Newcastle-PSG : empêtré dans ses certitudes, Luis Enrique a dilapidé une partie de son crédit
"Je pense sincèrement que le résultat est un peu injuste et excessif". Après le naufrage de son PSG à Newcastle (1-4), mercredi 4 octobre, en Ligue des champions, Luis Enrique a refusé de s'abandonner à tout catastrophisme au micro de Canal+. Pourtant, son équipe a été bousculée pendant plus de 90 minutes face à un adversaire qui n'avait plus accueilli de match de C1 depuis près de vingt ans et qui a perdu trois de ses sept premières rencontres de la saison dans son championnat.
Le technicien espagnol avait innové pour l'occasion, dépeuplant son milieu de terrain pour aligner un quatuor inédit sur le front de l'attaque (Mbappé-Kolo Muani-Ramos-Dembélé). Le festival offensif n'a pas eu lieu. Pire, son équipe a paru complètement déconnectée. "Je pensais que c'était la meilleure option et je continuerai de le penser", a rétorqué l'intéressé avant de fuir les caméras. Même son de cloche et même agacement en passant chez RMC Sport : "Je suis l'entraîneur, je dois décider. C'est un mauvais résultat pour nous mais, (...) une défaite importante ? Je ne sais pas".
Têtu, un air de déjà vu
Face aux médias, ses joueurs n'ont pas dévié de sa ligne. "Ce n'est pas un match raté", a assumé le jeune Warren Zaïre-Emery. Lucas Hernandez a refusé de critiquer les choix de son entraîneur, en particulier son inertie pendant la rencontre : "Comment ça, il n'y a pas eu de changements ? Bradley Barcola est rentré. Vitinha aussi. Ce sont les choix du coach. On voulait essayer de mettre en difficulté la défense adverse. Des fois ça marche, des fois ça ne marche pas. Aujourd'hui, c'est un jour où ça n'a pas marché". Au St James's Park, aucune brèche n'a été constatée dans l'union collective du PSG, mais la claque reçue à Newcastle ne saurait être résumée à un accident de parcours.
Même s'il a réussi à impulser une nouvelle ère dans la capitale, bien aidé par le ménage estival et le départ de cadres indésirables dont Neymar et Marco Verratti, Luis Enrique ne compte que quatre victoires pour ses neuf premiers matchs à la tête du Paris Saint-Germain. Aucun coach n'a connu pire départ depuis l'arrivée de QSI à la tête du club en 2011. En plus des défaites contre Nice (2-3) et Newcastle (1-4), ses joueurs n'ont pas réussi à battre Lorient (0-0), Toulouse (1-1) et Clermont (0-0).
Ses principes de jeu sont clairs, dans la mesure où ils sont les mêmes que ceux de l'Espagne quand il en était le sélectionneur entre 2018 et 2022 : confisquer le ballon, presser très haut l'adversaire et récupérer la possession le plus rapidement possible. Ils lui avaient coûté sa place en décembre dernier, après la défaite en huitièmes de finale du Mondial face au Maroc (0-0, 3-0 t.a.b). Stérile, sa "Roja" avait très largement déçu. "Je ne regrette aucun de mes choix, je referai les mêmes", avait osé Enrique en conférence de presse ce soir-là.
Trois semaines pour s'adapter
Une attitude et des termes qui ressemblent beaucoup à ceux de mercredi soir. Après avoir marqué des points en donnant une identité de jeu à un club qui échouait à en avoir une depuis de longues saisons, la facette d'entraîneur têtu a resurgi à St James' Park. Même s'il n'a pas réussi à appliquer ses principes et que son équipe a peiné à exister, il a décidé de ne pas retoucher son système de jeu. Il a fallu attendre que Newcastle marque trois buts pour qu'il procède à son premier changement (Barcola pour Kolo Muani à la 57e). Derrière, il n'a fait appel qu'à un seul autre remplaçant (Vitinha pour Ugarte, encore poste pour poste, à la 64e).
Les observateurs seront beaucoup moins indulgents s'il conduit son équipe à une nouvelle défaite d'ici la fin du mois d'octobre. Paris a quatre jours pour rebondir, avec un déplacement à Rennes qui ne lui réussit plus depuis 2018 (4 matchs sans victoire). Le club de la capitale enchaînera avec une trêve, puis se projettera sur la réception de l'AC Milan le 25 octobre, cruciale pour son avenir en Ligue des champions. D'ici-là, Luis Enrique devra convaincre qu'il est capable de s'adapter voire mieux, se remettre en question.
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