Gérard Houllier : "Klopp a fait gagner cette équipe de Liverpool avec style"
Vous aviez connu la frustration d’être deuxième du championnat en 2002, qu’est-ce que représente un titre de champion d’Angleterre pour un club comme Liverpool ?
Gérard Houllier (entraîneur de Liverpool entre 1998 et 2004) : "Une fierté énorme, une délivrance aussi car ils ont terminé plusieurs fois deuxièmes. Et surtout une récompense pour les fans de Liverpool. Ils sont différents, ça n’a rien à voir avec les spectateurs ailleurs. Le club a beaucoup grandi, mais il y a un esprit là-bas. Quand on est passé par Liverpool, on a un sceau, on est marqué à vie. Comme eux, j’ai connu avec Lyon la sensation d’être champion sans jouer. Même sans jouer, on l’avait bien fêté ! (rires)."
Ce sacre, c’est d’abord celui de Jürgen Klopp ?
GH : "C’est celui de Klopp et du club. Dans le club, il y a l’équipe, les dirigeants et les supporters. Quand il imaginait jouer le titre d’ici cinq ans, ça me paraissait possible car il a un plan, une vision, une stratégie. Les joueurs suivent plus quelqu’un qui sait où il va et comment il y va. Il a peut-être fallu un an ou deux ans, mais il a fait une finale d’Europa League (perdue face au FC Séville 3-1), une finale de Ligue des champions (perdue au Real Madrid en 2018) puis une remportée l’année dernière. Petit à petit, les joueurs savaient, ils étaient prêts."
Si vous deviez retenir un ingrédient du titre pour vous, quel serait-il ?
GH : "Le style. Jürgen Klopp a fait gagner cette équipe avec style. Je pense qu’il a un style très dur à contrer : les joueurs opèrent un pressing intense dès la perte du ballon. S’ils ne la récupèrent pas, tout le monde revient et on a un bloc équipe défensif devant la surface de réparation. Même Mohamed Salah et Sadio Mané sont au niveau du coin de la surface. Et quand ça sort, ça va très vite."
On entend parfois que la portée des titres cette saison est entachée par le Covid-19 et la pause qu'il a provoqué. Cela peut-il être le cas pour Liverpool ?
GH : "Avec 25 points d’avance ? Même si Liverpool n’avait plus joué un match, ils auraient pu être champion au bout du compte. Il aurait fallu que ceux derrière aient une moyenne de 2,5 points par match ! Ils auraient pu rester chez eux et être quand même champions."
Quels changements ont été décisifs pour amener cette équipe au sommet ?
GH : "Les arrivées de Virgil van Dijk (arrivé pour 84 millions d’euros décembre 2017) et d’Alisson Becker (62 millions d’euros en juillet 2018) ont tout changé. Van Dijk a prouvé sa valeur à plusieurs reprises. Regardez les résultats depuis leurs arrivées, c’est saisissant. C’est la meilleure équipe du moment depuis quelques années."
Roberto Firmino est souvent critiqué pour son manque d’efficacité, pourtant il apparaît indispensable à cette équipe…
GH : "Firmino ne paye pas de mine, mais il est fondamental dans le jeu offensif de l’équipe. C’est un ancrage qu’on trouve très vite, il est très bon dans les remises. Il peut jouer meneur de jeu, il l’a d’ailleurs déjà fait. C’est un joueur intelligent, il rend les joueurs autour de lui très bon."
Qui vous a le plus surpris dans cette équipe ?
GH : "Andrew Robertson a été une grande révélation. Il a tout de l’arrière moderne. Il a une grosse activité et une qualité dans le jeu. Il ne fait pas que déborder et centrer, il rentre, il combine à l’intérieur. Trent Alexander-Arnold a été une révélation confirmée. Le nombre de dernières passes qu’il fait et le nombre de buts qu’il fait marquer ou marque, c’est incroyable pour un arrière droit. Sadio Mané est pour moi l’homme de la saison, il a marqué beaucoup de buts. Georginio Wijnaldum a également beaucoup progressé."
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