Agressions, paparazzis, fans hystériques… La rançon de la gloire de Neymar
Pendant six semaines, on a parlé chiffres au sujet de l'attaquant du PSG. Et si on s'intéressait à la pression monumentale qu'il subit ?
Il est arrivé au PSG le 3 août et, depuis, on ne parle plus que de chiffres. La facture de son transfert (222 millions d'euros), son salaire (100 000 euros par jour), son rendement exceptionnel (5 buts et 5 passes décisives en à peine six matchs). Les politiques ont déjà glosé sur sa feuille d'impôts, une restauratrice de Vincennes a concocté un burger à son nom à base de pain vert...
Point de départ de toute cette hystérie : Neymar Jr, un Brésilien de 25 ans qui sent derrière lui la pression de 200 millions de compatriotes. Avant le choc au sommet de la Ligue des champions PSG-Bayern Munich, mercredi 27 septembre, retour sur la folie Neymar. Au sens littéral.
Neymarzetes et Maria-Chuteiras
Au Brésil, Neymar est un phénomène de précocité : premier contrat pro à 13 ans, titulaire en club à 17, appelé en sélection à 18, âge auquel les grands clubs européens lui font une cour assidue. Il n'y a pas que le Real Madrid ou Chelsea qui cherchent à taper dans l'œil du phénomène.
Des milliers de jeunes filles, venues des grandes villes ou de la campagne, s'organisent sur les réseaux sociaux – notamment WhatsApp – pour former un fan-club informel du joueur, les Neymarzetes, encouragé à demi-mot par Neymar lui-même. Ado, Caroline était devenue l'une des leurs depuis l'Hexagone, au point d'écrire sur son blog : "Je ne peux pas continuer ma vie sans lui. Dans les moments difficiles, c’est incroyable comment Neymar me donne de la force juste en pensant à lui." Depuis, elle respecte toujours le joueur, mais l'âge aidant, elle a "bien d'autres préoccupations dans la vie que Neymar", assure-t-elle à franceinfo.
Toutes n'ont pas changé d'idée fixe, surtout au Brésil. Le joueur est attendu dans un hôtel ? Elles sont plusieurs dizaines à faire le pied de grue à la porte, dès le petit matin. "Si j'avais Neymar en face de moi, je lui demanderais de m'épouser et de me faire des enfants." Voilà comment Andrea, 14 ans et un appareil dentaire qui trahit son appartenance à l'âge ingrat, imagine sa vie. Les filles qui rêvent de sortir avec des footballeurs ont un méchant surnom au Brésil, les Maria-Chuteiras (les chuteiras étant les crampons). Et avec Neymar, le phénomène est multiplié par dix, cent, mille.
VÍDEO: "Neymarzetes" enlouquecem com o ídolo em Porto Alegre https://t.co/XSkusiFYgD pic.twitter.com/TdSdJ0A6RR
— Esportes GaúchaZH (@EsportesGZH) 28 août 2017
En 2013, quand le numéro du joueur fuite sur les réseaux sociaux, il n'arrive plus à dormir, tant son téléphone vibre des messages envoyés à toute heure du jour et de la nuit par ses admiratrices. Il lance même un appel au calme sur Instagram. Un temps, il en est réduit à changer de numéro de téléphone toutes les deux semaines.
Quand le joueur vit une idylle avec l'actrice-mannequin Bruna Maquezine, certaines Neymarzetes font bonne figure, comme Rayellen Andrade, 17 ans et un copain (tolérant, manifestement) : "Je la respecte car elle rend mon idole heureuse. Je ne l'apprécie pas plus que ça, mais je la respecte." Thaiane, 14 ans, qui gère un groupe de 100 personnes consacré à Neymar sur WhatsApp, est moins charitable : "Je suis très jalouse. Je pense qu'elle est trop gamine pour sortir avec lui", assène-t-elle, citée par MaisFutbol. A cause de ces fans envahissantes, le joueur s'est un jour retrouvé enfermé dans les toilettes d'un aéroport, avec deux gros bras devant la porte, pour se soustraire à l'hystérie ambiante. "Je suis intelligent, je peux les gérer", fanfaronnait "Ney" dans une interview à Playboy. Pas si sûr...
