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Premier League - Manchester City : David Silva, l'adieu d'un génie si discret

Ce dimanche, David Silva disputera son dernier match de Premier League face à Norwich (17h). A 34 ans, l’Espagnol a annoncé qu’il quittera les Cityzens à la fin de la saison, après dix ans passés dans le nord de l'Angleterre. L’adieu tout en pudeur d’une légende de Manchester City.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (PETER POWELL/NMC/POOL / EPA POOL)

"Dix ans, pour moi, ça suffit. C'est le moment idéal pour arrêter, la fin d'un cycle". Dimanche, une légende s’en ira. Dans un Etihad Stadium sans fans, triste et creux. Une sortie en catimini forcé qui sied pourtant paradoxalement si bien à David Silva. Après dix ans passés à Manchester City, l’Espagnol ne reviendra pas. A l’heure de se retourner sur sa carrière, l’ancien joueur de Valence pourra, pour une fois, bomber le torse en contemplant ses succès : 434 matches, 77 buts, quatre titres de champion (2012, 2014, 2018, 2019), deux FA Cup (2011, 2019) et cinq Coupes de la Ligue (2014, 2016, 2018, 2019, 2020)."Pour moi, cela a été parfait. Quand je suis arrivé, je ne pensais pas rester aussi longtemps. Au-delà du football et des trophées, je retiendrai l'amour des gens. C'est le plus important", expliquait-il récemment à DAZN Espagne.

Sensible, mesuré et discret, David Silva a fait son trou en silence, sans entrer avec fracas dans le cœur des supporters. Mais il y est désormais bien lové. Pourtant, lorsqu’il arrive en 2010 pour près de 30 millions d’euros, recruté par Roberto Mancini, les critiques pleuvent : trop petit, trop cher, trop frêle pour la physique Premier League, et difficultés d’acclimatation à prévoir pour un homme né aux Iles Canaries. "C'était un changement de pays, de championnat, de langage. Tout était assez difficile mais mes coéquipiers m'ont bien accueilli et après quelques mois, j'ai pris mes marques. J'ai toujours essayé de donner le meilleur et de donner l'exemple. J'espère que les gens ont apprécié mon football pendant toutes ces années", précise-t-il au Guardian.

Adoubé par Guardiola

Peu spectaculaire pour l’oeil non averti à ses slaloms et son allégresse technique, David Silva aura souffert toute sa carrière d’un jeu peu flamboyant. Il ne pourra jamais se targuer de buts exceptionnels, et il est difficile de sortir une ou deux actions au dessus du lot. Mais c’est l’ensemble de son oeuvre, son humilité et sa dévotion aux Skyblues qui l’ont déjà fait entrer définitivement dans le cœur des fans Cityzen. "Je pense qu’il est le meilleur joueur sur le terrain presque à chaque fois que je regarde City, explique au Guardian Mike Summerbee, ancien coéquipier de la légende Colin Bell dans les années 60-70. Mais il n’est jamais nommé homme du match. Il n’a jamais au la reconnaissance qu’il mérite. Silva devrait être tous les ans dans l’équipe annuelle de Premier League."

Cette saison, Silva est dans ses standards (6 buts et 10 passes en 26 matches), mais à 34 ans, le capitaine depuis le départ de Vincent Kompany l'été dernier a semblé atteindre une certaine plénitude dans son jeu déjà très propre. "Je crois qu’il est à son meilleur niveau de la saison. Il joue vraiment très bien. Il est incroyable, c’est une légende. C’est un énorme joueur dans les petits espaces, je n’ai jamais vu un joueur comme lui.", soulignait son entraîneur Pep Guardiola après son but et ses deux passes décisives face à Newcastle le 8 juillet. 

Magie et humilité

Surnommé "El Mago" (le Magicien), Silva entretient une filiation plus qu'équivoque avec un autre mythe valencian : Pablo Aimar. Comme l’Argentin, Silva a fait frissonner Mestalla. Comme l’Argentin, Silva portait le n°21. Comme l’Argentin, c’est un milieu offensif de poche insaisissable. Le surnom du magicien lui sied si bien tant sa virtuosité a irradié ses coéquipiers pendant dix ans. Mais là où Zinedine Zidane ou Ronaldinho rayonnaient dans la lumière, Silva a toujours préféré l’ombre. Sur comme en dehors des terrains, le champion du monde 2010 a toujours excellé dans l’art de la furtivité. Trouvez-le sur le terrain et il s’est déjà volatilisé, souvent en délivrant au passage des caresses au cuir. Cherchez-le en dehors, et il a déjà disparu, indifférent aux sirènes du star-system. Sa pudeur lui a parfois été reprochée, mais Silva n’en a jamais eu cure, à la recherche d’une bulle hermétique permanente. "Il déteste recevoir le crédit. Je pense qu’il ne sait pas recevoir les compliments. Si un coéquipier lui dit qu’il a réalisé un grand match, il hausse les épaules.", explique Micah Richards, joueur de City entre 2005 et 2015.

Son ancien coéquipier et parmi les plus proches au club de l’Espagnol, le résume d'ailleurs limpidement : il est compliqué d’être simple dans le football moderne. "Il a montré que tu n’as pas besoin d’être arrogant ou autocentré pour être un top joueur. Tu peux le faire en étant humble. Les footballeurs d'aujourd’hui sont plus intéressés par leur image que par ce qu’ils font sur le terrain. David est différent. Il est si humble.", raconte Richards, admiratif. 

Quel club pour sa fin de carrière ?

A 34 ans, son départ de City n’annonce pourtant pas une fin de carrière précipitée. Dans son pur style, Silva n’a rien laissé filtrer de son prochain club. Des rumeurs insistantes l’envoient au Qatar, après avoir été annoncé à l’Inter Miami, le club de David Beckham. Un retour sur ses terres, à Valence, circule également, tout comme celle qui l’envoie au Vissel Kobe, le club où évolue… Andrés Iniesta. Un flou impossible pour l’heure à déchiffrer, comme si lui-même voulait se dévouer à City jusqu’à la dernière minute.

"Quand je regarde en arrière sur ce que j’ai accompli, je n’aurais jamais pu imaginer cela, même dans mes rêves les plus fous. Quand tu es jeune, tu ne rêves même pas de tout ça. Tu aspires à devenir footballeur professionnel, jouer dans les plus hautes sphères. Mais jamais tu ne penses à toutes les choses que tu pourrais un jour accomplir.", raconte Silva. Comme les légendes ne peuvent partir sans hommage, David Silva reviendra pour le "Farewell game" devant les fans, lorsque l’Etihad Stadium pourra à nouveau être comble. Pour être, pour une fois, le seul en pleine lumière.

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