José Mourinho, l’amour dure deux ans
José Mourinho est un diesel. Il faut lui laisser le temps de démarrer, de prendre en main le bolide, avant de se laisser guider sur les routes en gazon bien taillé des pelouses de Premier League, de Série A ou de Liga. Le problème, c’est que le moteur manque d’essence et finit inlassablement par s’enrailler au bout de plusieurs kilomètres. Deux saisons dans le cas de Mourinho. Que ce soit au Real Madrid, à l’Inter Milan ou bien lors de son premier passage à Chelsea, le Mou’ a toujours connu le succès lors de sa deuxième saison, avant de s’effondrer lors de la troisième. Avec un seul point en deux journées de championnat et une peu flatteuse 16e place, peut-on déjà parler d’un retour du cycle Mourinho ?
Deux ans couronnés de succès
Quel grain de sable peut bien venir enrayer la machine Mourinho ? Car cette année, le Portugais parait plus qu’armé pour conserver son trône anglais et aller chercher la troisième Ligue des Champions de sa carrière. Tous les postes sont quasi doublés, les joueurs sont parfaitement intégrés dans les systèmes de jeu du Mou’ et le Special One contrôle d’une main de fer le vestiaire des Blues. Pourtant, dès qu’il a voulu inscrire une équipe dans la durée, Mourinho s’est constamment planté, bâtissant plutôt ses équipes sur des cycles courts de deux ans. Une première année en guise d’apprentissage où les joueurs se familiarisent avec les méthodes et principes du Special One et où le Portugais peut cibler les carences et faiblesses de son équipe avant un mercato post première saison la plupart du temps bien senti. Celui de Chelsea l’année dernière n’a pas dérogé à la règle avec les arrivées notamment de Diego Costa et Cesc Fabregas. Le Mou' bâtit une véritable machine de guerre, prête à tout écraser sur son passage lors de sa deuxième saison. Porto et l’Inter Milan ont tous deux soulevé la Coupe aux Grandes Oreilles après deux saisons sous les ordres du Mou’, le Real a réussi à briser l’hégémonie Catalane et Chelsea a raflé son premier titre national depuis 2010. Exception faite de son premier passage sur le banc des Blues où Mourinho s'était contenté seulement du championnat lors de la deuxième saison contre un doublé coupe-championnat lors de la première.
L'obsession Ligue des Champions
Mourinho est-il obsessionnel ? Une obsession nommée Ligue des Champions qui quand elle se refuse à lui force José Mourinho à continuer après cette deuxième saison réussie. "Je veux être le seul entraîneur à remporter la Ligue des champions avec trois clubs différents" avait-il déclaré après la finale de 2010 remportée par l’Inter Milan. Un Inter qui tombera dans la crise après le départ de Mourinho après deux saisons. Une obsession qui l’emmènera à la dérive à chaque fois. Échouant par deux fois en demi-finales de C1 face à Liverpool (2005 et 2007) avec Chelsea, le Special One continuera l’aventure mais avec une équipe en bout de souffle et certains cadres comme John Terry en froid avec leur coach. En septembre 2007, après un piteux nul face à Rosenborg en phase de poules de C1, Roman Abramovitch demande gentiment à Mourinho de faire ses valises.
Bis repetita du côté de Madrid. Après trois saisons terminées derrière le rival honni Barcelonais, José Mourinho stoppe enfin l’hégémonie du Barça en 2012 mais se casse les dents dans la quête de la Decima, objectif rêvé des dirigeants Madrilènes. Malgré des tensions vives avec des cadres du vestiaire que les médias espagnols n'hésitent pas à mettre en Une de leurs journaux, le Special One décide de rester une troisième saison sur le banc des Merengues. Résultat ? Première saison blanche de sa carrière pour José Mourinho et un vestiaire totalement désolidarisé de son coach. Le Portugais finira par quitter Madrid par la petite porte.
Conjurer le sort
Devenu le Happy One, José Mourinho espère bien déjouer les pronostics lors de cette troisième saison sur le banc des Blues. Un retour à ses premiers amours Londoniens pour conjurer le sort et corriger l'histoire en remportant de nouveau cette Ligue des Champions sur le banc de Chelsea cette fois. Et devenir ainsi le premier entraîneur à gagner la plus prestigieuse des Coupes Européennes dans trois pays différents. Pourtant, lors de son retour sur le banc des Blues, le Portugais l'a assuré : "Ce n’est pas une obsession pour moi. Chelsea a déjà remporté le trophée. Cela arrivera encore. Le plus tôt possible sera le mieux." Sûrement espérait-il la remporter avant le début de cette troisième saison...
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