"Un jour, une fan va l'étrangler"
Au Brésil, la vie est devenue franchement impossible pour lui. En témoigne cette anecdote remontant à janvier 2012 qu'il raconte dans son livre : "Un jour, j'ai voulu jouer au foot-volley sur la plage. Au bout d'un moment, les lignes de touche étaient remplacées par des spectateurs qui nous regardaient. C'était noir de monde... Il a fallu ruser pour parvenir à quitter la plage." La Coupe du monde 2014 à domicile tourne au fiasco pour l'équipe brésilienne, qui craque sous la pression. Star incontestée de l'équipe, Neymar a droit à un traitement de faveur : il peut rester à l'hôtel avec sa petite amie quand ses copains doivent faire ceinture au Clairefontaine brésilien, raconte le magazine The Blizzard. Mauvaise idée : à chaque retour d'entraînement, il doit fendre une horde de paparazzis et de fans plus ou moins bien intentionnés.
A cause de lui, accueillir la Seleçao n'est pas vraiment un cadeau pour les hôtels. A Brasilia, en 2013, une dizaine de Neymarzetes parviennent à se jouer des vigiles à l'entrée et manquent de toucher au but, rattraper le champion dans l'ascenseur, relève O Jogo. "Des fans hystériques, on en a déjà vu, mais des comme ça... Un jour, il y a une qui va l'étrangler", s'inquiète un officier de sécurité attaché à la sélection brésilienne dans le livre Neymar : El nuevo O'Rei. Un fan entreprenant a déjà réussi à lui ôter le diamant qu'il porte à l'oreille lors d'un shooting publicitaire, rappelle le site Goal. Cet Arsène Lupin brésilien a gardé son précieux trophée dix secondes, le temps de se faire alpaguer par les gros bras de la sécurité. N'empêche. Même une armée de pandores ne peut empêcher un fan déterminé. Comme cette fois où un supporter péruvien a réussi à dérober la casquette de la star.
Trente personnes dans sa forteresse
Depuis le Mondial 2014, la Seleçao enchaîne les contre-performances et chaque sortie de Neymar lui est reprochée par la presse brésilienne. "J'aime sortir et m'amuser avec mes amis, a dû se défendre "Ney" lors d'une conférence de presse très tendue. J'ai une famille aussi. Pourquoi ça m'empêcherait d'aller en boîte ? Je suis parfaitement conscient de mes obligations le lendemain. Je ne vois rien de mal à ça."
C'est le revers de la médaille d'une mise en scène quotidienne de sa vie sur les réseaux sociaux, censée éviter au maximum les photos volées. Le joueur a déjà défrayé la chronique pour avoir refait le portrait à un photographe alors qu'il se trouvait en galante compagnie. "Neymar est bien plus séducteur que moi, a balancé son coéquipier au PSG Lucas dans l'édition brésilienne de Playboy. Il a toujours une foule de femmes à ses pieds." Le n°10 du PSG, lui, se qualifie de garçon posé "qui a besoin de tomber amoureux".
Sur le Vieux Continent, à Barcelone puis à Paris, Neymar représente toujours une cible. Le joueur verrouille au maximum son entourage, au point de loger une trentaine de personnes dans la grande maison qu'il loue à Bougival, dans les Yvelines. Ses amis, sa famille, la mère de son enfant, dont il est séparé depuis six ans, et quelques gardes du corps qui montent la garde 24 heures sur 24. Peu après sa signature à Paris, Neymar s'est offert une escapade à Saint-Tropez. Déplacement en jet privé, arrivée sur son yacht, et 25 gardes dépêchés par le PSG pour assurer sa sécurité. Il a désormais engagé à plein temps un ancien champion de MMA pour veiller sur lui. Le prix de la célébrité, sans doute.
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