La sanction qui frappe le PSG est-elle injuste ?
Le club de la capitale écope d'une amende de 60 millions d'euros pour non-respect du fair-play financier. Résultat : il devra encadrer sa masse salariale et limiter ses transferts.
"On ira jusqu'au bout. Des sanctions significatives vont toucher de gros clubs", avait prévenu Michel Platini, président de l'UEFA et grand défenseur du fair-play financier dans Le Parisien. Le PSG, qui n'a pas respecté la règle de ne pas dépenser plus qu'il ne gagne, écope donc de 60 millions d'euros d'amende, d'un encadrement de sa masse salariale, d'une limitation de son enveloppe sur le marché des transferts à 60 millions d'euros. De plus, le club ne pourra inscrire que 21 joueurs en Ligue des champions, contre 25 pour ses concurrents, d'après L'Equipe. Un coup très dur porté au projet parisien ?
Oui, l'UEFA "a voulu faire un exemple"
Le PSG est accusé par l'UEFA d'avoir contourné le fair-play financier en gonflant artificiellement ses recettes de sponsoring. Notamment avec le contrat signé avec l'agence du ministère du Tourisme du Qatar (QTA), à hauteur de 200 millions d'euros annuels. Verdict de l'institution européenne : le prix est déconnecté du marché. Pour l'UEFA, le contrat avec QTA ne compte pas, donc le budget parisien n'est plus à l'équilibre.
"L'UEFA fait un exemple avec le PSG, estime Lionel Maltese, professeur de marketing sportif à Kedge Business School, à Marseille, contacté par francetv info. C'est une sanction sévère pour dire : 'C'est moi le patron'. L'UEFA veut se la jouer à l'américaine, comme la NBA, et s'emparer du rôle du régulateur." En lorgnant ouvertement le modèle des instances du championnat de basket de la NBA, où le general commissionner peut même invalider un transfert s'il juge que cela fausserait l'équilibre du championnat.
Non, le PSG pense s'en être tiré à bon compte
L'autre club dans le collimateur de l'UEFA, Manchester City, s'est vu proposer grosso modo les mêmes sanctions que le PSG. Mais les Anglais ont refusé, au risque d'écoper de sanctions encore plus lourdes. "Le club parisien les a acceptées, sans doute parce qu'il pensait, au départ, qu'elles seraient encore plus dures", estime Frédéric Bolotny, économiste du sport, contacté par francetv info.
Les dirigeants parisiens avaient laissé fuiter dans la presse qu'ils s'attendaient à une amende. Si la sanction paraît lourde, elle permet quand même au club de préserver son train de vie, de conserver ses meilleurs joueurs et de continuer à postuler au dernier carré de la Ligue des champions. Avec les 60 millions d'euros autorisés sur le marché des transferts, les dirigeants parisiens peuvent toujours s'offrir le Belge Eden Hazard (actuellement à Chelsea), cible prioritaire de leur mercato.
Oui, le fair-play financier est injuste
Prenez les deux clubs qualifiés pour la finale de la Ligue des champions. Pendant des années, le Real Madrid a été massivement subventionné par la mairie de la ville et la famille royale espagnole, des pratiques qui ont cessé juste avant l'entrée en vigueur de la mesure, en 2011. "Et l'Atlético Madrid traîne une dette de 400 millions d'euros, soit quatre fois les revenus annuels du club, remarque l'économiste Bastien Drut, coauteur du livre 20 questions improbables sur le foot, contacté par francetv info. Soyons clairs : le club ne remboursera jamais, et il n'y a aucune sanction de la part de l'UEFA, car le fair-play financier s'intéresse au déficit et pas à la dette. C'est ce qui me gêne dans ces sanctions : on sanctionne deux clubs, le PSG et Manchester City, qui n'ont pas de difficultés économiques. L'Atlético Madrid, toujours lui, a aussi 125 millions d'euros d'arriérés d'impôts."
Oui, "le club des fayots" veille au grain
"On fait peur à certaines équipes européennes qui veulent éviter que la hiérarchie bascule", a confié un dirigeant du PSG au Monde (article payant). Effectivement, le fair-play financier pénalise les nouveaux arrivants dans le gotha du foot européen, pas les équipes installées depuis plusieurs décennies. "Je trouve qu'il devrait y avoir une dérogation pour les nouveaux entrants comme le PSG, avec la possibilité de creuser un déficit plus grand au début", regrette Frédéric Bolotny.
Au premier rang des bons élèves – certains diront "les fayots" – le Bayern Munich et Arsenal. Ces clubs militent pour qu'on s'aligne sur leur modèle économique, et que les contrevenants soient durement sanctionnés. D'après le Guardian, Arsenal a même envisagé de faire appel si le PSG et Manchester City n'étaient pas sanctionnés.
La sanction, qui sera officielle vendredi 9 mai, n'a pas fait trembler qu'à Paris. Un autre club qui évolue dans le championnat français vit actuellement au-dessus de ses moyens, avec un oligarque richissime pour boucher les trous. "Si les sanctions sont aussi radicales, Monaco pourrait être interdit de la Ligue des champions à la fin de la saison prochaine", estime Lionel Maltese.
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