Football : les questions qui se posent après la suspension de Paul Pogba pour dopage

Le milieu de terrain de 30 ans, champion du monde en 2018, a été suspendu quatre ans par le tribunal antidopage italien, jeudi.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Paul Pogba lors d'un match de Serie A entre la Juventus et Empoli, le 3 septembre 2023. (AFP)

Un coup de massue pour Paul Pogba. Le milieu de terrain de la Juventus et de l'équipe de France a été suspendu quatre ans par le tribunal antidopage italien, jeudi 29 février. Cette sanction fait suite à un contrôle positif à la testostérone le 20 août dernier en marge d'un match de championnat, pour lequel le joueur de 30 ans était suspendu à titre provisoire depuis mi-septembre. Des conséquences pour sa carrière sur le terrain aux suites de l'affaire, franceinfo: sport fait le point sur les questions qui se posent désormais.

Peut-il encore jouer ?

Suspendu par le tribunal national antidopage italien, Paul Pogba ne va pas pouvoir retrouver les terrains, ni dans la Botte, ni autre part. "En général, les sanctions pour dopage s’étendent à toutes les compétitions : c’est la licence qui est suspendue et qui empêche l’athlète de participer à toutes les compétitions, explique Julie Gliksman, avocate en droit pénal et droit du sport au barreau de Versailles. Elles sont sévères et strictes parce que l’effet dissuasif est recherché."

"La sanction va être globale dans l’esprit, puisque les normes qui sont adoptées le sont sur le fondement d’une convention de l’Unesco datant de 2005 et l’adoption du code mondial antidopage", abonde Bruno Valente, avocat spécialisé en droit du sport. Dans le monde du football, le code mondial antidopage a notamment été signé par la Fifa.

Avec cet éloignement des terrains le contrat de Pogba avec la Juventus, qui court jusqu'en 2026, risque d'être remis en question. "Pour le moment, ils l’avaient exclu des camps d’entraînement et avaient réduit sa rémunération au minimum syndical. Maintenant, va se poser la question de la résolution de son contrat, ce qu’ils peuvent demander au regard de la sanction prononcée, sur la base des accords collectifs qui concernent les joueurs de foot, les sociétés et la Serie A", indique Bruno Valente.

Quelles sont ses actions possibles ?

La décision du tribunal antidopage italien n'est pas finale et Paul Pogba possède une voie de recours : l'appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). "Pour les sportifs qui ont un profil international, on a une disposition propre du code qui renvoie devant le TAS", explique Bruno Valente. Les délais d'appel sont plutôt "rapides", estime l'avocat. Le tribunal précise que pour la procédure d'appel, "une sentence doit être rendue dans les trois mois suivant le transfert du dossier à la formation. En cas d’urgence et sur requête, le TAS peut, à très bref délai, ordonner des mesures provisoires ou suspendre l’exécution d’une décision dont il est fait appel."

Cet appel n'est en outre pas suspensif. "De toute façon, il était déjà suspendu provisoirement. Même s’il y a l’appel, la mesure restera active, il restera éloigné des terrains", rappelle Bruno Valente. Dans un message partagé sur son compte Instagram, Paul Pogba a annoncé son intention de faire appel devant le TAS.

Peut-il voir sa sanction réduite ?

Lors de cet appel, toute l'affaire sera plaidée à nouveau et d'éventuels nouveaux éléments pourraient être apportés au dossier. Mais la sanction ne pourra pas être réduite si le TAS considère que le dopage est prouvé. "Le barème des quatre ans est la sanction encourue quand le dopage est avéré", rappelle Julie Gliksman. "Si la défense n'arrive pas à montrer l'absence de volonté de se doper, la sanction sera maintenue. Y échapper, c'est arriver à démontrer l'absence de volonté."

Paul Pogba aurait pu bénéficier d'une réduction de sanction s'il avait fait le choix de négocier. "Il faut garder à l’esprit qu’ils avaient refusé de négocier avec le parquet national antidopage italien, ce qui lui aurait peut-être permis d’avoir une sanction moindre, puisque quand vous négociez et vous admettez votre culpabilité, on vous réduit votre peine, souvent de moitié", explique Bruno Valente.

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