déjà le cas avant leur quart de finale face à Benfica. "Oui, on peut de nouveau se qualifier au courage. Il faudra d’autres ingrédients mais le courage en fait partie...", souligne Jonathan Clauss.
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