Football : Kylian Mbappé, symbole d'un PSG qui ne réussit plus ses adieux
Kylian Mbappé a dit au revoir au Parc des Princes. Deux jours après l'annonce de son départ du PSG, le natif de Bondy a fait ses adieux à son public, presque discrètement. Paris a perdu son bras de fer avec son attaquant vedette, qui n'a pas souhaité poursuivre son aventure dans la capitale.
Le meilleur buteur de l'histoire du Paris Saint-Germain (256 buts) a quitté le Parc avec un but, une défaite face à Toulouse (1-3), un tifo à son effigie hissé dans les tribunes, la célébration du 12e titre de champion de France, mais aussi quelques sifflets à l'annonce de son nom avant le match.
Un goût d'amertume pour l'attaquant français, qui n'aura pas réussi à ramener la Ligue des champions à "son" club, autant que pour le public parisien, dont une frange a fini d'être lassée par le feuilleton élastique de son départ depuis deux ans. Arrivé à Paris en 2017 à 18 ans, encore adolescent et prometteur, Kylian Mbappé va quitter la France à 25 ans sur une note timide.
Mbappé quitte Paris avec un goût d'inachevé
L'annonce du club, la veille, de l'absence d'hommage pour son attaquant, invoquant un timing trop serré après l'officialisation de son départ, a, elle, résonné avec un drôle d'écho pour celui qui va quitter le championnat à la 7e place des meilleurs buteurs de l'histoire.
Ce départ ne fait que s'ajouter à la liste des adieux ratés des stars du club. En plus d'échouer à atteindre ses objectifs sur la scène européenne, le Paris Saint-Germain a pris cette mauvaise habitude, alors qu'il prenait le temps de saluer ses joueurs lors des premières années sous pavillon qatarien. Après Rai ou Pauleta, dont les adieux sont restés mémorables, Kylian Mbappé avait tout pour être leur successeur. Il n'en a rien été.
Le précédent Thiago Silva-Cavani
Au-delà de la première finale de Ligue des champions de l'histoire du club (perdue face au Bayern Munich), cette période avait aussi marqué la fin de l'aventure sous ses couleurs de deux de ses joueurs les plus iconiques au 21e siècle : son capitaine, Thiago Silva, et son meilleur buteur d'alors, Edinson Cavani. Pris au piège par l'arrivée du Covid-19 dans le calendrier, le PSG s'était retrouvé avec ses deux tauliers sans contrat pour la phase finale de Ligue des champions, organisée à Lisbonne fin août.
L'histoire retient que Thiago Silva avait accepté de prolonger son contrat pour deux mois, mais aucun accord n'avait été trouvé avec l'Uruguayen. Aucun adieu au Parc, des au revoir sur Instagram, tardifs mais à tête reposée pour Cavani, mais surtout la sensation d'un départ dans l'anonymat et la rancœur, d'un côté comme de l'autre.
Si la rupture avec "O Monstro" et "El Matador" a nourri des regrets, elle n'a rien de comparable avec le départ en catimini de Lionel Messi l'été dernier. Annoncé en grande pompe, le recrutement de la star argentine au PSG avait provoqué une onde de choc dans le monde du football, pour un résultat peu satisfaisant sur le terrain. Surtout, l'Argentin n'est jamais entré dans le cœur des supporters parisiens.
Son départ, annoncé laconiquement dans une série de tweets sans saveur, a été suivi d'un tour d'honneur esquivé pour rentrer directement au vestiaire, sans aller voir un public avec qui l'histoire aura toujours été contrariée.
Cette fois, l'excuse du Covid-19 n'existe pas, et les adieux, tout aussi discrets, de Sergio Ramos ou Neymar, pourtant figure de proue ultime du projet qatarien, n'ont fait que confirmer la tendance, même si Marco Verratti, adulé par les supporters, y a échappé lors de son départ pour le championnat qatarien.
Ibrahimovic, le dernier grand rendez-vous
Certains argumenteront que ceux d'Angel Di Maria, réalisés lors de la dernière journée de la saison 2021-2022, avaient réconcilié le PSG avec les adieux. Mais de ce soir-là, on retiendra surtout la fête pour la prolongation de Kylian Mbappé. D'autant que le meilleur passeur de l'histoire du club (112 offrandes) a bien failli ne jamais vivre d'adieux au Parc des Princes. La grève des supporters avait crispé l'ambiance quelques jours plus tôt et le club s'était décidé à la dernière minute de lui rendre hommage.
Finalement, entre la célébration avec les supporters, la vidéo d'hommage et les haies d'honneur de ses coéquipiers portant un tee-shirt à son effigie, Di Maria n'était pas parti dans l'anonymat. Mais l'euphorie ambiante de ce soir de mai aurait-elle été la même sans l'impact de la prolongation de Mbappé, qui avait apaisé les tensions ?
Avant 2020, Paris savait dire au revoir à ses joueurs phares, Zlatan Ibrahimovic le premier. Une sortie main dans la main avec ses fils, un changement effectué sans remplaçant, sous les yeux d'un Lionel Jaffredo (l'arbitre du match) quelque peu désabusé : Zlatan Ibrahimovic n'a pas manqué sa dernière au Parc, en mai 2016. Prince de Paris, "Ibra", brassard de capitaine autour du bras, avait même eu droit à l'hymne suédois en toile de fond d'un stade émerveillé.
Le PSG n'égalera peut-être plus jamais la grandeur des adieux alloués au Suédois. Avant même qu'il ne marche sur le FC Nantes lors de la rencontre, des masques à son effigie avaient été distribués dans les gradins et un tifo avait été déployé pour le célébrer. Une fin parfaite pour "Zlatan", qui a quitté Paris comme il se décrivait lui-même, en "légende".
Moins médiatiques, moins starifiés, moins iconiques aussi, Javier Pastore et Blaise Matuidi font aussi partie de ceux qui ont eu droit à des adieux marqués au Parc des Princes.
Partis respectivement en 2018 et 2017, les deux joueurs, chouchous du public à leur façon, n'ont pas pu dire au revoir aux supporters parisiens en sachant qu'ils jouaient devant eux pour la dernière fois. Alors le PSG leur a rendu hommage plus tard, pour permettre à deux joueurs, qui témoignent toujours aujourd'hui de leur amour pour le club, de recevoir une dernière ovation de leur ancienne maison.
L'épilogue idéal, David Beckham l'a lui aussi connu. Venue à Paris pour une aventure au défi sportif modéré, l'ancienne gloire du football anglais a dit au revoir au Parc avec la manière. Malgré ses 14 petits matchs avec Paris, le "Spice Boy" a vécu une dernière à la hauteur de sa carrière, en mai 2013. Acclamé à sa sortie, puis porté en triomphe par ses coéquipiers, il a aussi eu droit à une vidéo hommage, à l'image de Thiago Motta ou de Maxwell aussi. Une tradition qui semble s'être effritée avec le temps.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.