Premier League : Système de points, restrictions sur le marché européen… ce que les restrictions post-Brexit vont changer
• Quelles restrictions les clubs anglais vont-ils connaître ?
Dans un communiqué publié ce mercredi, la Football Association (FA) a officialisé les très prochains changements qui vont s'appliquer au football anglais : "Après le Brexit, les clubs ne pourront plus signer librement des joueurs de l'Union européenne. Les joueurs provenant de l'UE décidés à jouer en Angleterre devront obtenir un Governing Body Endorsement (GBE) [sorte de permis de travail], comme n'importe quel joueur d'outre-mer n'ayant pas le droit de travailler au Royaume-Uni". A partir du 1er janvier 2021, date de l'ouverture de la prochaine fenêtre de mercato mais aussi du début de l'ère post-Brexit, les clubs de Premier League vont devoir adapter leur comportement sur le marché des transferts.
Premièrement, ils ne bénéficieront plus de l'exception accordée par la Fifa leur permettant de recruter des joueurs étrangers de moins de 18 ans et ne devront pas dépasser la barre des 6 achats de joueurs étrangers de moins de 21 ans par saison. Mais surtout, les frontières du football anglais seront fermées aux joueurs étrangers qui ne rempliront pas les critères du fameux GBE. Ce dernier sera délivré en fonction d'un système de points, basé notamment sur le nombre de capes internationales (chez les A et les jeunes) et de matches professionnels du joueur ainsi que sur le pédigrée du club étranger vendeur.
Les joueurs qui auront atteint le total de 15 points auront automatiquement leur GBE. D'après The Independent, qui s'est penché sur le système de points, les candidats qui auront joué au moins 70% des matches internationaux d'un pays classé dans le Top 50 mondial lors des deux dernières années (une seule pour les jeunes) font partie de ce cas de figure. Le barème se veut dégressif et moins restrictif si le pays d'origine fait partie du gratin (seulement 30% de matches joués avec une sélection du Top 10 du classement Fifa suffiront par exemple). Un panel d'exemptions étudiera l'appel des joueurs n'ayant totalisé qu'entre 10 et 14 points.
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• Pourquoi le football anglais décide-t-il de rendre ses frontières moins perméables ?
Depuis le 23 juin 2016 et le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union Européenne (non à 51.89%), le football anglais savait qu'il ne jouirait bientôt plus des mêmes libertés sur le marché des transferts, dans un espace d'influence qu'il domine pourtant depuis la naissance du sport sur ses terres. Après le rejet de plusieurs propositions de retrait, les négociations autour de l'accord commercial post-Brexit avec l'UE n'ont toujours pas abouti. Le compte à rebours est lancé et une rupture sèche entre les deux parties est à craindre le 31 décembre 2020 à minuit.
L'éloignement diplomatique et économique du Royaume-Uni de ses voisins de l'Union Européenne induit forcément un impact fort sur un secteur comme le football qui brasse énormément d'argent, ne serait-ce que sur le marché des transferts. A titre d'exemple, la Premier League a dépensé 912 millions d'euros cet été sur des joueurs issus de championnats dans l'Union européenne (63% des 1.4 milliards d'euros dépensés par les 20 clubs du championnat). Considérant l'importance des conséquences à venir du Brexit, la FA, la PL et l'EFL ont négocié pendant plusieurs mois avant de transmettre une proposition au gouvernement britannique, dont les détails ont été évoqués plus haut. Celle-ci a été acceptée ce mercredi.
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• Quelles conséquences sont à prévoir sur les clubs de Premier League ?
D'après Richard Masters, le patron de la Premier League, la nouvelle règlementation en matière de transferts à l'étranger permettra à la fois de "ne pas endommager le succès" de son championnat ni "la carrière des jeunes des équipes anglaises". Quoi qu'il en soit, celle-ci aura un impact immédiat, dès l'ouverture de la fenêtre hivernale du mercato (le 1er janvier 2021). Les recrutements de mineurs étrangers seront prohibés et seuls trois U-21 par club seront autorisés. Un club comme Chelsea ne pourra déjà plus continuer à grossir ses rangs en puisant allègrement dans les académies étrangères, assouvissant son éternelle quête de (trop) jeunes pépites.
Et si l'on considère certaines opérations qui ont eu lieu ces dernières saisons, et notamment les transferts de Riyad Mahrez (du Havre) et de N'Golo Kanté (de Caen) à Leicester, qui ont grandement participé au titre de champion d'Angleterre des Foxes en 2016, celles-ci ne seront plus validées par les instances. Les clubs anglais vont devoir trouver des solutions sur le sol national, en s'appuyant soit sur une académie performante, soit sur un réseau de recrutement solide en Grande-Bretagne. Une très bonne nouvelle pour Steve Parish, le patron de Crystal Palace, ostensiblement favorable au Brexit depuis 2018, une aubaine pour améliorer le développement des jeunes talents anglais d'après lui.
Mais tout le monde ne partage pas cet avis. Ses homologues de Stoke City, Peter Coates, et de Burnley, Mike Garlick, trouvent de leur côté que les nouvelles restrictions auront un impact négatif sur le championnat, au sens où le gouffre des inégalités entre les différents clubs ne ferait que s'agrandir. Car, il sera toujours possible pour une équipe comme Manchester City de dépenser une somme très importante sur un joueur extrêmement convoité, mais dans le même temps des équipes plus modestes, habituées à flairer les bonnes affaires à l'étranger, devront revoir leur copie intégralement.
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