Eric Roy : "Liverpool n'a aucune faille, ils ont été injouables cette saison"
Ca y est, Liverpool est officiellement champion, à sept journées de la fin. Quel est votre sentiment sur ce sacre ?
Eric Roy : "Ils ont largement mérité leur titre, ils ont survolé le championnat dès le départ. Et survoler le championnat d'Angleterre, ce n'est pas le faire comme au Portugal avec Benfica ou Porto, ou maintenant en France avec le PSG. Il y a beaucoup plus d'adversité pour Liverpool que dans certains autres championnats. Ce n'est clairement pas un titre au rabais."
Quelle est la principale force des Reds selon vous ?
E.R. : "Liverpool possède de grandes individualités, mais ce qui se dégage avant tout, c'est une grande force collective. C'est une équipe très forte, qui en plus a plusieurs visages. Elle domine les matches 99% du temps, à part peut-être contre Manchester City. Quand elle domine, elle est capable de créer un jeu construit. Et c'est l'équipe la plus dangereuse d'Europe quand l'adversaire a le ballon parce qu'à la récupération, cela peut aller très, très vite. Avec Watford, au match aller, on avait fait un très bon match avec beaucoup d'occasions, mais elle nous avait crucifié sur deux contre-attaques, dont une à partir d'un corner en notre faveur ! Ils ont un des meilleurs joueurs du monde à toutes les lignes, Alisson comme gardien, van Dijk en défense, un milieu où tout le monde travaille et est talentueux et un trio super complémentaire devant. C'est une équipe qui a été toute la saison assez extraordinaire, dans tous les sens du terme : offensivement comme défensivement."
Ce qui est difficile, c'est de maintenir le degré d'exigence, la soif de victoire quand on a déjà gagné.
Quel est le sentiment en Angleterre, que cette équipe est injouable ?
E.R. : "On l'a battu avec Watford, donc c'est possible sur un match. Mais sur la saison, ils ont été injouables, comme Manchester City la saison précédente. Ce qui est difficile, c'est de maintenir le degré d'exigence, la soif de victoire quand on a déjà gagné. C'est ce qui a sans doute manqué à City cette saison. Intrinsèquement, les Citizens ont autant de talent mais il y a une grande différence en termes de points à l'arrivée. L'équilibre attaque – défense est plus grand à Liverpool, alors que City peut être en difficulté à la perte du ballon. La différence s'est peut-être faite là aussi."
Qu'est-ce qui fait la différence entre l'équipe de 2019, qui était déjà très forte en championnat, et cette saison ?
E.R. : "On pourrait citer toutes les individualités, Robertson, Alexander-Arnold, etc… Mais c'est une équipe où il n'y a pas de faille. A gauche, à droite, dans l'axe, sur coup de pied arrêtés… ils ont tout ! C'est une équipe complète, c'est un ensemble que je retiens. Et le facteur X dans tout ça, c'est Jürgen Klopp. Il a de supers joueurs et il a quelque chose en lui, c'est un coach que l'on a envie de suivre, pour lequel on a envie de jouer. C'est le petit plus qui peut faire de grandes différences."
L'argent ne fait pas tout, ils l'ont bien investi
Klopp est le meilleur entraîneur du monde aujourd'hui selon vous ?
E.R. : "C'est toujours très difficile de répondre à ce genre de questions. Mais les résultats plaident pour lui. A ce titre-là, dans un championnat aussi relevé et en l'emportant avec peut-être 20 points d'avance, forcément, ça donne envie de répondre oui, c'est le meilleur actuellement. Beaucoup de techniciens ont de grandes qualités, mais sur la saison, on est obligé de reconnaître qu'il a fait un travail fantastique."
Liverpool a connu trente ans de disette en championnat, un début de décennie 2010 compliqué avant de revenir au sommet, c'est un exemple de construction pour vous ?
E.R. : "Cela ne peut pas être un exemple pour un club comme Watford. Liverpool n'a peut-être pas dépensé autant que Manchester United, Manchester City ou Chelsea, mais ils n'ont pas hésité à envoyer des sommes astronomiques, à juste titre pour des joueurs comme Alisson ou van Dijk. On parle de clubs qui sont ceux avec le plus de moyens en Angleterre. On ne peut pas se comparer avec le modèle de ces clubs-là. A Watford, on cherche à mettre en valeur les joueurs, les développer et leur servir de vitrine. C'est un mélange de jeunes joueurs et de très bons joueurs pour les encadrer, des joueurs de club comme Etienne Capoue qui va peut-être finir chez nous. C'est complètement une autre philosophie. On est admiratif du travail que peut faire Liverpool. Je connais bien certains de leurs dirigeants et quand j'échangeais avec eux il y a 3-4 ans, ils n'en étaient pas encore là, même si cela a toujours été leur objectif d'être dans cette position-là. Certains supporters attendaient ça depuis toute leur vie. Difficile d'être un modèle mais félicitations à pour tout ce qui a été fait. Le retard qu'ils ont réussi à combler, c'est fort. L'argent ne fait pas tout, ils l'ont bien investi et ils en récoltent les fruits."
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