Premier League : de relégable à la Ligue des champions en moins de deux ans… Newcastle, le nouveau riche aux choix payants
N'en déplaise au célèbre adage, dans le nord-est de l'Angleterre, l'argent a fait le bonheur des Magpies. À l’occasion de la 38e et dernière journée de Premier League, Newcastle se rend, dimanche 28 mai, à Chelsea le cœur léger, déjà assuré de retrouver la Ligue des champions la saison prochaine, une première depuis 21 ans. Racheté par le Fonds d'investissement public saoudien en octobre 2021, au plus fort de sa crise (19e du championnat avec trois points à la 7e journée), le club du nord-est de l'Angleterre s'est métamorphosé, après 14 ans de galères, sous la direction de l'homme d'affaires britannique, Mike Ashley.
Oscillant entre la Premier League et le Championship depuis plus d'une décennie, les Magpies étaient bien loin de jouer le titre comme au milieu des années 1990, ou au tout début des années 2000, dans le sillage d'Alan Shearer, le meilleur buteur de l'histoire de la Premier League (260 réalisations). Pour Sean McCormick, journaliste au Sunday Sun, hebdomadaire régional du nord-est de l'Angleterre, "Newcastle donnait l'impression d'être un géant endormi, avec un potentiel inexploité. Les fans attendaient désespérément un nouveau départ et une occasion de retomber amoureux de leur club." Les investisseurs saoudiens sont arrivés à point nommé.
Une politique de recrutement à l'antithèse du PSG
Au bord de la relégation, Newcastle a dû se distinguer des autres nouveaux riches comme le Paris Saint-Germain. Pour se conformer aux règles du fair-play financier, les Magpies n'ont pas jeté leur dévolu sur des grands noms du football mondial, d'autant que la situation sportive du club semblait difficilement attrayante. "Cette politique de recrutement est une politique guidée par le bon sens : plutôt que de faire du clinquant, on fait dans l’efficacité, avec des joueurs de valeur et une certaine cohérence d’équipe", analyse Jean-Pascal Gayant, économiste du sport.
Dès leur premier mercato, à l'hiver 2022, les dirigeants saoudiens frappent un grand coup : Kieran Trippier, finaliste de l'Euro 2020 avec l'Angleterre et champion d'Espagne avec l'Atlético Madrid en 2021, se présente dans le comté de Tyne and Wear comme la figure de proue du nouveau projet des Magpies. "Son leadership et sa mentalité ont complètement transformé le club", affirme Sean McCormick.
Nommé à la tête de l'équipe dès la venue des nouveaux propriétaires, l'entraîneur anglais Eddie Howe est parvenu à construire un effectif taillé pour la Premier League, commettant peu d'erreurs lors de ses trois premiers mercatos. Les Magpies ont recruté des joueurs d'avenir comme Alexander Isak, Bruno Guimaraes ou Sven Botman, en les entourant de joueurs d'expérience, familiers du championnat anglais, tels que Dan Burn, Nick Pope ou Callum Wilson.
"Newcastle a choisi le parti de la cohésion et de l’homogénéité, plutôt que le projet de star-système du PSG", compare Jean-Pascal Gayant. "C'est un pari sur le long terme : quand le résultat sportif est là, on finit par avoir la notoriété, l’attrait de nouveaux supporters et donc plus de revenus commerciaux."
La Ligue des champions, une porte vers de nouveaux horizons ?
Pour la première fois depuis la saison 2002-2003, l'hymne de la Ligue des champions résonnera dans les travées du St James' Park. Une mélodie qui pourrait titiller les oreilles de certains joueurs de prestige. Au point de changer la recette qui a fait la réussite de Newcastle cette saison ? "On ne pas va partir sur beaucoup de monde [au niveau du recrutement], nous n'avons pas les capacités financières que beaucoup de gens nous prêtent, a répondu Eddie Howe en conférence de presse. Nous allons devoir être intelligents, ce sera un petit groupe de joueurs, mais des joueurs capables de faire la différence."
Au-delà de l'apport financier et de l'attractivité offerts par la Ligue des champions, "l'attention des sponsors à l'égard des Magpies va changer" selon Jean-Pascal Gayant. "Jusqu’à aujourd’hui, la notoriété du club restait encore très modeste. Newcastle ne pouvait pas vendre des maillots partout dans le monde et négocier des contrats commerciaux avec les plus grands annonceurs." Désormais sous le feu des projecteurs, le projet porté par le pays du Golfe pourrait entrer dans une nouvelle dimension, et ce dès le prochain mercato.
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