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Mort de Bernard Tapie : "showman hors norme", "bonimenteur", "flamboyant"... L'ancien dirigeant truste les Unes de la presse

Si l'ensemble des médias s'accorde pour saluer la vie romanesque de Bernard Tapie, disparu dimanche, les opinions divergent quant à sa personnalité et son bilan. 

Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La Une de la presse nationale le lundi 4 octobre 2021, au lendemain de la disparition de Bernard Tapie. (Franceinfo: sport)

Bernard Tapie, emporté par un cancer dimanche à l'âge de 78 ans, ne laissait personne indifférent. Et c'est en toute logique que cette pluralité d'émotions se retrouve dans les gros titres de la presse nationale lundi 4 octobre. Sa carrière politique est entachée de zones d'ombre mais celle de dirigeant sportif, que ce soit dans le cyclisme ou le football, est unanimement saluée pour ses résultats. Même si, là encore, les méthodes employées pour y parvenir, font grincer des dents. 

"A jamais le boss", titre ainsi L'Equipe, rappelant ainsi que Bernard Tapie fut le premier, et jusqu'à aujourd'hui le seul dirigeant, à amener un club français au sommet de l'Europe avec cette inoubliable victoire en Ligue des champions (1993). Le quotidien rappelle que, pour parvenir à ses fins, Tapie savait utiliser un "pouvoir de séduction peu commun". Le côté séducteur de l'ancien dirigeant est souvent cité, mais c'est aussi pour mettre en exergue le fait que cette séduction était souvent mise au service d'une ambition démesurée. "Bernard Tapie a interprété son plus grand rôle en humanisant et réhabilitant l'image de patron aux yeux des Français. Et en laissant penser que parti de rien, chacun pouvait y arriver, réussir et même faire fortune", rappelle le Courrier Picard

La Une du Courrier Picard sur la mort de Bernard Tapie, le 4 octobre 2021 (Le Courrier Picard)

Un héros de fiction 

Une idée de success story à la française reprise par L'Est Républicain : "À la fois menteur et victime. Il n'incarnait pas la réussite, il instillait dans chacun de nous cette idée magnifique de rendre l'improbable toujours possible. Et il aura tout vécu, sauf la demi-mesure". Cette vie d'aventurier, soulignée par l'ensemble des médias, n'est pas sans évoquer un personnage de roman. "Mi comte de Monte-Cristo, mi Jean Valjean", glisse Le Figaro. Mais, comme tous ces personnages fictifs, Bernard Tapie avait lui aussi une personnalité contrastée, voire extrêmement clivante. "Libre, insaisissable, génial, insupportable, parfois infréquentable", résume L'Union

Bernard Tapie en Une de L'Union, du lundi 4 octobre 2021. (L'Union)

Dans le monde du sport, le bilan de l'ancien patron est évidemment assombri par l'affaire OM-VA. Libération évoque ainsi un "bonimenteur", un  "bandit sympathique qui, à force de tout oser, lui a fait croire qu'elle était plus forte qu'elle ne l'était". Pour autant, malgré les affaires, Bernard Tapie est parvenu jusqu'au bout à conserver une certaine cote de sympathie. "Il n'a jamais prétendu être un grand homme mais l'hommage universel de ses concitoyens prouve combien il était des nôtres. Nanar était un peu notre pote à tous. Il était de la famille des hommes", écrit La Charente Libre.

Tellement humain dans ses dérives, ses excès, Bernard Tapie ne l'était pas dans ses accomplissements. Les Dernières Nouvelles d'Alsace osent une comparaison qui n'aurait certainement pas déplu à ce grand passionné de cyclisme : "Il était hors catégorie. Comme ces cols mythiques du Tour de France qui impressionnent vue d'en bas, essoufflent si on essaie d'en suivre le tracé, offrent lumière et ravissement tout en haut".

La Une des Dernières Nouvelles d'Alsace sur la mort de Bernard Tapie, le 4 octobre 2021 (Les Dernières Nouvelles d'Alsace)

Rival de Berlusconi

Les aventures et le combat contre la maladie de ce personnage "bigger than life" aura dépassé les frontières. A la fois double et rival de Silvio Berlusconi, homme d'affaires et patron du grand AC Milan, Bernard Tapie est salué dans la Gazzetta dello Sport qui ne pouvait pas ne pas rappeler que le Français a été celui qui a failli faire venir Diego Maradona à l'OM (article payant).  

La belle Une de La Dépêche du lundi 4 octobre, avec cette photo de Bernard Tapie en noir et blanc. (La Dépêche)

La Belgique a également suivi de près le destin exceptionnel de ce self made man qui avait, du temps de la splendeur de l'OM, fait de Raymond Goethals une véritable star. L'entraîneur belge fut en effet celui qui propulsa le club marseillais vers la victoire en Ligue des champions et les joutes verbales de "Raymond la science" avec son ancien président sont passées depuis longtemps à la postérité. Le quotidien Le Soir revient ainsi sur la mort du dirigeant français, soulignant lui aussi la dualité de Bernard Tapie avec ce titre : "Le bonimenteur magnifique" (article payant)

Enfin, en Angleterre, la BBC constate dans son édition numérique que 'Bernard Tapie a toujours affronté les hauts et les bas de sa vie avec panache et que, jusqu'au bout, il aura été une figure fascinante de la France".

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