PSG : comment la fête a tourné court
Alors que la foule attendait ses joueurs place du Trocadéro à Paris, des casseurs ont semé la panique et empêché le bon déroulement des festivités. Reportage.
Des supporters du PSG recroquevillés dans leurs écharpes bleues et rouges, se mouchant dans des drapeaux déchirés, en pleurs, non pas de joie mais de gaz lacrymogènes. Sur les avenues adjacentes à la place du Trocadéro à Paris, où le club avait invité ses troupes à célébrer son titre de champion de France, la fête a tourné court, lundi 13 mai. Des affrontements ont fait 32 blessés dont trois membres des forces de l'ordre et 39 personnes ont été interpellées pour jets de projectiles et dégradations. Reportage.
"Liberté pour les ultras"
C'est dans un public mixte et plutôt jeune, parsemé de jeunes enfants perchés sur les épaules de leurs parents et d'adolescents s'époumonant "Marseille, Marseille on t'en****", que les ultras du virage Auteuil font une apparition remarquée, une demi-heure avant le début officiel de la cérémonie. Hurlant "liberté pour les ultras", ils sont quelques dizaines à faire le tour de la place à grand renfort de pétards et de fumigènes, et à se positionner juste devant la scène où étaient attendus les joueurs.
Dans la foulée, une poignée de petits malins, en quête d'un meilleur point de vue, repèrent un échafaudage installé le long du palais de Chaillot et provoquent le retard des festivités. "Ça va tomber, descendez s'il vous plaît", intervient à plusieurs reprises l'animateur du Paris Saint-Germain, qui prévient que "les joueurs [qui viennent d'arriver en bus] ne viendront pas dans ces conditions", puis supplie : "Ne sautez pas, ça va s'effondrer."
Peine perdue, des bouteilles en verre et des pétards atteignent le podium où sont censés triompher les rois du ballon rond. La foule trépigne et les footballeurs font une brève apparition dans le brouillard des fumigènes blancs, bleus et rouges. Des pétards éclatent à quelques centimètres des gens. Un jeune homme a le pantalon déchiré, un autre a perdu ses lacets dans la bousculade, et les stewards du club, débordés, peinent à contenir l'assistance.
"Il faut savoir partir au bon moment"
Alors que l'atmosphère continue à se tendre, nombre de supporters quittent les lieux rapidement, dépités. Famille de six venue du Val-d'Oise à la demande de Sean, 6 ans, "encore plus supporter que (son) papa" et terrorisé derrière ses boudins gonflables rouges floqués Fly Emirates, comme duo de copains trentenaires, le maillot enfilé sous le costume à la va-vite en sortant du boulot : tous sentent "une ambiance bizarre". Un timide "On est les champions" est entonné du bout des lèvres.
"Même la fête ils ne savent pas la savourer", déplore Kelly, étudiante en ressources humaines de 20 ans. Elle se faisait pourtant une joie de fêter "la première victoire du club" dont elle et ses copains, à peine nés en 1994, peuvent se souvenir. "On n'aura même pas vu les joueurs", renchérit Loris, son petit ami, qui roule des épaules en pointant du doigt "ceux qui veulent se la jouer bonhomme bêtement". "Il faut savoir partir au bon moment", abonde un grand costaud emballé dans la panoplie complète du club, "ça va mal tourner". Quelques minutes avant, Nicolas, 46 ans, qui confiait être venu avec sa femme brésilienne pour lui montrer que "Paris (avait) enfin une grande équipe", s'est échappé par l'avenue Mandel, avant que les forces de l'ordre ne la ferment par un cordon de boucliers bien serrés.
Dispersés aux gaz lacrymogènes par une police trop peu nombreuse, quelques supporters échaudés et des dizaines de casseurs qui n'attendaient que ça descendent alors vers la tour Eiffel. Ils y arrêtent la circulation et entament un dangereux rodéo urbain, entre piétons apeurés et touristes ébahis. Une supérette est pillée. Une voiture carbonisée. Certains espéraient encore regagner les ponts au-dessous desquels devait passer la parade fluviale de l'équipe. Elle a été annulée pour raison de sécurité.
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