Cet article date de plus de trois ans.

Projet de "Super Ligue" de football : "Ce serait un véritable séisme" si elle "voyait le jour", selon Roxana Maracineanu

La ministre déléguée aux Sports appelle l'Union européenne à "prendre ses responsabilités". "Ce sont les meilleurs clubs avec les meilleurs joueurs qui se sont positionnés pour ce championnat en clubs VIP qui se baserait uniquement sur du marketing et sur du commercial et pas sur du sportif." 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Roxana Maracineanu, la ministre déléguée chargée des Sports, le 19 février 2021 sur franceinfo.
 (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Ce serait un véritable séisme si cette 'Super Ligue' voyait le jour", a déclaré lundi 19 avril sur franceinfo la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu à propos de l'officialisation d'un projet de "Super Ligue" de football rassemblant douze grands clubs européens. L'UEFA qui organise la Ligue des Champions menace de prendre des sanctions contre les clubs qui font sécession et les joueurs qui participent à cette nouvelle compétition. Roxana Maracineanu demande à l'Union européenne de se "positionner" sur ce dossier.

franceinfo : Cette compétition menace le principe de solidarité et le mérite sportif ?

Roxana Maracinean : On pouvait penser que c'était le dernier bras de fer, le sursaut d'orgueil de ces clubs qui sont dans un championnat très dense et qui ont du mal en général à se qualifier pour la Ligue des champions. Autant là, le sujet devient sérieux et ce serait un véritable séisme si cette "Super Ligue" voyait le jour, pour le football européen, bien sûr, mais surtout pour le sport mondial de manière générale. Aussi bien l'UEFA que la FIFA se sont montrés solidaires avec un certain nombre de gouvernements, dont l'État français. Nous devons faire confiance aux instances sportives pour ne pas laisser faire n'importe quoi dans le monde du football.

"Ce serait vraiment une rupture entre les plus riches et le reste des clubs."

Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports

à franceinfo

Dans cette période sanitaire difficile pour tout le monde, nous avons besoin de solidarité entre les différents pays, entre le monde professionnel et le monde amateur. À ce stade, il faut que nous nous en remettions à la capacité de ces instances sportives à prendre des décisions et que nous, États, arrivions aussi à sécuriser ces décisions au niveau national, mais aussi peut être au niveau européen.

Faut-il exclure ces clubs ?

Je pense qu'il faut réagir pour ne pas les laisser faire n'importe quoi. De toute façon, cet argent provient d'un seul et même gâteau. Donc, cela dévaloriserait un bon nombre de championnats nationaux, et évidemment, les compétitions européennes, voire mondiales. De toute façon, ces décisions doivent être sécurisées puisqu'il y a une jurisprudence qui a déjà montré que lorsque des organisateurs privés organisent des compétitions, si on veut exclure les personnes qui y participent, ce n'est pas si simple. Donc, aujourd'hui, je crois que l'Union européenne doit aussi prendre ses responsabilités par rapport au sport européen. Il existe des pays aujourd'hui avec des liens très forts entre l'État et leur fédération, comme en France par exemple, comme en Slovénie. D'ailleurs ce n'est pas anodin puisque le président de l'UEFA est Slovène. La présidence de l'Union européenne sur la fin de l'année, c'est la Slovénie qui l'aura. Elle est bien décidée à faire avancer cette notion de modèle sportif européen qui permettrait non seulement au football, mais aussi aux autres sports, de sécuriser un peu un peu le monopole de l'organisation des compétitions sportives. L'Union européenne avec les États qui la composent doit aussi se positionner. Mais avant tout, ce sont les instances sportives qui doivent réagir.

Un Euro sans Varane, Pogba, c'est possible selon vous ?

Il y a douze clubs et parmi ces douze clubs, ce sont les meilleurs clubs avec les meilleurs joueurs qui se sont positionnés pour ce championnat, en club VIP. pour aller à la conquête du monde, mais à une conquête du monde qui se baserait uniquement sur du marketing et sur du commercial et pas sur du sportif. Envisager un championnat qui perd son âme et qui n'est plus basé sur des critères sportifs ni d'accession à ce championnat, ni même de compétition, c'est triste pour le monde du sport.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.