Foot : Aston Villa, le réveil surprise d'un géant endormi qui bouscule la Premier League
Grâce à Netflix, tout le monde connaît maintenant le nom du gang de Birmingham qui terrorisait l'Angleterre à la fin du XIXe siècle. Disparus depuis longtemps, les Peaky Blinders ont toutefois trouvé des héritiers footballistiques. Car cette saison, l'équipe sensation de Premier League n'est pas un des cadors habituels, mais bien Aston Villa. Entraînés par l'ancien coach du PSG, Unai Emery, les Villans sont troisièmes du championnat après une semaine qui les a fait basculer dans le grand bain.
Tombeurs de Manchester City mercredi (1-0), les coéquipiers des Tricolores Moussa Diaby et Boubacar Kamara ont remis cela, samedi 9 décembre, face à Arsenal (1-0). Ce succès, le quinzième de rang à domicile en championnat (un record dans l'histoire du club), leur permet de s'emparer de la troisième place, avec un point de retard sur les Gunners, et deux sur Liverpool. Et donc de se positionner en candidat inattendu au titre après 16 journées de Premier League.
Grandeur et décadence d'une équipe phare du foot anglais
Cette victoire face à Arsenal sonne d'ailleurs comme une revanche pour Unai Emery. Limogé par les Gunners il y a 4 ans, le 29 novembre 2019, l'entraîneur espagnol est revenu en Angleterre à l'automne dernier, par la petite porte, après avoir retrouvé le sourire en Espagne sur le banc de Villarreal. Nommé à Aston Villa en octobre 2022, l'ancien technicien du PSG a fait passer le club de Birmingham de la 14e à la 7e place de Premier League (meilleur classement du club depuis 2009-2010).
De quoi qualifier les Villans pour la Ligue Europa conférence, soit leur première participation à une coupe d'Europe depuis douze ans. Mais surtout un moyen de remettre ce club mythique sur le devant de la scène. Vainqueur de la Coupe des clubs champions en 1982, Aston Villa a en effet marqué l'histoire du football anglais. En témoignent les 7 titres de champion du club (le dernier en 1981), mais aussi les 7 FA Cup et 5 League Cup glanées par les pensionnaires du Villa Park. Une ère glorieuse, en parallèle avec l'âge d'or industriel de la ville, la 2e plus grande du Royaume-Uni, et qui pouvait à cette époque regarder dans les yeux ses rivales de Londres, Manchester ou Liverpool.
Toujours est-il que ce passé glorieux était bien loin lorsque Unai Emery a repris en main l'écurie, plus habituée à jouer le maintien depuis dix ans que le haut de tableau. Mais celui qui, comme lors de son passage au PSG, était moqué pour son accent prononcé, ne fait plus rire personne aujourd'hui. Sur ses 50 premiers matchs avec Villa, le Basque compte 31 victoires, plus que Pep Guardiola (29) et Jürgen Klopp (23) lors de leurs débuts en Angleterre.
Le laboratoire d'Emery
Sur l'année civile 2023, Aston Villa cumule 75 points, soit trois de moins qu'Arsenal, et 8 de moins que Manchester City. Deux géants qui sont tombés ces derniers jours au Villa Park. Des exploits qui font rêver les supporters locaux, même si le Basque a tempéré les attentes mercredi, après le succès face à City : "Se qualifier pour la Ligue des champions est bien sûr une grande motivation pour nous. Mais attendons la 30e ou 32e journée... Nous devons être heureux et concentrés."
Emmenés par les internationaux français Boubacar Kamara, Lucas Digne et Moussa Diaby, les Villans peuvent toutefois logiquement nourrir des ambitions élevées. La recette de ce renouveau ? Un pressing intense sur tout le terrain, une relance rapide et osée, et du marquage individuel à l'ancienne, qui rendent Aston Villa infranchissable, et irrésistible. Suffisamment pour que Pep Guardiola lui-même fasse des Villans des prétendants au titre final.
Connu pour son jusqu'au-boutisme, Unai Emery a fait d'Aston Villa son laboratoire, quitte à ne plus compter ses heures et à prolonger les séances vidéos avec le vestiaire. Cet abattage a permis à l'Espagnol de transformer une équipe qui jouait pour son maintien en candidat au podium, sans dépenser des millions sur le mercato, puisque Villa n'a enregistré que deux renforts l'été dernier : Moussa Diaby et Pau Torres.
Ces deux éléments clés sont venus renforcer un effectif cohérent et revanchard, à l'image du champion du monde argentin Emiliano Martinez, longtemps boudé par Arsenal (lui aussi) avant d'éclore à Birmingham. Autant d'éléments qui expliquent le renouveau d'Aston Villa, un géant qui se réveille et qui commence à faire trembler les cadors d'outre-Manche. Comme les Peaky Blinders en leur temps.
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