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Zlatan Ibrahimovic, le foot anglais, le "Calm one", le métier d'entraîneur... Mourinho dit tout

José Mourinho s'est épanché longuement lors d'une interview pour France Football. Le manager portugais de Manchester United évoque tous les sujets, sa manière de travailler, les grands joueurs qu'il a eu sous ses ordres, les modifications profondes de la planète football, mais aussi sa propre personnalité. Résumé.
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L'entraîneur portugais, José Mourinho (PHILIP OLDHAM / BACKPAGE IMAGES LTD)

L'adaptation, sa principale qualité

Manchester United est le septième club entraîné par José Mourinho (Benfica, Leiria, Porto, Chelsea, Inter Milan, Real Madrid). Au Portugal, en Angleterre, en Espagne, le "Mou" a gagné. Ses titres de champion au quatre coins de l'Europe démontrent  une seule chose : sa capacité d'adaptation, sa principale force selon lui. "Vous ne m'avez pas posé la question de savoir pourquoi j'ai gagné le titre de champion dans tous les Championnats où je suis passé, mais si vous me l'aviez posé, je vous aurais dit que c'était parce que je me suis adapté partout où je suis passé. Mon équipe joue de telle ou telle façon parce que cela correspond à la qualité des joueurs que je possède. C'est aussi simple que ça", assure-t-il.

Le football, un monde qui change

Du haut de ses 17 années passées sur les bancs du continent, José Mourinho a pris de la bouteille. Et lui, le coach sanguin capable de sorties médiatiques tonitruantes, de s'embrouiller avec Arsène Wenger, de mener une guerre contre Pep Guardiola, cet homme-là constate que le monde qu'il connaissait par coeur, a changé. Les héros peuvent être cloués au pilori quelques mois plus tard. Il en a vécu l'amère expérience, Claudio Ranieri aussi. Et ce football anglais qui l'a fait roi a lui aussi a succombé à l'argent et au rendement. "Même dans ce pays, qui est celui de la tradition et de la stabilité, tout est en train de foutre le camp. Les clubs sont la propriété de capitaux étrangers, non plus celle d'Anglais traditionnels avec l'éducation qui va avec, de gens qui croient en des projets à long terme. La saison dernière, j'ai été viré de Chelsea six mois après avoir été champion. Idem pour Ranieri cette à saison à Leicester. Ce job devient fou!", avoue-t-il.

Le foot anglais, trop puissant

José Mourinho a choisi l'été dernier de rebondir du côté de Manchester United. Le Portugais prenait la suite de David Moyes et Louis Van Gaal et avait la lourde tâche de rendre son lustre d'antan à un club emmené au sommet par Sir Alex Ferguson. Cette saison, Mourinho a déjà réussi un exploit : devenir le premier entraîneur des Reds Devils à remporter un titre (la Coupe de la Ligue, ndlr) lors de sa première saison. Mais en championnat, c'est plus compliqué car la toute-puissante Premier League est devenue hyper-concurrentielle. "C'est une nouvelle ère pour le football anglais. Une époque où la puissance économique est devenue tellement énorme qu'elle en devient effrayante pour tout le monde. Parce que cette puissance économique ne se concentre pas sur deux clubs, comme en Espagne, sur un seul comme en Allemagne, ou sur un ou deux comme en France. En Angleterre, elle est dispersée (...) Si je veux acheter un joueur de Tottenham, je ne peux pas. Ni un joueur de Manchester City ou d'Arsenal", explique-t-il.

Le tacle au Bayern

Affaiblir son concurrent direct, une bonne manière de garder le pouvoir. L'OL, à sa grande époque, était coutumier du fait en débauchant les meilleurs joueurs de Ligue 1 (Mathieu Bodmer, Jean II Makoun, Bastos...). Mais José Mourinho, lui, vise le Bayern Munich qui va faire son marché dans les rangs du Borussia Dortmund, son dauphin depuis quatre saisons en Bundesliga. "Vous savez quand il commence à gagner le titre chaque année? Quand, l'été précédent, il achète le meilleur joueur du Borussia Dortmund, Götze, puis Lewandowski l'année suivante, puis Hummels l'an dernier". De cette façon, le Bayern assoit sa domination nationale, mais ce schéma n'est plus duplicable en Premier League. "Aucun club en Angleterre, que ce soit Man United, Liverpool, Manchester City, ne peut plus être dominant de façon permanente".

Zlatan, ce pilier

En débarquant à Manchester United, José Mourinho a emmené avec lui une de ses vieilles connaissances, qu'il avait eue sous ses ordres à l'Inter Milan, Zlatan Ibrahimovic. Ce transfert répondait au besoin "d'établir des relations de paix et d'amour dans un groupe, de créer une stabilité", d'après lui. Avant Mourinho, Sir Alex avait façonné une génération exceptionnelle dont les guides s'appelaient Roy Keane, Paul Scholes, Ryan Giggs... Tous ces joueurs-là ont disparu, ces "super personnalités" comme les appelle Mourinho, ont quitté le club. Les derniers gardiens du temple se nomment Wayne Rooney et Michael Carrick, mais ces deux joueurs ne sont plus des hommes de base de son équipe. Il lui en fallait un. Ca sera Zlatan. "Dans cette équipe, il avait, sans être anglais, sans connaître la culture du club, la personnalité et le profil pour être davantage qu'un simple joueur".

Le "Special One" est devenu le "Calm One"

A son arrivée à Chelsea en 2004, tout auréolé de sa victoire en C1 avec Porto, Mourinho s'était auto-proclamé le "Special One". Champion pour sa première année en Angleterre, il avait donné du crédit à ses propos. A son retour à Chelsea en 2013, l'homme avait vieilli, changé. Plus mûr, mais aussi tout heureux de revenir à Londres. Il était devenu le "Happy One". En 2017, le Portugais a pris quelques rides de plus, ses cheveux ont encore blanchi et l'homme est devenu "plus apaisé" de son propre aveu. Il arrive à faire la part des choses, "une victoire ne représente plus la lune, et une défaite plus un enfer", dit-il. A United, cette institution, Mourinho est rentré dans le rang. Fini les punchlines, les incartades, les shows en conférence de presse, Mourinho est devenu le "Calm One". "Tout le monde s'attendait à ce que je pose problème", sourit-il...

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