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Foot : les remplaçants du PSG se voient-ils trop beaux ?

Kevin Gameiro, Jérémy Ménez et Mamadou Sakho cirent le banc parisien et font partager leurs états d'âmes à la France entière. Un problème psychologique, explique un préparateur mental.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le joueur du PSG Kevin Gameiro shoote dans une bouteille d'eau lors de son remplacement contre Troyes, le 13 avril 2013. (FRANCK FIFE / AFP)

"C’est toujours comme ça ! Mais maintenant, je m’en bats les c...", a lâché l'avant-centre du PSG Kevin Gameiro, après avoir envoyé valser une bouteille d'eau, samedi 14 avril à Troyes. Pour une fois titulaire en l'absence de Zlatan Ibrahimovic, l'attaquant a manqué plusieurs grosses occasions et a été sorti par son entraîneur à l'heure de jeu. Au final, le PSG l'a emporté 1 but à 0. 

Le banc parisien est plein de joueurs qui pensent que leur place est sur le terrain, comme Jérémy Ménez ou Mamadou Sakho. Comment gérer leurs états d'âmes d'ici à la fin de saison ?

Le banc des remplaçants, un purgatoire

"Un joueur comme Gameiro, comme beaucoup de joueurs français, a tendance à se considérer comme indispensable", analyse Jean-Cyrille Lecoq, préparateur mental, contacté par francetv info. L'attaquant est pourtant régulièrement entré en jeu, et il a marqué six buts, ce qui en fait le deuxième meilleur buteur de l'effectif parisien derrière Zlatan Ibrahimovic. Mais il est passé à côté de son match lors d'une de ses rares titularisations, face à Troyes. Une étude de deux universitaires britanniques, parue dans The Sport Psychologist en 2009 (PDF en anglais), montre que perdre sa place dans une équipe, en sports collectif, est vécu comme une crise personnelle par le joueur, et que le remplaçant se met une pression considérable sur le banc, pouvant être appelé à tout instant à rentrer en jeu.

"Il y a un décalage entre ce que perçoit Gameiro, qui doit se dire qu'il peut jouer les deux mi-temps, et la façon dont l'utilise son entraîneur, en impact players, ces remplaçants de fin match qui font la différence", poursuit Jean-Cyrille Lecoq. Le rôle d'impact player est clairement défini dans le rugby. Un Sébastien Chabal entrait souvent en cours de match pour concasser des défenseurs fatigués grâce à sa puissance physique. Ce rôle est beaucoup moins codifié dans le football. Mis à part l'attaquant norvégien Ole Gunnar Solskjaer, qui a permis à Manchester United de remporter la Ligue des champions en 1999 grâce à un but inscrit à la dernière minute, quel joueur se satisfait de rentrer systématiquement à dix minutes de la fin ?



Entraîneurs 1 - Psys 0

"Le problème de Gameiro, de Ménez ou de Sakho, c'est la définition d'objectifs. Ne pas prendre le fait d'être cantonné sur le banc comme une attaque personnelle, mais considérer que c'est pour le bien de l'équipe", analyse Jean-Cyrille Lecoq. Une analyse qui fait écho à celle de Leonardo, directeur sportif du club parisien, sur Canal +, dimanche 15 avril : "Il faut que Gameiro comprenne son importance, mais il veut peut-être autre chose. Il a marqué dans trois matchs, si on n’a pas Gameiro, on a 9 points de moins. C’est au joueur de comprendre l’importance qu’il a. Même Ibrahimovic était remplaçant quand il jouait pour Barcelone." Le point commun entre Gameiro, Ménez et Sakho ? Quand ils sont arrivés dans l'équipe, ils étaient titulaires indiscutables. L'arrivée massive de joueurs et le changement d'entraîneur fin 2011 a rebattu les cartes. Au sein de l'effectif du PSG, trois joueurs sont désormais susceptibles de se battre pour chaque poste. 

Si Gameiro a laissé éclater sa frustration sur le terrain, Sakho et Ménez l'ont fait dans la presse. Le premier a choisi un discours plein de volontarisme, dans L'Equipe : "Je ne peux pas me satisfaire d’être un numéro 3. J’accepte les choix du coach, mais je me bats pour essayer de gagner ma place. [...] Mon cas personnel, j'en discuterai à un moment. Mais je ne serai jamais heureux sur le banc." Le second a envoyé son agent dans France Football : "Jérémy est un compétiteur. C’est quelqu’un qui vit comme un échec le fait de se retrouver sur un banc, encore plus s’il le ressent comme une injustice. Il a horreur qu'on la lui fasse à l’envers."

A l'envers ? Pour Jean-Cyrille Lecoq, le problème vient de la formation insuffisante des joueurs. "Il y a un retard dans la préparation mentale en France. On aborde la gestion des émotions, du stress pendant la formation, mais ça n'est pas travaillé. Au plus haut niveau, les entraîneurs voient encore d'un mauvais œil la présence d'un psychologue dans l'équipe. Il y a deux-trois ans, il y avait dix psys qui intervenaient dans le championnat de France, autant que dans le club du FC Séville !"

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