José Mourinho déjà sur la sellette à Manchester
Comme souvent en pareille situation, le volcanique entraîneur est monté personnellement au front face à la presse, avec la volonté évidente de reléguer en arrière-plan la crise de résultats. "J'ai gagné plus de championnats d'Angleterre à moi tout seul que les 19 autres entraîneurs réunis. Trois pour moi et deux pour eux. Respectez, respectez, respectez!", a sèchement répliqué l'entraîneur portugais, le regard noir, en coupant court à la conférence d'après-match.
Sacré avec Chelsea en 2005, 2006 et 2015, l'ancien vainqueur de la Ligue des champions avec Porto (2004) et l'Inter Milan (2010) a vu son contrat prolongé en janvier par son club, jusqu'en 2020. Mais il n'a pas totalement réussi à redorer le blason de Manchester United, sur une pente descendante depuis la retraite de son entraîneur légendaire Alex Ferguson en 2013.
Mourinho a glané la Ligue Europa en 2017 et terminé 2e de Premier League en 2018, mais ces résultats apparaissent mitigés en regard des investissements consentis. D'autant qu'avec deux défaites en trois matches, les Red Devils réalisent leur pire entame depuis vingt-cinq ans. Les supporteurs mancuniens, qui l'ont applaudi pendant près d'une minute à la fin du match contre Tottenham, font pour l'heure preuve de clémence envers l'ancien entraîneur du Real Madrid.
"Aujourd'hui j'ai la preuve que les meilleurs juges, ce sont les supporteurs", "ils comprennent le football", a-t-il apprécié alors qu'il est régulièrement critiqué pour le jeu peu spectaculaire de son équipe, surtout en comparaison de celui du voisin Manchester City de Pep Guardiola. Les fans de Tottenham, eux, se sont amusés de ses déboires, en chantant "Tu n'es plus +Special+" ou encore "tu seras viré demain matin".
Tensions avec le vice-président
Mourinho sera-t-il le premier entraîneur remercié cette saison en Premier League? L'hypothèse ne semble pas envisagée pour l'heure par les propriétaires américains de Manchester. Le Guardian indique par exemple que les décisionnaires du club le plus riche du monde ont été rassurés par l'attitude de l'équipe contre les Spurs. Mais un départ n'apparaît pas non plus totalement farfelu. Son management clivant s'essoufle souvent lors de sa troisième saison au club, comme à Chelsea en 2015-16 ou au Real Madrid en 2012-13. En outre, le mercato d'été a mis en exergue de vives tensions entre le coach de 55 ans et le vice-président exécutif des Red Devils, Ed Woodward, les deux hommes s'opposant sur certains dossiers sportifs.
Mourinho n'a notamment pas eu droit au renfort en défense centrale qu'il avait réclamé, tout en entretenant des rapports mi-figue mi-raisin avec les Français Anthony Martial et Paul Pogba, jugés intransférables par Woodward. Le Portugais avait notamment tancé Martial, mis à l'amende (de 180.000 livres, soit 200.000 euros) pour ne pas avoir rejoint son club lors de la tournée de préparation estivale aux Etats-Unis, après la naissance de son second enfant.
Une sortie de route à Burnley ou Watford, prochains adversaires en championnat, fragiliserait encore plus le Portugais, juste avant la reprise de la Ligue des champions. Manchester United devra dans ce cas s'activer pour attirer un nouvel entraîneur chevronné. Le nom de Zinédine Zidane, sans club depuis son départ surprise du Real Madrid après trois Ligues des champions gagnées consécutivement, était évoqué par L'Equipe avant même le début de saison.
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