Projet de "Super Ligue" : "C'est véritablement un coup de poker de la part des douze clubs", estime l'économiste du sport Pierre Rondeau
Pierre Rondeau doute que le projet aboutisse mais il craint que cela entraîne une surenchère pour la Ligue des champions, "donc plus d'inégalités, moins de mérites sportifs, plus de chances accordées aux grands et puissants".
"C'est véritablement un coup de poker de la part des douze clubs cités", explique sur franceinfo Pierre Rondeau, directeur de l’Observatoire du sport de la fondation Jean Jaurès et professeur d’économie à la Sport Management School Paris, après que l'UEFA ait brandit la menace d'exclure les équipes dissidentes qui participeraient à une "Super Ligue". Cette compétition privée annoncée par douze des plus grands clubs européens est vouée à supplanter la Ligue des champions organisée par l'UEFA.
Un projet à "5 ou 6 millions de chiffre d'affaires"
"Ça fait plus de 30 ans qu'on parle d'une 'Super Ligue' européenne, rappelle Pierre Rondeau. Le Covid et la crise économique actuelle ont complètement accéléré les choses." L'enjeu est bien évidemment économique. "Les pertes cumulées des grands clubs européens s'élèvent, depuis le premier confinement, à 6 milliards d'euros" alors que "la perspective d'une 'Super Ligue' européenne à diffusion mondiale et internationale pourrait potentiellement compenser ces pertes", selon le "business plan construit" qui évalue "ce projet budgété à 5 ou 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires. À titre de comparaison, la Ligue des champions actuellement c'est 2 milliards d'euros de chiffres d'affaires."
"Je pense que c'est uniquement un coup de pression et ça ne se fera pas", analyse le directeur de l’observatoire du sport de la fondation Jean Jaurès. "Ce qui pourra se faire par contre, c'est que la Ligue des champions soit encore plus rémunératrice et contrôlée par les grands clubs. Donc plus d'inégalités, moins de mérites sportifs, plus de chances accordées aux grands et puissants", conclut-il.
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