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Le rachat de Newcastle par le fonds public d'investissement saoudien remis en cause par un rapport de l'OMC

Ce mardi après-midi, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a publié un rapport de 138 pages qui met directement en cause l'Arabie saoudite dans le piratage de la chaîne beIN Sports par beoutQ. Le royaume aurait facilité cette pratique qui bafoue la protection des droits de propriété intellectuelle selon l'OMC, qui considère que l'Arabie saoudite n'a également pas fait le nécessaire pour supprimer la chaîne pirate. Ce rapport pourrait pousser la Premier League à annuler le rachat de Newcastle par le fonds public d'investissement saoudien.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Le rapport publié par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ce mardi après-midi pourrait avoir un impact considérable dans le monde du football anglais. Attendu depuis plusieurs semaines, le texte de 138 pages de l'organisation internationale met directement en cause l'Arabie saoudite dans le piratage des programmes des chaînes beIN Sports, détenues par le Qatar. Selon les conclusions du rapport, "beoutQ était exploitée par des personnes ou entités relevant de la juridiction de l'Arabie saoudite". Cette annonce pourrait remettre en cause le rachat du club de Premier League Newcastle par le Public Investment Fund (PIF), le fonds public d'investissement du royaume saoudien dirigé par des proches du prince héritier Mohammed Ben Salman.

Une pression de plus pour la Premier League

Depuis plusieurs semaines, la Premier League étudie cette offre de rachat par le PIF, évaluée à 300 millions de livres (343 millions d'euros). Alors qu'elle soumet cette proposition à son règlement et à son owners’ and directors’ test, un test évaluant la conformité d'une offre avec la loi britannique, la Premier League pourrait voir d'un très mauvais œil le rapport de l'OMC, qui met en lumière le non-respect par l'Arabie saoudite des mesures concernant la protection des droits de la propriété intellectuelle. Et donc décider de repousser l'approche réalisée par le PIF pour le club de Newcastle, détenu par Mike Ashley.

Les conclusions du rapport de l'OMC, qui établissent également le fait que "l'Arabie saoudite n'avait pas prévu de procédures pénales et de peines applicables à beoutQ", seront très sûrement prises en compte par la Premier League. D'autant plus que le patron de beIN Sports, Yousef Al-Obaidly, s'adressait directement aux instances du football anglais dans un courrier transmis le 22 avril : "Il (le gouvernement saoudien, ndlr) facilite le vol des droits télévisés de la Premier League - et donc les revenus de vos clubs – en soutenant le piratage à grande échelle de la chaîne beoutQ depuis plusieurs années".

L'offre du PIF repoussée ?

BeIN Sports, groupe de médias qatari, est la cible de beoutQ depuis plusieurs années, sur fond de rivalités géopolitiques entre l'Arabie saoudite et le Qatar. Pour la période 2019-2022, BeIN Sports débourse 400 millions de livres (458 millions d'euros) pour diffuser la Premier League au Moyen-Orient et en Afrique du nord, et est donc directement concerné par cette affaire. D'autant plus que le rapport précise que de nombreux matches de la Coupe du monde 2018 diffusés par la chaîne qatarie ont été piratés et retransmis sur beoutQ. L'implication directe de l'Arabie saoudite et son manque d'investissement pour fermer cette chaîne pirate, mis en lumière par le rapport de l'OMC, pourraient donc faire capoter le rachat de Newcastle par le PIF. Le rapport publié cet après-midi a d'ailleurs été salué par l'UEFA, qui précise que "ce rapport démontre clairement que personne impliqué dans le piratage audiovisuel ne peut se considérer au-dessus des lois".

Le rachat avait déjà du plomb dans l'aile après la prise de position de Hatice Cengiz, l'ex-fiancée de Jamal Khashoggi, journaliste opposant au régime de Mohammed Ben Salman, tué en octobre 2018 dans le consulat saoudien en Turquie. Plusieurs ONG avaient également dénoncé cette tentative de rachat, considérant qu'il s'agissait d'une opération de sport-washing visant à lisser l'image de l'Arabie saoudite sur la scène internationale. Avec toutes ces données, la Premier League pourrait tout simplement décider d'annuler le rachat de Newcastle par le PIF, qui est sur la table depuis maintenant plusieurs semaines. Les fans des Magpies, qui espéraient voir arriver de grands noms du football mondial dans les prochains mois, pourraient être rapidement déçus.

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